Pour ce roman je ne mets que le premier chapitre, juste pour garder le suspense. J'imagine que vous comprendrez un peu où je veux en venir. Ce texte là, comme précisé dans la page de présentation de Melinda Warren parle de personnes transsexuel. Me demandez pas pourquoi j'ai choisi ce sujet je le sais toujours pas. Peut-être parce que c'est un sujet auquel je pense souvent, et que les idées sont venus sans que je les cherchent. Bref, en dessous le résumé de l'histoire et après le début du roman. Pensez également à aller voir en bas des pages, je laisse des liens vers des livres ou des films qui traitent du même sujet. Ici juste un film, parce qu'après de nombreuses recherches c'est tout ce que j'ai trouvé.
Résumé : Dylan, persuadé qu'elle est un garçon au même titre
que ses trois frères, ne voit que le garçon en elle, elle est un
garçon dans le miroir. La réalité la rattrape, sa famille l'oblige
à être ce qu'elle est censé être. Personne ne comprends, personne
ne cherche à comprendre, sa façon de se voir. C'est une évidence
aux yeux de toutes personnes extérieur à sa famille, qu'il est un
homme et non une femme. Évolution, décision, transformation, nous
suivons pas à pas le parcours, le combat pour une survie, pour enfin
révéler sa vérité, celle que ses parents s’efforce de ne pas
voir.
Prologue.
J'ai
toujours été fasciné par le monde masculin. J'aime tout ce que
font les garçons et surtout me glisser dans leurs vêtements. Porter
un jean beaucoup trop bas, laisser dépasser l'élastique du caleçon,
appeler tous ses potes par leur nom de famille, draguer ouvertement
sans se poser de question sur la façon dont ce sera perçus, aller
droit au but quand on rencontre quelqu'un sans se préoccuper du fait
qu'on risque de passer pour une aguicheuse ou une fille facile,
traîner dehors jusqu'au petit matin sans se soucier des psychopathes
qui peuvent rôder, faire des concours complètement stupides, du
genre : celui qui urinera ou qui crachera le plus loin possible.
Ce soir, je suis dans une boite gay où j'ai l'habitude de venir,
seul, bien entendu. Je me fais draguer aussi bien par des hommes qui
pensent que je suis comme eux que par des femmes qui ne savent pas
vraiment ce que je suis. Mais, je ne veux pas être leur coup d'un
soir, ni être leur copain. Non. Ce que je veux c'est devenir leur
amant, l'homme de leur vie. Je veux être un garçon à part entière.
C'est mon désir le plus cher depuis le jour où je suis venu au
monde. J'ai toujours trouvé que l'amour entre deux hommes était
beaucoup plus beau que l'amour entre un homme et une femme. Qui est
tellement attendu, tellement conventionnelle, tellement comme il le
faudrait. Et je n'ai jamais été comme il le faudrait, à aucun
moment de ma vie.
Chapitre
1. Cette fille, c'est moi ?
Mon premier
contact avec un miroir fut un choc terrible. Je me voyais pour la
première fois et je ne me suis pas reconnu. Une fille me faisait
face, je ne comprenais pas. Jusque là je pensais, non, j'étais
persuadé que nous étions quatre frères. Jordan, Adam, Henri et
moi, Dylan. La vérité était tout autre et me blessait
profondément. Tous ces cadeaux étranges, inutile à mes yeux de
garçon prenait un sens. Je n'étais pas comme mes frères, en tout
cas pas du point de vue des autres. Mais j'étais un garçon au même
titre qu'eux, je faisais les mêmes activités qu'eux, on passait
tout notre temps tous les quatre ensemble et pour moi il n'y avait
aucune différence entre eux et moi. Sauf que j'étais une fille et
que bientôt on n'allait me forcer à agir comme telle. Mon enfer
allait commencer et empirer chaque année, sauf qu'à cet instant je
l'ignorais. Le plus souvent possible, pour n'importe quelle occasion,
mes parents me forçait à porter des robes, ma mère passait des
heures à me coiffer, à me rendre féminine, même si ce terme ne
s'applique pas trop à une petite fille, ils m'obligeaient à faire
des activités de fille. Et je ne m'y faisais pas. À chaque fois que
je le pouvais je faisais tout mon possible pour redevenir un petit
garçon et ressembler à mes frères. Dès que mes cheveux étaient
trop longs à mon goût j'y mettais un coup de ciseau en travers afin
qu'on soit obligé de me les couper très court. Malheureusement,
quand je le faisais j'avais ensuite droit à une très longue leçon
sur le fait que je ne devais pas me couper les cheveux tout seul, et
qu'une fille est beaucoup plus jolie avec les cheveux long. J'avais
beau leur dire que ça ne me plaisais pas, que je voulais être comme
mes frères, ils ne voulaient rien entendre. En plus, c'était le
même calvaire pour les vêtements, à chaque fois que ma mère
m’emmenait dans les magasins, j'allais d'abord voir les affaires
des garçons, avant qu'elle ne m'oblige à regarder ceux des filles.
Comme j'étais très jeune elle ne disait pas grand chose, juste que
j'étais une fille, qu'il fallait que je porte des robes comme toutes
les autres petits filles de mon âge, elle prenait parfois en exemple
mes cousines, des filles tellement irréprochables, tellement
parfaite, de vrais modèles. Elle ajoutait, quand j'essayais quelques
choses, que j'étais vraiment magnifique avec une robe, beaucoup plus
qu'avec un pantalon. Sauf que moi, dans le miroir je ne savais plus
qui j'étais, j'avais seulement l'impression d'être déguisé. Je
n'aimais pas ça du tout, cette personne là n'était pas moi, je la
détestais cette personne qui me regardait. Malgré tout, voyant que
mon refus d'être ce que je devais être rendait ma mère très
triste, je faisais souvent, très souvent, semblant d'être content
des habits qu'elle me choisissait. Pourtant, c'est douloureux de
jouer la comédie, surtout quand on n’a aucun talent d'acteur.
J'avais beau être vraiment jeune, je comprenais, je savais que
j'étais différent, il y avait quelque chose en moi qui me faisait
mal quand je m'efforçais de faire plaisir à mes parents, quand je
m'efforçais d'être ce que je n'étais pas, de mon point de vue. Une
fille. Je ne savais pas, je ne pouvais pas mettre des mots sur cela,
pas à l'époque, donc je n'avais aucun moyen de leur expliquer ce
qui se passait en moi, ce que je ressentais, et à quel point ça me
rendait triste qu'il m'oblige à me déguiser constamment. Cette
souffrance ne fera que s’accroître au fils des années.
J'avais 6
ans, je venais de rentrer en CP quand mes parents m'ont inscrit à
des cours de danse. Il fallait que je fasse une activité sportive
et, forcément, comme j'étais une fille je ne pouvais faire qu'un
sport de fille. Je me souviens du tout premier cours, où j'ai dus
essayer tout ces trucs rose : collant, tutu, jupette et
chaussons. Ma mère a fondu en larmes en disant que je ressemblais à
une poupée, que j'étais magnifique. Et moi je me regardais dans
l'immense glace ou plutôt j'observais cette petite fille qui me
faisait face en me demandant qui elle était. J'arrivais pas à
croire que c'était moi. Je ne me connaissais pas si mal, seulement
dans ma tête j'étais un garçon, j'étais comme mes frères, je
n'étais pas différent d'eux. J'aurais voulu que ce soit vrai, à
cet instant plus fort que jamais. J'ai tourné la tête et je les ais
vus, tous les trois au cours de karaté qui se déroulait à l'autre
bout du gymnase. J'ai arraché mon immonde tutu en dentelle en criant
que je ne voulais pas faire de danse, que les garçons ne faisaient
pas de danse, que je voulais faire du karaté comme mes frères. Et
j'ai couru jusqu'à eux, je voulais faire le cours avec eux. Sauf que
quand je suis arrivé, Jordan m'a dit de partir, Henri a ajouté que
je ne pouvais pas rester là, et quand je leur ai dit que je voulais
faire du karaté comme eux ils se sont moqués de moi. Adam m'a dit
que j'étais une fille, que je ne pouvais pas faire un sport de
garçon, qu'il fallait que je m'en aille. Du haut de mes 6 ans, ça
sonnait comme une trahison. Jamais ils ne m'avaient encore traité
différemment. Ce fut la pire humiliation de ma vie, un véritable
coup de poignard et je me suis effondré sur le tatami. Le prof a été
obligé d'arrêter son cours, mes parents ont débarqués en
s'excusant de mon comportement, puis ils m'ont emmené à l'écart.
Mon père s'est un peu énervé, il commençait déjà a en avoir
marre de mes « caprices », il a dit que je ne pouvais pas
toujours être avec mes frères qu'il fallait que je fasse d'autres
activités, quelque chose qui me correspondrait mieux, qui collerait
plus à ce que j'étais ; une fille. Il a essayé de me
convaincre en précisant que des filles de ma classe participaient
également à ce cours. Sauf que ses arguments n'ont fait que
m’attrister davantage, alors ma mère a prit le relais en essayant
de me calmer, elle m'a promit que je pourrais faire du karaté, ce à
quoi mon père a voulu répliquer, elle l'a fait taire en levant la
main et a poursuivit pour m'expliquer que la promesse comportait une
condition, que cette dernière était que je devais essayer la danse,
aller à quelques cours et que si vraiment ça ne me plaisait pas ils
m'inscriraient au karaté avec Jordan, Adam et Henri. J'ai séché
mes larmes en hochant la tête et en me promettant intérieurement de
tout faire pour ne pas assister à un trop grand nombre de cours. La
toute première fois où j'ai dansé fut une véritable catastrophe,
je me suis rendu compte que je n'avais absolument pas le sens du
rythme. Et franchement, danser quand on n'a pas le sens du rythme
c'est juste un calvaire. Je n’arrêtais pas de marcher sur les
pieds des autres, de leur foncer dedans, ce qui les faisaient crier
et pleurer, ce qui avait le don de me taper sur les nerfs. Même à 6
ans je ne supportais pas les réactions trop aiguës du sexe féminin.
Je n'avais pas ma place ici, je me sentais ridicule, j'avais
l'impression d'être un éléphant sur une fourmilière. Je ne
comprenais pas pourquoi mes parents m'infligeaient pareille
humiliation. Je n'avais qu'une envie : m'enfuir et me mettre à
pleurer. Sauf que j'ai dus subir ça pendant un mois, jusqu'à ce que
ma maladresse exaspère la prof et qu'elle en vienne à supplier
implicitement mes parents pour qu'ils me retirent de ses cours. J'ai
donc été inscrit au cours de Karaté avec mes frères. Enfin
j'étais heureux, j'étais à ma place, je me sentais bien, cette
horrible sensation qui m'écrasait le cœur s'était envolé. Une
fois par semaine je pouvais être vraiment moi sans que personne ne
trouve rien à y redire. À chaque fois que j'enfilais mon kimono
c'était comme si je me retrouvais au Paradis, pendant deux heures
j'oubliais tout ce qui me torturais, je me concentrais juste sur
cette sensation de bien être qui m'envahissait. Mais, comme mes
parents ne supportaient pas très bien le fait que je m'épanouisse
dans un sport masculin, j'ai été contraint, après une longue
discussion, d'abandonner au bout de quelques années, la seule chose
qui me rendait heureux. Sauf qu'à leurs yeux mes arguments n'avaient
aucun impact, j'ai eu beau essayer de leur expliquer, de toutes les
façons dont j'ai pus, l'importance que ce sport avait pour moi, tout
ce qu'il m'apportait, c'était eux qui payaient donc je n'avais pas
mon mot à dire. Encore une fois je me trouvais éloigné de ce monde
qui m'attirait inlassablement, de ce monde dont je rêvais à chaque
instant et dans lequel je me plongeais dès que j'en avais
l'occasion. Après ça, je me suis encore plus renfermé dans ma
tristesse, dans ma douleur dont je ne pouvais parler à personne
puisque personne ne semblait pouvoir comprendre. J'étais un garçon
prisonnier dans le corps d'une fille et personne ne voulait entendre
que je ne pouvais pas faire avec, que je ne voulais pas être ce que
mon enveloppe renvoyait aux autres. C'était beaucoup trop
douloureux.
Il y a un
autre moment de mon enfance qui restera à jamais gravé dans ma
mémoire. J'avais 8 ans, on s'apprêtait à fêter l'anniversaire de
mon père et comme c'était une dizaine particulière : 40 ans,
maman avait réunis beaucoup de personnes. Ses plus proches amis
devaient venir, ainsi qu'un grand nombre des membres de notre
famille. Maman était très stressée et très occupée par la
préparation de la fête. Elle n'avait pas beaucoup de temps à
m'accorder et j'avais imaginé que cela allait jouer en ma faveur,
qu'elle s'apercevrait que trop tard que je ne portais pas les
vêtements qu'elle m'avait choisit et préparé pour l'occasion. Sauf
qu'elle avait sommé Jordan de veiller sur moi et surtout de veiller
à ce que j'ai pris mon bain et que je sois prêt à temps. Pendant
que mon frère avait le dos tourné j'en ai profité pour me réfugier
dans ma chambre, laissant l'immonde robe dans la salle de bain. J'ai
enfilé des habits que j'avais empruntés à Henri et ai attendu
qu'on vienne me chercher. L'ennui dans mon plan parfait pour un
cerveau de 8 ans c'est que je n'avais pas pensé que Jordan irait
cafter à notre mère. Je crois que je ne l'avais jamais vu autant en
pétard, elle a criée :
- Où est ta robe, Dylan ! Tout le monde sera là d'une minute à l'autre.
- Je ne mettrais pas ce truc ! lui ai-je répondu.
- Ne recommence pas avec ça, tu m'épuise ! Tu vas aller chercher cette robe et l'enfiler immédiatement, c'est clair !
- Non !
- Pardon ! Je ne te demande pas ton avis. C'est l'anniversaire de papa, il veut te voir dans cette robe donc tu vas la mettre que ça te plaise ou non !
- Maman, je l'ai trouvé, sa robe.
Adam. Je le
détestais, je ne comprenais pas pourquoi il faisait ça, on était
frère et il me trahissait comme si ça n'avait aucune importance
pour lui. Ma mère m'a fusillé du regard en attrapant le bout de
tissu, il n'y avait plus à négocier, au moindre mot de travers
c'était la punition assuré. Donc, une fois de plus, contraint et
forcé j'ai enfilé le déguisement que ma mère me tendait. Je me
retrouvais condamné à souffrir pour le plus grand plaisir de mes
parents. Ils ne comprenaient décidément rien du tout et je leur en
voulais. Maman m'a prit la main pour être sûre que je descende avec
elle et que je ne me change pas. Quand mon père nous a vus arriver
il s'est exclamé :
- Ah, mes petites femmes, vous êtes là ! Et ma petite princesse, elle n'est pas magnifique ? a-t-il ajouté en me prenant la main pour me rapprocher des invités.
J'ai alors
crié :
- Je ne suis pas une princesse ! J'suis un garçon !
Un lourd
silence est tombé, mettant mes parents très mal à l'aise. Je
n'aimais pas les voir embarrassé à cause de moi, sauf que j'avais
terriblement mal au fond de moi, je détestais cette situation et
n'ayant que 8 ans je n'avais pas toujours la bonne solution à mes
problèmes. Une personne, un ami de papa je crois, est intervenu :
- Et bien, ça commence de plus en plus tôt la rébellion !
L'assemblée
à rit, papa a glissé :
- C'est un vrai garçon manqué ma petite Dylan, mais croyez-moi ce sera une belle femme plus tard, comme sa maman.
Ma mère l'a
embrassé, je suis parti me réfugier sous la table et me suis mis à
pleurer. Mon père se faisait des illusions, seulement je n'arrivais
pas à leur faire comprendre, je n'avais pas les mots. En plus, je ne
savais pas réellement ce que je vivais, ni comment le décrire, tout
ce que je savais c'est que j'étais un garçon et que j'étais le
seul à m'en rendre compte. À chaque fois que je tentais de leur
dire ils me criaient dessus, donc je ne voyais pas du tout comment
m'en sortir. Henri m'a rejoint pour essayer de me consoler, il avait
apporté des petites voitures avec lesquelles nous avons joués
jusqu'à ce que les parents viennent encore gâcher ce petit moment
de paix en nous disant qu'on ne devait pas jouer sous la table. Je
haïssais de plus en plus les réunions de famille et ces
déguisements ridicules qu'on m'imposait et qui me torturait sans que
personne ne s'en aperçoive. J'avais l'impression d'être un
imposteur, à toujours faire semblant, à toujours devoir être
quelqu'un d'autre. Je voulais seulement être moi, un garçon, et ça
m'étais encore interdit.
Heureusement,
une fois par an, à l'occasion de mon anniversaire j'avais le droit
de faire tout ce que je voulais, donc de m'habiller comme je le
voulais sans que personne me fasse la morale sur ce qui était
correcte ou non pour une fille. Le jour de mon onzième anniversaire,
toute la famille était réunie à la maison pour cet événement. Le
matin, j'avais été dans la chambre de Henri, de deux ans mon aîné,
pour lui emprunter des vêtements. Comme on faisait la même taille
et presque le même poids il me suffisait de mettre une ceinture et
je devenais son clone. Ce qui n'était pas forcément au goût de
tous les membres de la famille, dont certains qui ne pouvaient
s'empêcher de faire des commentaires à mes parents sur mon
apparence et mon comportement qui était trop loin de celui d'une
fille. À chaque fois que nous étions avec nos cousins nous nous
prenions pour des chevaliers en plein tournoi de joutes. Nous jouions
avec des bâtons qui nous servaient de lances, d'épées, tout en
courant à travers les arbres du jardin. Et là encore j'étais
vraiment heureux parce que pour faire le compte, être le même
nombre dans chaque équipe mes frères avait besoin de moi et ne
faisait alors plus aucune différence. Pendant quelques heures ils se
fichaient de savoir que j'étais une fille ou un garçon. Seulement,
après avoir passé de longues heures à m'imaginer dans une armée
de chevaliers au temps des rois et du moyen âge arrivait trop vite
le moment d'ouvrir les cadeaux. Au contraire de tous les autres
enfants qui adorent cet instant là, moi je le craignais, j'avais de
plus en plus de mal à faire semblant d'être super content du
contenu des paquets. Et cette année encore ne faisait pas exception
à la règle. La première déception est tombée avec l'ouverture du
cadeau de mes parents, je me suis retrouvé nez à nez avec une
horrible poupée, encore une. J'en avais déjà eu une pour Noël
avec une robe de princesse. J'avais vraiment horreur de ça. Je l'ai
pourtant sorti du carton en m'exclamant :
- Whao, une poupée ! Ma collection est de plus en plus grande. Merci !
Je me suis
toujours demandé si quelqu'un se rendait compte à quel point ça
sonnait faux. Ma mère avait un large sourire sur les lèvres, tout
comme mon père, alors, cachant une fois de plus ce qui se passait au
fond de moi j'ai ouvert les autres paquets, découvrant de nouveaux
vêtements de fille offerts par ma tante, du maquillage pour petite
fille, des bijoux en plastique. La souffrance se faisait de plus en
plus forte à mesure que j'ouvrais ces cartons, une profonde envie de
pleurer m’envahissait sans que je puisse laisser couler mes larmes.
Puis mon grand-père m'a poussé vers son cadeau en me disant :
- Ouvre celui-là, il devrait te plaire.
Je lui ai
sourit. Mon grand-père à toujours été de mon coté, jusqu'à son
décès en tout cas. J'ai arraché le papier à une vitesse folle et
en voyant ce qu'il cachait je n'ai pus m'empêcher de crier :
- Un train électrique, super ! Grand-père, t'es trop fort, ai-je dis en me jetant dans ses bras.
- Joyeux anniversaire, Dylan.
Je me suis
éloigné avec le train, mes frères et mes cousins pour le monter et
le faire rouler tandis que mon père se plaignait au sien :
- Papa, tu ne pouvais pas lui prendre quelque chose de plus adapté à une fille. Un train électrique, franchement. Et pourquoi pas une tenue de militaire ou un pistolet à air.
- Arrête un peu, lui a-t-il répondu. Tu vois bien que ta poupée elle s'en fiche pas mal, tout comme du reste. Au moins ça, ça lui plaît, elle jouera vraiment avec.
- Mais Dylan est une fille, papa. Ce n'est pas ton petit fils, mais ta petite fille. Et ce n'est sûrement pas en lui offrant ce genre de cadeau qu'on va l'aider.
- Ne dramatise pas, voyons. Ta sœur aussi était un vrai garçon manqué quand elle était petite, jusqu'à ce qu'il lui pousse des seins et qu'elle prenne conscience qu'elle était différente de toi et de Julien. Regarde là aujourd'hui, une vraie bombe, comme vous dites vous les jeunes. Ne te fais donc pas de soucis pour Dylan, elle changera.
- J'espère que tu as raison, murmura-t-il enfin.
Je sais
qu'ils ont toujours ignorés que je les écoutais et à quel point ça
pouvait me faire mal de savoir que je les décevais, que je les
inquiétais constamment. Mais j'étais encore qu'un enfant, Adam a
branché le train et toutes mes pensées se sont envolées.
Au collège,
ce fut le même scénario qu'à l'école primaire, j'étais très
solitaire même si j'avais décidé, pour faire plaisir à mes
parents, d'essayer d'être une fille. J'avais refait ma garde robe
avec ma mère juste avant la rentrée, parce qu'après une longue
discussion où j'ai passé mon temps à pleurer ils m'avaient fait
comprendre que si je ne changeais pas ils m'interdiraient de faire
les rares activités qui me faisaient du bien et qu'ils m'enverraient
dans un pensionnat de fille ou je serais obligé de porter des robes
puisque l'uniforme l'imposait. Je n'avais pas d'autres choix que de
céder. M'envoyer là-bas aurait été pire que de m'envoyer en
prison. De toute façon, cela revenait au même puisque depuis
toujours j'étais prisonnier sans que personne ne le sache. Alors, à
mon entrée en sixième je suis arrivé déguisé en fille, en petite
fille modèle même. Ma mère s'était vraiment lâchée en me
choisissant des habits. Sauf que du coup tout le monde me fuyait, ils
étaient persuadés que j'étais une petit fille à papa, toujours
collé à ses parents, donc j'étais encore plus rejetés que
d'ordinaire, et c'était pour moi une torture difficilement
supportable. Déjà que l'adolescence n'est une période facile pour
personne et qu'être une fille à l'entrée au collège est une
horreur, là ça devenait carrément l'enfer. Tous les jours, j'avais
droit à des insultes, à des moqueries, à des critiques sur mes
fringues et j'en passe. Je ne me supportais plus, je détestais le
reflet que me renvoyait chaque miroir, chaque vitre, chaque vitrine,
je haïssais cette fille. Elle m'attirait que des ennuis alors que
tout ce que je voulais c'était passer inaperçus. J'étais
atrocement mal au fond de moi, je ne m'étais jamais senti fille, à
aucun moment de ma vie, j'avais l'impression d'être un imposteur et
que tout le monde s'en rendait compte. Comment expliquer que tout ça
n'était pas moi, que ce n'était pas ce que j'étais au fond de moi,
que j'étais obligé par mes parents d'être quelqu'un d'autre. On
m'aurait sûrement prit pour un fou. J'étais incapable d'expliquer
que depuis toujours j'étais mal dans mon corps, que j'étais
persuadé que la nature se plantait parfois. Certaines personnes
naissent avec deux sexes et d'autres se retrouvent dans un corps qui
ne leur ait pas destiné. Peut-être qu'une partie de ces personnes
parviennent à faire avec, à être réellement un garçon ou une
fille comme le montre leur apparence. Sauf que moi j'en étais
incapable, ça me torturait de devoir vivre dans ce corps que je
détestais, qui ne me ressemblais pas. Alors c'est vrai qu'à
l'adolescence personne n'est à l'aise dans son corps, mais pour moi
c'était pire que ça, ça durait depuis des années. Je voulais être
un garçon et rien d'autre. La souffrance que m'infligeait le fait de
ne pas pouvoir l'être était de plus en plus difficile. Au bout de
quelques mois j'ai expliqué à mes parents ce qui se passait au
collège, comment me traitait les autres élèves. Mon père s'est
énervé et m'a dit que je devais arrêter de mentir, que mes frères
n'avaient rien vu de tel, que personne ne m'ennuyait. J'ai essayé de
lui dire qu'ils n'étaient pas toujours là, qu'ils n'étaient pas
dans ma classe quand les autres me jetaient des boulettes de papiers
mâchés dans les cheveux. Je lui ai dit que je détestais devoir
jouer les filles modèles pour lui faire plaisir, qu'au moins si
j'étais un garçon on me ficherait la paix. Là il a hurlé que s'il
m'entendait encore raconter des mensonges sur ce qui se passait au
collège j'irais direct au pensionnat. Donc une fois de plus j'étais
contraint au silence et forcé de cohabiter avec ce corps qui me
faisait tant souffrir et que les autres semblaient détester tout
autant que moi. Tout ce que j'ai pus trouver pour tenter de supporter
cette situation était de m'isoler dès que je le pouvais, la musique
à fond dans les oreilles, je fermais les yeux, la laissant m'envahir
entièrement pour m'imaginer ailleurs. Seulement, je n'avais aucun
moyen de me défendre contre les agressions qui avaient lieu en
classe. Plus les jours passaient et plus ça me torturait, je dormais
très mal tellement je m'angoissais à l'idée d'aller en cours.
J'étais tellement blessé de cette situation que sur le trajet je
pensais à tous les moyens possibles de fuir. Je m'amusais à
traverser dès que le feu des voitures passait au vert, je
franchissais le passage à niveau quand le train approchait. J'ai
cherché une façon d'en finir, un moyen pour que cette douleur
cesse. Je ne pouvais pas continuer. J'avais 12 ans, j'aurais dus
m'amuser, sortir avec mes amis, faire des projets d'avenir, mais ce
n'était pas le cas, tout ce que je voulais c'était qu'on me laisse
vivre comme je l'entendais, qu'on me laisse être ce que je voulais,
ce que je désirais être, ce que j'étais vraiment. Malgré tout, le
calvaire a duré un peu plus de huit mois, je m'étais complètement
renfermé, je ne parlais plus ni à mes frères, ni à mes parents,
que la situation ne semblaient pas déranger. Comme je me réfugiais
aussi dans le travail pour ne pas trop penser j'avais des notes
excellentes donc ils ne voyaient rien à redire. Pourtant, un samedi
de mai, j'étais seul à la maison, j'avais été puni pour avoir
demandé si je pouvais faire de la boxe pour me défouler. J'étais
tellement en colère, ma souffrance m’étouffais, je ne pouvais
plus prendre aucune décision censée, alors j'ai attrapé une paire
de ciseaux et j'ai découpé tous mes vêtements, j'en ai fais des
lambeaux, des chiffons, des petits morceaux. Et quand j'ai eu fini de
décomposer tout ce que contenait mon armoire je me suis effondré
sur le tas de tissu, en larmes, j'ai appuyé la lame des ciseaux sur
mon poignet. J'en pouvais plus, il fallait que je m'évade, de ce
corps, de cette vie. Ma mère est rentrée plus tôt que prévu parce
qu'en partant elle avait aperçus ma tristesse et se sentait mal de
s'amuser avec son mari et ses garçons alors que j'étais seul. Je
l'ai entendue m’appeler, mais sa voix me paraissait vraiment très
lointaine, elle est montée dans ma chambre et quand elle m'a vue
elle a encore crié mon prénom. Je n'ai pas bougé d'un centimètre,
elle s'est approchée rapidement tout en me parlant, sauf que ses
mots ne m'atteignaient pas. Elle a posée sa main sur la mienne pour
récupérer la paire de ciseaux et l'a jeté plus loin avant de me
prendre dans ses bras. Je pleurais toujours et sentais ses larmes à
elle glisser sur ma peau. On est resté là un long moment, jusqu'à
ce que papa et les garçons reviennent. Ils se sont tous attroupés
devant ma chambre, papa s'est mit à crier en voyant les vêtements,
ma mère les as fait sortir. Elle m'a relevé, assis sur mon lit
avant de mettre les morceaux de tissus dans des sacs poubelles.
Seulement, elle est aussi tombée sur la pochette à dessins que je
cachais dans mon armoire. Je m'étais mis à dessiner depuis quelques
années, c'était ma façon de faire comprendre tout ce que je ne
pouvais dire oralement. Comme j'étais toujours incapable de parler
je ne l'ai pas empêché de l'ouvrir. J'ai vue ses larmes reprendre
leur course folle pendant qu'elle parcourait les feuilles. Puis elle
s'est calmée et m'a jurée que les choses allaient changer, qu'elle
allait discuter avec mon père. Sauf que rien n'a vraiment changé.
Il m'a fallu choisir d'autres vêtements, pas trop féminin puisque
ma mère semblait avoir comprit, mais pas trop masculin non plus. Mon
père m'a forcé à aller parler de mon geste, seulement le gars me
comprenait et à tenté d'expliquer à mon père qu'il devait me
laisser faire ce que je voulais, donc je ne l'ai vu que deux fois. Ce
qui m'arrangeait, parce que même si c'était la seule personne à
être de mon coté, à me comprendre, je me sentais encore plus
anormale en parlant avec ce type. Puisque c'était un médecin,
j'étais forcément malade. Et mes frères me regardaient
étrangement, comme si j'étais fou ou si j'étais un monstre. À
partir de cet instant mes relations avec Jordan et Adam se sont
dégradés, il n'y a qu'avec Henri que j'ai pus préserver un lien,
lui me disait que j'étais bizarre, mais qu'il aimait bien ça. J'ai
changé de collège à la rentrée suivante, là-bas ils m'ont tous
accepté, à leurs yeux j'étais un garçon et personne n'est allé
chercher plus loin. Je restais quand même à l'écart, je craignais
qu'ils découvrent la vérité et qu'ils me rejettent comme les
autres. Puis comme je n'étais pas très doué pour communiquer et me
faire des amis la solitude me paraissait plus attirante. Il y avait
quand même un groupe de garçon avec qui je discutais parfois et qui
me permettait de déjeuner avec eux pour que je ne reste pas seul
dans mon coin. Ils connaissaient la vérité sur moi, mais ça ne
leur posaient pas de problème, ils se fichaient de savoir que je
préférais être un garçon, alors que j'étais censé être une
fille. J'aimais beaucoup être avec eux, ils me traitaient vraiment
comme l'un des leurs et ça me faisait du bien. Être proche d'eux me
permettais aussi de voir de plus près ce que font les garçons,
comment ils se comportent. Je pouvais copier leur façon de
s'habiller, même si ça déplaisait toujours autant à mes parents,
je pouvais agir comme eux sans que personne ne fasse de remarques
blessantes. J'aimais pouvoir être un garçon quelques heures par
jour, même si je détestais devoir rentrer chez moi et me comporter
comme une fille pour que mes parents me laisse un peu tranquille.
Si je me
souviens bien je devais être en quatrième, j'avais 14 ou 15 ans je
crois, quand l'une des filles qui accompagnait le groupe de garçon
m'a demandé si je voulais venir à sa pyjama parti le samedi soir, à
la fin de la semaine. Sur l'instant je me suis retrouvé figé,
incapable de répondre, j'ignorais s'il fallait que j'éclate de rire
ou si je devais fuir en courant. Je me suis questionné :
« est-ce que c'était une méchante blague ou une invitation
sincère ? » Et quand elle a poursuivit en disant :
- Il y aura d'autres filles, tu sais. On sera six. Tout le monde voudrait que tu viennes.
Je me suis
rendu compte qu'elle m'invitait vraiment à passer toute la soirée
avec elle. Mon cœur s'est affolé, j'avais l'impression de manquer
d'air, elle a ajoutée :
- Tu y réfléchis et tu me dis plus tard.
J'ai
seulement réussi à hocher la tête, les garçons ont rient et
changés de sujet quand elle a rejoint ses amies. Puis un peu plus
tard j'ai retenu François pour l'interroger :
- Dis, heu, te marre pas mais,... c'est quoi une pyjama parti ?
Il a sourit
avant de m'expliquer :
- C'est une soirée où les filles se réunissent et parlent des mecs. Elles se coiffent, elles se maquillent. Elles font des trucs de filles, quoi !
- Ah ouais ! Tout ce que je ne suis pas et que je ne fais pas, en fait.
- Écoutes Dylan, j'ai pas de conseils à te donner, mais tu devrais accepter.
- Pourquoi ? Servir de bête de foire pendant toute une soirée ! Non merci.
- Arrêtes un peu, ces filles sont super sympa ! Et puis c'est l'occasion de ne pas avoir tes parents sur le dos, de manger des tas de cochonneries, du genre pizzas, bonbons, sodas. Et de passer une bonne soirée.
- J'y ai pas ma place, tu peux comprendre ça !
- Accepte Dylan. Elles ne veulent que te connaître.
Plus tard
j'apprendrais qu'il participait souvent à ces soirées parce que lui
aussi aimait parler des garçons et se maquiller. Après m'être
torturé les neurones toute l'après-midi j'ai fini par dire oui à
Jena, non sans craindre que ça ne tourne mal. J'avais encore deux
jours pour me faire à cette idée sans pour autant parvenir à
trouver l’événement génial. Mes parents par contre ont sautés
de joie quand je leur ai annoncé la nouvelle. Ils étaient aux anges
de voir leur fille faire enfin ce que toutes les autres faisaient. Ma
mère a passée des heures dans ma chambre à me parler des soirées
qu'elle faisait avec ses copines quand elle avait mon âge. Je crois
que c'était la première fois qu'elle discutait avec moi à cœur
ouvert. Et, à l'heure où je vous parle, ça ne s'est toujours pas
reproduit. J'avais très peur de cette soirée, trop de questions se
bousculaient dans ma tête, et d'un autre coté j'avais aussi très
peur de décevoir mes parents. Pour la première fois de ma vie je
les voyais fier de moi, ça me bouleversait sans pour autant me
convaincre d'être une fille à plein temps. J'avais déjà essayé
et c'était si douloureux que je n'avais aucune envie de recommencer.
Seulement là ils étaient heureux et je comptais bien en profiter.
Donc je leur ai caché toutes mes inquiétudes et leur ai fais croire
que j'étais très content de cette invitation. J'ai même tenté de
me rapprocher de ma mère encore plus, de créer une complicité qui
serait indestructible quoi qu'il arrive dans le passé.
Malheureusement, le samedi matin en m'entendant me confier à Henri à
propos de cette pyjama partie elle s'est énervée et m'a dit que je
la décevais beaucoup, qu'elle pensait qu'enfin j'acceptais d'être
une fille, d'être ce que j'étais, mais que de toute évidence je
préférais les faire enrager plutôt que d'être ce que je devais
être. J'ai essayé de lui expliquer, de lui faire part de mes
craintes, sans résultat, elle ne m'écoutait plus, sa déception
était plus forte que tout et, l'empêchera dans le futur d'avoir
avec moi une vraie discussion mère-fille/fils. Infiniment mal
qu'elle ne me comprenne pas, je me suis enfuis pour aller rejoindre
François qui m'avait convaincu d'aller à cette « super »
soirée. Je ne lui ai pas parlé de la raison pour laquelle je
l'avais appelé, seulement il me connaissait bien mieux que je le
croyais, bien mieux que je le soupçonnais. Lui ne s'est absolument
pas confié, par contre il avait touché en plein dans le mille en ce
qui me concernait. On a donc longuement parlé de ma situation, de
mon ambiguïté, il n'a cependant invoqué aucun argument qui
m'aurait empêché d'aller à cette soirée, au contraire même, il
n'a fait que me pousser à m'y rendre, en me disant que ça
m'aiderait peut-être à préciser ce que je ressentais, que 14 ans
c'était un peu jeune pour être sûr de ce qu'on est ou pas, ou de
ce qu'on désir. J'ai lâché un long soupir et vu l'heure qu'il
était j'ai dus rentrer chez moi prendre mes affaires pour me rendre
chez Jena. Ma mère m'a interpellé juste avant que je reparte, elle
a seulement dit :
- Tu y vas quand même.
Et comme
j'étais encore très en colère contre elle et infiniment angoissé
à l'idée de ce qui m'attendais j'ai balancé :
- C'est ce
que vous voulez, non !
Puis j'ai
quitté la maison pour le reste du week-end. Quand je suis arrivé il
y avait déjà Kelly, Sacha et Andréa. Elles m'ont accueillis comme
si on était de super amis, qu'on se connaissait depuis des années.
Jena m'a fait visiter sa maison, m'a présenté à ses parents qui
m'ont observé étrangement pendant une seconde, se demandant
probablement si j'étais un garçon ou une fille, jusqu'à ce que
Jena précise :
- Elle s'appelle Dylan.
Et sa mère
à sourit en me souhaitant la bienvenue. Le temps qu'on finisse notre
tour Sandra était arrivée, alors nous sommes montés dans la
chambre de Jena. J'étais scotché en entrant dans la pièce, j'avais
l'impression d'être passé d'une maison ordinaire à une chambre de
château. Vous voyez les chambres de princesses pour petites filles
qu'il y a dans tous les catalogues d'ameublement, c'était ça que
j'avais sous les yeux. Au fond de moi j'avais très envie de rire, la
situation, tout ça me paraissait irréel, grotesque même. Mais, je
me sentais aussi extrêmement mal à l'aise, c'était comme si tout
autour de moi me criait : « sors d'ici ! Tu n'as rien
à faire dans cette pièce ! » Je savais bien que ce
n'était pas vrai, que c'était seulement moi qui ressentais ça. On
s'est installé au centre de la pièce, formant un rond avant que
Sacha intervienne :
- Alors les filles, pour qui on craque en ce moment ?
Toutes ont
gloussées comme des dindes pendant que je me retenais de fuir. Alors
que chacune à leur tour répondait à la question en riant, en
s'énervant après les autres filles du collège qui tournaient
autour du garçon en question je ne cessais de me demander pourquoi
j'avais accepté. Je n'avais rien à leur dire, je n'avais aucun
point commun avec ces filles et mon malaise ne faisant que
s’accroître. J'ai eu l'impression d'étouffer quand Jena m'a
questionné :
- Et toi Dylan, il y a un garçon qui te plaît ? François ? Vous êtes très proche tous les deux.
- Heu... non... enfin... J'sais pas si on peut vraiment dire ça. On discute souvent c'est tout.
- C'est tout, t'es sûr ? a-t-elle insisté.
- Peut-être que tu préfère quelqu'un d'autre... Une fille par exemple ?
- Sacha ! s'est exclamée Jena.
- J'aime pas les filles ! me suis-je énervé. C'est pour ça que vous m'avez invité ? leur ai-je demandé en me levant prêt à partir.
- Non, non Dylan, ce n'est pas pour ça, je te le promets, m'a dit Jena. Excuse Sacha, elle ne sait pas tenir sa langue. Je te crois Dylan, on te croit, d'accord.
- Je... je ne suis pas comme vous, leur ai-je expliqué. Je ne parle pas de ces choses là. Mais si vous voulez tout savoir c'est... Mathieu qui me plaît.
- Il ne parle jamais, a précisée Kelly. C'est un gothique, rebelle et solitaire.
- Bah justement, c'est ça qui m'attire.
Je me suis
rassis avec elles et leur ai parlé de mon attirance pour ce garçon
qui ne m'avait probablement jamais remarqué et à qui je n'avais
jamais dis un mot. Peu de temps après, ses parents sont venus nous
chercher parce que les pizzas venaient d'arriver. On s'est installé
dans le salon et ils se sont éclipsés juste quand les filles
reprenaient leur discussion sur les garçons. J'en restais à l'écart
parce que je n'avais rien de plus à leur dire et parce que j'avais
peur de me confier à elle. Je ne les connaissais pas, je ne me
livrais pratiquement jamais, une fois de temps en temps à Henri
quand il était d'humeur à m'écouter, je savais que je pouvais lui
faire confiance, qu'il ne me trahirait pas. Mais elles. J'ignorais
quelles étaient leurs véritables intentions et ça m'effrayait. Un
peu plus tard, nous sommes retournés à l'étage et là c'est
produit ce que je redoutais par dessus tout. Jena a sortie du
maquillage, toutes les filles se sont jetées dessus avant de se
barbouiller le visage mutuellement. Jena m'a regardé en souriant
gentiment avant de me dire :
- J'imagine que tu n'as jamais utilisée ces trucs là.
J'ai secoué
négativement la tête. Je savais qu'elle allait me demander de la
laisser me maquiller et le garçon au fond de moi mourrait d'envie de
fuir, de se mettre à hurler. Je ne savais plus ce que je faisais, ce
qu'il fallait que je fasse. Je savais ce que je voulais, mais elles
n'auraient pas compris si je leur avais expliqué. Puis la phrase de
François m'est revenu en mémoire : « fais-le pour que
tes parents te lâche un peu. » C'est ce qu'il m'avait dit
quand je l'avais rejoins plus tôt dans la journée. Je pourrais
effectivement parler de cette soirée à mes parents en leur
racontant tous les trucs de fille que j'avais fais et ils m'auraient
laissé tranquille au moins un temps. Alors, avant qu'elle le formule
je lui ai dit que j'aimerais bien voir à quoi je ressemblerais avec
du maquillage, qu'elle n'en mette pas trop quand même. Pendant
qu'elle s'agitait autour de moi, mon cœur battait à une vitesse
folle, je me sentais mal, je me posais pleins de questions :
« est-ce que cette soirée allait changer quelque chose ?;
est-ce que me voir0 avec du maquillage allait changer ma façon de me
voir ?; est-ce que j'allais me rendre compte que j'étais
vraiment une fille et que c'était ça qui sonnait vrai ? »
Je ne sais pas qui avait le plus peur, le garçon en moi qui se
battait pour vivre ou la fille que j'étais aux yeux des autres et
qui souffrait tout tant. Puis elle a approchée un miroir et ce fut
le même choc que la première fois, en plus intense. Une immense
douleur m'a transpercé le cœur, je n'étais pas une fille c'était
une évidence. J'avais l'impression que le garçon en moi pleurait et
me demandait : « pourquoi tu me torture comme ça ? »
Une larme à roulée sur ma joue et Jena m'a dit :
- Tu es très jolie, Dylan.
Les autres
filles se sont arrêtés pour me regarder, elles sont toutes restées
bouches bée devant moi. Il n'y en n'a qu'une qui a réagi, c'est
Sacha. Elle m'a tendue une lingette en me disant :
- Tu as sûrement très envie de retirer tout ça.
- Si ça ne vous gêne pas, oui. J'ai vraiment pas l'habitude, leur ai-je répondu pour cacher mon trouble.
Sacha
semblait compatir, on aurait dit qu'elle se rendait compte du mal que
ça me faisait. Ou alors elle voulait se faire pardonner de m'avoir
un peu mal jugé précédemment. Peu importe la raison, en fait, je
voulais plus que tout retirer toute cette peinture de mon visage. Je
ne me sentais pas très bien, j'aurais voulu rentrer chez moi,
pouvoir me retrouver dans mon monde, écouter un peu de musique ou
dessiner. Sauf que je m'étais engagé à rester à cette soirée et
ça me plaisais de ne pas avoir mes parents sur le dos. Après, nous
avons parlé du lycée et surtout du bal de fin d'année en
terminale. Encore une fois, chacune à leur tour elles ont parlées
du garçon avec lequel elles aimeraient s'y rendre, puis Sandra m'a
interrogé pour savoir avec qui j'imaginais y aller. D'abord, j'ai
hésité, j'ignorais quoi répondre à une question à laquelle je
n'avais absolument jamais songé et j'ai fini par leur dire :
- Vous savez, c'est loin la terminale. On n'a même pas encore fini le collège. Je ne sais pas ce qui va se passer dans le futur. Peut-être qu'au lycée je rencontrerais un garçon avec qui je sortirais et qui m'emmènera à ce bal ou peut-être que je n'irais pas du tout parce que je n'aurais aucun cavalier.
- Toutes les filles rêvent d'aller au bal, Dylan. Tu ne peux pas rater ça, m'a dit Sandra.
Je n'ai rien
ajouté, je ne voulais pas lui dire que moi je ne rêvais pas de ça,
que je me fichais éperdument de ce truc, qu'il n'avait aucune
importance pour moi. Bien sûr que je voulais avoir un copain,
quelqu'un qui puisse m'aimer avec mon étrangeté. Seulement, me
rendre à ce bal avec un garçon signifiait que je devais être
habillé en fille, et ça pour moi, à l'heure qu'il était, c'était
inconcevable. Alors quand Jena a ajoutée :
- J'suis sûre que tu iras. Dans une magnifique robe de princesse, au bras d'un garçon super canon.
Je me suis
contenté de sourire, alors que toutes les filles riaient encore.
Jamais je ne pourrais partager leur point de vue. Lorsqu'on s'est
couché quelques heures plus tard, je n'arrivais pas à dormir.
Allongé dans mon sac de couchage, j'avais les yeux rivés sur le
plafond et je pensais aux garçons. J'y pensais souvent, même si me
faisait plus de mal que de bien. Je n'avais pas menti en disant que
Mathieu m'attirait, sauf qu'il n'y avait aucune chance pour qu'il se
passe quoi que ce soit entre nous. Je n'étais pas une personne qu'on
remarque et je n'étais pas non plus une fille sur qui un garçon
pouvait poser les yeux, donc personne ne faisait attention à moi.
C'est vrai, c'est moi qui le voulais, mais je voulais aussi avoir un
copain. Il y avait tellement de contradiction en moi. Seulement, de
ça j'en étais sûr, tout aussi sûr que je voulais être un garçon.
Ça n'avait aucune logique à cet instant, ça me troublais
énormément, même si je désirais vraiment que quelqu'un fasse
attention à moi, avoir quelqu'un à qui parler, à qui me livrer en
toute confiance. J'ignorais si je pourrais y parvenir en restant ce
que j'étais et ça me blessait profondément. Sauf qu'il m'était
impossible d'être plus féminine, je ne voulais pas revivre ça, ce
n’était même pas envisageable.
Quelques
années plus tard, au lycée, en première, alors que je désespérais
d'avoir un jour un copain, François, avec qui je passais le plus
clair de mon temps, m'a demandé si je voulais bien sortir avec lui.
Le groupe s'était entièrement dissous à l'entrée en seconde et il
était le seul à être resté en contact avec moi. On avait apprit à
se parler, à se confier l'un à l'autre, à s'apprivoiser avec nos
différences. Il m'avait dit qu'il ne me demanderait jamais d'être
plus féminine, d'être une vraie fille puisqu'il savait que je ne le
voulais pas, que je ne le pouvais pas. Cela lui convenait parce que
lui aussi était perdu. C'est à ce moment là qu'il m'a expliqué
que lui aimait se maquiller, seulement ça, ça lui plaisait et si ça
ne faisait pas autant enrager ses parents il le ferait tout le temps.
Il m'a aussi expliqué qu'il ne savait pas bien s'il aimait les
filles ou les garçons ou bien les deux. Alors il m'a convaincu de
sortir avec lui, que cela pourrait nous aider tous les deux, même si
je ne voyais pas bien en quoi ça allait pouvoir m'aider. Puis j'ai
comprit qu'il me donnait la possibilité de connaître l'amour, parce
qu'il m'aimait sans savoir réellement de quelle façon, de
consolider mes certitudes et d'éclairer ce qui était encore flou,
donc j'ai dis oui. Les choses se sont faites en douceur, un jour
alors qu'on était à une soirée, il s'est approché et m'a
embrassé. Chaque jour au lycée, des tas de personnes nous
regardaient de travers, parlaient dans notre dos, notre couple
semblait surprendre et choquer tout le monde. Apparemment ils se
faisaient tous plus ou moins des films sur nous, sur ce qu'on était,
sur qui on était censé aimer. Donc, de leur point de vue François
était gay et moi j'aimais les filles. Au départ, ça nous a un peu
blessé, étant tous les deux assez mal dans notre peau, c'était
assez dur à encaisser. Puis on s'est dit qu'on se fichait de ce que
les gens pouvaient bien penser de nous, qu'on voulait seulement être
ensemble. Mes parents étaient ravis de me savoir avec un garçon,
ils adoraient François et étaient persuadés que le fait de sortir
avec lui allait me faire changer, me rendre enfin plus féminine. Ils
ignoraient juste que lui se fichait de ça et que dans l'intimité,
dès qu'on était seuls il se maquillait. J'aimais bien quand il
faisait cela, d'abord parce que ça lui allait vraiment bien et
ensuite parce qu'il m'attirait encore plus quand il cernait de noir
ses jolis yeux bleus. Durant toute la période où nous avons été
ensemble mes parents et mes frères, eux aussi persuadés que
j'aimais les filles, m'ont laissés en paix. Comme tout se passait
bien, je me sentais un peu mieux, j'aimais être avec François, on
était bien ensemble, on avait fini par devenir vraiment très proche
et des sentiments forts nous liaient. Donc, est arrivé le moment
d'aller encore plus loin, de franchir l'ultime barrière. C'était
notre première fois à tous les deux, alors on a tout fait pour que
ça se passe bien, pour être le moins stressé possible. Malgré
tous nos efforts et le plaisir que nous y avons prit nous avons été
déçu, quelque chose nous manquait à tous les deux, quelque chose
ne collait pas. Au début, on a eu du mal à se l'avouer, on
n'arrivait pas à en parler ensemble. J'étais infiniment perturbé,
je ne comprenais pas ce qui n'allait pas. Je désirais être un
garçon, c'était une évidence, tout comme le fait que je ne pouvais
pas être une fille. J'aimais les garçons et je voulais en être un.
Qu'est-ce qui clochait chez moi ? Pourquoi je ne pouvais pas
juste être comme tout le monde ? Encore une fois je ne pouvais
en parler à personne et je me trouvais monstrueux. Puis François
s'est confié en me précisant qu'il était de plus en plus sûr de
préférer les garçons. Je me suis effondré dans ses bras en lui
expliquant ce que je pensais et ressentais, il m'a calmé en me
disant que je me prenais trop la tête, que je devais juste laisser
couler les choses, que ce n'était pas sur une fois et surtout pas
sur la première fois, que je pouvais me faire une idée. Nous avons
recommencés de nombreuses fois et ça se finissait toujours de la
même façon. Nous restions silencieux pendant des heures, nos mains
enlacées, chacun aux prises avec ses pensées et ses souffrances.
Nous n'abordions plus le sujet ensemble, nous savions parfaitement ce
qui se passait en l'autre. Les jours où mon esprit était en paix se
faisait de plus en plus rare et ça devenait épuisant. Je me sentais
de plus en plus mal et j'ignorais comment changer cela. François a
fini par trouver une solution, ce n'était pas forcément la
meilleure c’était juste la seule que nous avions, il a proposé
qu'on se sépare en tant que couple et aussi en tant qu'ami afin
qu'on arrête réellement de penser à tout ce qui nous blessait.
Alors, profitant des vacances d'été qui approchait nous avons
arrêté de nous fréquenter dès la fin mai. Ne nous voyant plus
ensemble mes parents ont posés des questions pour en connaître la
raison. Pour ne pas m'étaler puisqu'ils n'auraient pas compris je
leur ai seulement dit que ça ne collait plus. Bien entendu, comme
ils aimaient beaucoup François ils ont été déçus et n'ont pas
pus s'empêcher de me faire des reproches, me disant que je n'avais
fais aucun effort, que jamais je n'avais essayé de m'arranger,
d'être plus féminine, un peu plus jolie. Je leur ai dit que lui
s'en fichait de ça, que ça n'avait pas d'importance pour lui, mais
bien sûr ils ne m'ont pas crus, mon père a dit que j'avais déjà
de la chance qu'il soit resté si longtemps avec moi, qu'il n'y
croyait pas et Adam a rajouté :
- C'est clair ! Parce que quand on te voit c'était déjà étonnant que quelqu'un veuille de toi, alors aussi longtemps, t'imagine notre surprise.
Personne ne
lui a demandé de se taire. Leurs mots me blessait, comme toujours,
et ils ne s'en rendaient même pas compte. J'ai retenu mes larmes
comme je pouvais pour leur lancer :
- Heureusement que je ne vous ais pas demandé de me remonter le morale !
Ma mère a
même eu le culot de me dire qu'ils faisaient ça pour mon bien, pour
que je réagisse enfin, qu'il était grand temps que je le fasse
avant de gâcher toute ma vie. Je me suis enfermé dans ma chambre,
lâchant toute ma peine sur mon carnet à dessins. Mes larmes
brouillaient ma vue, je me suis arrêté pour contempler mon croquis,
je m'étais représenté enchaîné à un poteau tandis que mes
parents et mes trois frères armaient leurs fusils. Parfois, je me
disais qu'ils me détestaient tous, qu'il était impossible qu'ils
m'aiment avec les méchancetés qu'ils me lançaient constamment.
Même Henri n'était pas intervenu, lui qui s'interposait souvent
quand les événements dérapaient n'avait rien fait. Non. Il était
resté là, à leurs cotés, à me regarder comme si j'étais
coupable d'un crime abominable. Alors que le seul que j'aurais pus
commettre était celui d'avoir gardé le silence.
Fin août,
alors que je ne m'y attendais pas, j'ai vu arriver François, main
dans la main avec un autre garçon et un immense sourire sur les
lèvres. Il avait l'air si heureux que je n'ai pas pus m'empêcher de
l'imiter. Il m'a serré dans ses bras en me murmurant à l'oreille :
- Ça y est, je sais ce que je veux. Il s'appelle Shawn.
Nous avons
passé l'après-midi sur la terrasse à discuter de choses et
d'autres, de leur rencontre, du fait qu'ils voulaient passer le plus
de temps possible ensemble avant la rentrée puisque Shawn était
inscrit dans un autre lycée, à l'autre bout de la ville. François
m'a expliqué qu'ils s'étaient connus à la fin juin à un festival
de rock où mes parents m'avaient formellement interdit d'aller. À
chaque fois qu'ils se parlaient ils se regardaient dans les yeux, ils
se tenaient la main presque tout le temps, ils se frôlaient, se
caressaient furtivement, et mon cœur, devant ce spectacle, battait
comme jamais. J'étais heureux et jaloux en même temps. J'enviais
profondément ce qu'ils partageaient, je trouvais cet amour très
beau, magnifique même. Plus je les regardais plus ce sentiment au
fond de moi grandissait, je voulais vivre la même chose. Cette
réalité me frappait avec une telle force que s'en était vraiment
déconcertant. Ce à quoi je m'efforçais de ne plus penser ne
cessait de me revenir en mémoire. Je voulais être un garçon pour
pouvoir être avec un garçon. Il y avait vraiment quelque chose qui
clochait chez moi, j'en étais persuadé. Ce n'était déjà pas
courant qu'un homme ou une femme ait le sentiment de ne pas avoir le
bon corps, mais ça l'était encore moins que la personne soit attiré
par quelqu'un appartenant au sexe qu'elle voulait avoir. J'ignorais
si j'étais juste complètement fou ou s'il y avait quelqu'un sur
cette terre qui pouvait me comprendre, pourtant à cet instant je
m'en moquais éperdument. Je me sentais bien, comme si je venais
enfin de découvrir quelque chose que j'avais cherché pendant des
années. Seulement, mon répit fut de courte durée parce que mes
frères, Jordan et Adam sont rentrés de leur cours de sport et nous
ont vus sur la terrasse puisqu'ils étaient obligés de passer par là
pour rentrer à la maison. Ils ont salués François, lui disant
qu'ils étaient contents de le revoir, puis s'apercevant qu'il tenait
la main de Shawn, Adam s'est exclamé :
- Merde, mais tu es gay !
- Est-ce que ça te pose un problème ? lui a demandé Shawn très calmement.
- Non, non on s'en fout, a répondu Jordan.
Mais Adam a
poursuivit :
- Tu l'étais déjà quand tu sortais avec Dylan ?
- Pas vraiment.
- Alors, c'est elle qui t'as rendu gay !
- Non ! Tu ne deviens pas gay à cause de quelqu'un ! C'est plutôt... un truc en toi. Et tu ne t'en rends pas forcément compte tout de suite.
- Elle t’a quand même aidé à fuir le sexe féminin, non ? Allez avoue, insista-t-il.
Les yeux
rivés sur le sol je rêvais qu'on m'achève. François essayait tant
bien que mal d'expliquer à mon frère que je n'étais pas
responsable du fait qu'il aimait les garçons, mais bien sûr il ne
voulait rien entendre. Alors je me suis énervé, je me suis levé et
lui ais demandé de nous laisser, que s'il tenait absolument à
prendre la tête à quelqu'un qu'il aille le chercher ailleurs. Ils
sont enfin partis, je me suis laissé retomber sur le sol en même
temps que François m'a murmuré :
- J'suis désolé, Dydi.
J'ai secoué
la tête pour lui dire que ce n'était rien même si au fond de moi
j'étais profondément blessé par l'attitude de ma famille. Le reste
de l'après-midi je me suis efforcé d'oublier les paroles stupides
de mes frères pour me concentrer sur ce que je ressentais, sur ce
que m'apportais la présence de François et Shawn. Même après leur
départ j'ai voulu garder ce sentiment en moi et je les ais dessiné
tous les deux mains dans la main, essayant au mieux de retranscrire
leur amour. Je n'ai cessé d'y songer durant toute la soirée,
jusqu'à ce qu'Adam intervienne à nouveau et gâche tout. On était
en train de dîner lorsqu'il a lancé :
- Hé, vous ne savez pas la nouvelle ! Cette après-midi quand on est rentré Jordan et moi on a vu François.
- Ah, comment va-t-il ? a demandée ma mère.
- Oh plutôt bien, il est amoureux, a précisé Jordan avec un sourire.
J'ai désiré
qu'il soit frappé de mutisme sur le champ, et comme rien ne s'est
passé, il a poursuivit en riant :
- Ouais. Grâce à Dylan il s'est rendu compte qu'il aime les mecs.
- C'est vrai ? m'a alors questionné mon père.
- Oui, ai-je soufflé. Mais je n'y suis pour rien.
- On ne peut pas en être sûr, a rétorqué Adam.
- Arrête, est intervenu Henri.
- Du coup, je me disais que peut-être ça t'avais aidé toi aussi, a ajouté Adam.
- Aidé à quoi ? l'ai-je interrogé perplexe.
- À te rendre compte que tu aimes les filles, m'a répondu Jordan comme une évidence.
Je n'en
croyais pas mes oreilles. D'abords ils m'accusaient d'avoir fait un
truc que je n'étais pas en mesure de faire, que personne n'était en
mesure de faire et en plus ils revenaient sur leur conviction que
j'étais lesbienne. J'aurais voulu hurler, hurler à leur péter les
tympans, hurler toute la haine que j'avais à leur égard. Au lieu de
ça j'ai serré les poings et leur ai répondu le plus posément
possible :
- Je n'aime pas les filles.
- Ça ne nous poserait aucun problème, chérie, a dit ma mère doucement.
Là par
contre j'ai explosé, je me suis levé brutalement faisant tomber ma
chaise en criant :
- Vous êtes tous sourd ou quoi ? J'aime les garçons, d'accord ! Est-ce que c'est si inconcevable que ça !
Et face à
leur silence je me suis enfui dans ma chambre, claquant la porte
violemment. J'ai mis la musique à fond pour me calmer, posé les
yeux sur le dessin représentant François et Shawn et l'ai accroché
au-dessus de mon bureau.
À l'entrée
en terminale j'ai pus à nouveau me rapprocher de François et passer
du temps avec lui et son copain. Je n'étais pas toujours là
évidement, mais ils m'autorisaient à rester avec eux parfois et ça
me faisait un bien fou. Plus je les voyais ensemble et plus je
consolidais mes certitudes. Oui, je voulais vivre la même chose
qu'eux. Il y avait cette infinie beauté dans ce qu'ils vivaient, une
beauté que je n'avais jamais vue auparavant, dans aucun autre
couple. C'était aussi étrange qu'attirant. Je ne pourrais pas vous
l'expliquer, pourtant j'ai toujours trouvé qu'il y a entre deux
hommes un « quelque chose en plus » qu'il n'y a pas dans
un couple hétéro. L'année scolaire s'est écoulée entre les
prises de tête avec ma famille, les sorties avec mes deux amis et
les épreuves du bac. Plus le temps passait, nous rapprochant de la
fin de l'année, plus un seul sujet obsédait tout le monde : le
bal de fin d'étude. Je ne cessais de repenser à ce que m'avait dit
Jena quand nous étions au collège : « tu iras au bal
dans une magnifique robe au bras d'un garçon super canon. »
Aucun garçon super canon n'allait m'inviter à ce bal c'était
certain et mon seul ami ne voulait même pas en entendre parler
puisqu'il ne pouvait s'y rendre avec la personne qu'il aimait compte
tenu que Shawn partait avec ses parents juste après la dernière
épreuve du bac. Puis finalement, trois semaines avant la date de
cette fameuse soirée, François a apprit que Shawn avait été
accepté dans la même fac que lui. Même s'ils n'allaient pas se
revoir tout de suite mon ami était aux anges et m'a invité à aller
au bal avec lui. Il m'a dit qu'on devait finir le lycée en beauté,
que cet événement mettait un point finale à notre adolescence pour
nous propulser vers notre vie d'adulte. Il avait beau savoir formuler
de jolies phrases et enchaîner les arguments pour me convaincre je
n'arrivais pas à me décider. Il connaissait par cœur mes
réticences et comme je ne m'étais pas fait que des amis en trois
ans de lycée je n'avais pas spécialement envie de me rendre là-bas
pour me faire humilier, ridiculiser. Et puis, allez savoir pourquoi,
à une semaine de la date je lui ai enfin dit oui. Il a sauté de
joie en me promettant qu'on allait s'amuser, seulement je n'ai pas
pus m'empêcher de lui dire :
- Ne t'attend pas à me voir débarquer en robe de soirée.
- J'sais pas si on te laissera rentrer en costume.
- Arrête, il y a des femmes qui se marient en pantalon ! Il est hors de question que je me rende à cette soirée déguisé, c'est clair !
- Dylan, tu sais ce que je pense de ta situation. Ça m'est égal que tu viennes en robe, en jeans, en sous-vêtement, a-t-il expliqué en riant. Tout ce que je veux c'est que tu viennes avec moi, d'accord. Seulement, tes parents Dydi... si tu leur dis que tu y vas, ils ne te laisseront pas t'habiller comme tu veux.
- C'est bien pour ça que je ne voulais pas aller à ce truc ! Mais c'est bon, je vais me débrouiller, je trouverais une solution.
Le soir
même, après un repas familiale plus qu'agité, j'ai attendu que la
maison se calme pour demander à ma mère de me rejoindre dans ma
chambre. Forcément elle était intriguée puisque je ne discutais
jamais avec elle. Elle m'a questionné sur la raison de sa présence,
je n'arrivais pas à lui dire, j'avais à la fois peur de sa réponse
et vraiment besoin de son aide. Donc j'ai fini par marmonner que
François et moi voulions aller au bal de fin d'année en ami, que
j'avais besoin d'une tenue spéciale. Là elle m'a regardé droit
dans les yeux pour m'interroger :
- Quel genre de tenue spéciale, Dylan ? Une normale ou quelque chose qui ne va pas nous plaire ?
- J'en sais rien, ai-je soupiré. Je n'avais aucune envie d'aller à cette soirée et... François m'a convaincu, seulement... je sais parfaitement que vous ne comprenez pas ce que je vis, ce que je ressens. Mais, s'il te plaît, on ne pourrait pas faire abstraction de nos différends un moment ? J'ai besoin de ton aide.
- D'accord, on ira faire les magasins demain. Et on essayera de trouver un compromis.
Sur
l'instant j'étais soulagé, j'avais vraiment l'impression que ma
mère me comprenais, ou du moins qu'elle essayait et j'aimais le fait
de me rapprocher d'elle. Contrairement à mes frères je n'étais
proche d'aucun de mes parents et ça me blessais profondément, même
si je faisais mon possible pour le cacher. Le samedi matin, nous
sommes donc partis faire les boutiques, sur le chemin je me suis
rendu compte que la dernière fois où nous l'avions fait c'était
pour me refaire une garde robe quand j'avais tout déchiqueté, quand
j'avais failli faire la plus grosse connerie de ma vie. J'attendais
beaucoup de cette journée, peut-être un peu trop d'ailleurs. Nous
avons commencés par faire un tour général pour voir dans quel
magasin nous avions le plus de chance de trouver ce que nous
cherchions. Puis juste avant qu'on s'arrête pour déjeuner, maman a
rencontrée une de ses amies. Après nous avoir salués elle m'a
regardé et a dit :
- Oh, c'est Henri ? Qu'est-ce que tu as grandis !
- Non, lui a dit ma mère, non, c'est Dylan.
- Oh ! c'est alors exclamée la femme. Tu ressemble beaucoup à ton frère.
- Oui, je sais, ai-je marmonné en voyant l'immense tristesse sur le visage de ma mère.
On n'était
bien loin des félicitations du genre : « oh, elle est
magnifique ! » ou encore : « quelle belle jeune
fille ! » Non, elle pensait que j'étais un garçon et
même si ça me faisait plaisir j'étais infiniment torturé par le
mal que ça faisait à ma mère. J'ignorais comment arrêter de
blesser toutes les personnes qui m’étaient proche. Alors pour
essayer de faire plaisir à ma mère j'ai précisé :
- On me cherche une robe pour le bal.
- Oh, tu vas... tu vas aller au bal de fin d'année ? s'est-elle étonnée.
Ma décision
avait l'air de choquer tout le monde, moi le premier, mais cette
femme semblait carrément douter de la véracité de mes propos. Du
coup, j'ai fuis vers une autre boutique alors que ma mère
poursuivait sa discussion. Je rêvais du jour où je vivrais seul, où
plus personne ne souffrirait de mon étrangeté, à part moi. Et la
solution à ce problème n'était pas si difficile à atteindre, il
me fallait seulement obtenir mon bac, que les Beaux-Arts acceptent ma
demande d'inscription et bien sûr que j'ai réussi mes tests
d'entrée. Alors que j'admirais un costume ma mère m'a fait
sursauter en posant sa main sur mon épaule :
- Ça va ma puce ?
J'ai hoché
la tête avant de lui préciser que le magasin devant lequel je me
trouvais avait l'air parfait pour trouver une tenue idéale. Elle a
déposée un baiser sur ma joue avant que nous allions manger.
J'avais presque envie de pleurer, je ne me rappelais même plus de la
dernière fois où elle l'avait fait. Puis j'ai engloutie mon
sandwich en effaçant toutes mes pensées. Je voulais que le reste de
la journée se passe bien, je voulais au moins garder un bon souvenir
d'un moment passé avec ma mère. Même si on ne devenait jamais plus
proche ni complice je voulais qu'on se rapproche un minimum.
Cependant, quand nous sommes entrés dans la boutique je n'ai pas pus
m'empêcher d'aller directement voir les costumes. Celui de la
vitrine me plaisait vraiment beaucoup, mais je n'avais aucune chance
que ma mère me le paye. Ce que j'aurais aimé le mettre, l'essayer
juste quelques minutes. Je désirais même beaucoup plus que ça,
j'aurais voulu aller au bal dans ce superbe costume. La vendeuse est
arrivée derrière moi et m'a dit :
- Je pense que cette taille sera trop grande pour vous. Il y a une taille S sur le portant.
Et ma mère
a appelé :
- Chérie, viens voir cette robe !
- Oh, pardon, j'ai crue que vous étiez un garçon, s'est alors excusée la dame.
- J'aimerais l'être, ai-je marmonné les yeux rivés sur le sol en rejoignant ma mère.
La robe que
tenait maman n'était vraiment pas terrible, je détestais les perles
et surtout la grosse fleur sur la hanche droite, je trouvais ça
monstrueux. Je me suis retenu de grimacer pour demander s'il n'y
avait pas autre chose. La vendeuse a re-pointée son nez pour nous
apporter toutes ses « connaissances » en la matière :
- Pour une jeune fille comme toi, il y a deux choses à éviter. Les robes bustiers puisque tu n'as pas beaucoup de poitrine, et rien de trop ample non plus.
J'ai regardé
ma mère complètement désespéré, elle m'a sourit avant de
préciser à la femme qu'on allait se débrouiller. Puis j'ai
parcourus les rayons, n'arrivant pas à me décider. Je ne voulais
pas de robe, il en était hors de question, je ne pouvais pas,
c'était de la torture. Il y avait le garçon en moi qui ne cessait
de penser au costume, qui se fichait éperdument de ces morceaux de
tissus là. Je n'avais aucune envie de me déguiser pour faire
plaisir à ma mère ni parce que c'était convenable pour ce fichu
bal. Puis maman m'a rejoint, tenant quatre robes à la main, elle m'a
dit :
- Regardes, elles sont toutes simples. Pas de perles, pas de plumes, pas de fleurs ou autres. Que du tissu.
Je me suis
efforcé de lui sourire, la remerciant indirectement des efforts
qu'elle faisait. J'ai récupéré les quatre tenues et me suis glissé
dans la cabine d'essayage, me déshabillant sans poser les yeux sur
le miroir. Puis l'espace de quelques secondes j'ai voulu observer mon
reflet. J'étais presque nu, puisque je ne portais pas de soutiens
gorge, ma poitrine étant quasi-inexistante aucune taille ne
m'allait. Je portais parfois des brassières de sport, mais comme ça
ne me plaisais pas non plus j'évitais de le faire. J'étais donc là,
face à ce miroir qui me renvoyait le reflet d'une fille-garçon très
mince et des larmes sont montés dans mes yeux. Je détestais me
voir, regarder mon corps, parce que la part de féminité qu'il
contenait me faisait atrocement mal. J'ai respiré profondément pour
ne pas pleurer avant de passer l'une des tenues, puis j'ai fermé les
paupières une seconde avant de regarder dans la glace. Celle-là ne
m'allait pas du tout, une très grande colère s'est emparé de moi,
je me suis empressé de la retirer tout en entendant ma mère
demander :
- Est-ce que ça va, chérie ?
- J'aime pas celle-là ! lui ai-je répondu en lui tendant la robe à travers le rideau.
- Essaye les autres, d'accord.
Encore une
fois j'ai pris une profonde inspiration et ai passé les autres. À
chaque fois ma colère augmentait, je ne ressemblais à rien dans ces
trucs là, ce n'était pas moi, je ne pouvais pas porter ça. J'avais
l'impression d'être en plein cauchemar, j'aurais voulu hurler et me
réveiller. Je ne pensais qu'au costume jusqu'à ce que je passe la
dernière robe. Cette fois j'ai craqué, laissant mes larmes couler à
flot sur mon visage. J'avais mal, infiniment mal en moi. Ce n'était
pas du tout moi cette personne qui me faisait face, j'étais déguisé
en... princesse d'un soir, je détestais cette idée. Et ma mère m'a
entendu pleurer, elle a tirée un peu le rideau en me questionnant :
- Qu'est-ce qui se passe, Dylan ?
- Je ne veux pas... être elle... Je ne l'a... connais pas.... Je l'a déteste !
- Je t'en prie, chérie, fais un effort. C'est juste pour un soir. Ton père et moi serions tellement fier d'avoir une photo de toi, une seule ou tu sois vraiment ce que tu es.
Ma
souffrance n'a fait qu'augmenter à l'entente de ces mots, encore une
fois ils m'en demandaient beaucoup trop sans même s'en rendre
compte. Puis elle a ajoutée :
- En plus tu es magnifique dans cette robe. Tout le monde va avoir les yeux rivés sur toi.
- Mais je ne veux pas qu'on me regarde ! Ils vont tous se moquer de moi en me voyant dans ce déguisement.
- Arrête, tu commence à m'agacer là. Rhabille-toi, on prend celle-là.
J'ai tiré
le rideau violemment et me suis empressé de quitter mon déguisement
et de remettre des vêtements qui me correspondaient bien mieux.
Pendant que ma mère réglait la robe et que la vendeuse lui disait
que j'avais fait le bon choix, que le bal de fin d'étude était
vraiment un événement important pour toutes les jeunes filles, je
rêvais de prendre le costume sur le portant et de m'enfuir vers les
cabines d'essayages. Sauf qu'encore une fois ma mère a mit mon rêve
en morceaux, en pièce détachées. Elle a posée sa main sur mon
épaule en disant :
- Je ne peux pas te laisser faire ça. Un jour tu comprendras qu'on fait ça pour ton bien.
J'ai fermé
les yeux et ais quitté la boutique sans un mot. Bien sûr ma mère
m'a rejoint et comme si de rien était elle a lancée :
- On va chercher les chaussures, maintenant.
- Des baskets, ça le fera pas à ton avis ? ai-je demandé sans vouloir être drôle.
C'était
plutôt du genre sarcasme. Pourtant maman a rit avant d'ajouter :
- Pourquoi pas des rangers et de la peinture de guerre.
- Ça pourrait être bien, lui ai-je dis en souriant.
Oui, dans un
autre monde on aurait probablement le droit de venir à un bal
habillé comme on le voudrait qu'on soit un garçon ou une fille. Ce
que j'aurais aimé vivre dans ce monde là. Un monde où l'on
accepterait le fait qu'on est tous différents, que personne ne
rentre parfaitement dans une case, qu'on n'est pas toujours d'accord
avec ce que la nature nous a donné. Cet univers parfait n'avais
aucune chance d'exister, les gens étaient bien trop étroit d'esprit
et intolérant pour ça. Dans le magasin de chaussures il y avait
plein de monde, surtout pleins de filles avec leurs mères très
probablement là pour la même raison que moi. Ce qui nous
différenciait était que moi je ne souriais pas et ma mère non
plus, je détestais être là. Au contraire de ce que je voulais
cette journée était un vrai désastre et ça n'allait pas
s'arranger. Alors que je m'efforçais d'enfiler une paire de
chaussure irrémédiablement trop petite ma mère m'a dit :
- Forcément, si tu portais autre chose que des baskets ça serait plus simple.
- Elles sont trop petites ! Il me faut juste la taille au-dessus !
Puis en
regardant une fille se jeter dans les bras de sa mère, la mienne à
murmurer :
- J'aurais voulue avoir une fille comme ça.
Je ne savais
pas si ces mots m’étaient réellement adressés ou non, ça ne les
a pourtant pas empêchés de me torturer. On m'aurait enfoncés
milles poignards dans le corps que ça n'aurait pas pus être plus
douloureux. J'étais la plus grande déception de mes parents et même
si au fond de moi je m'en étais toujours douté l'entendre de la
bouche de ma propre mère était une véritable torture. Comme elle
ne quittait pas des yeux ces femmes, j'ai pris moi même une autre
paire et l'ai décroché de son fantasme en lui disant que celle-ci
m'allait bien. Elle m'a regardée comme si elle me voyait pour la
première fois, m'a détaillée de haut en bas tristement, puis elle
s'est contentée de me dire :
- Bon bah, remet-les dans la boite qu'on passe à la caisse.
Je me
souviens avoir pensé : « oui, et qu'on rentre vite à la
maison que je puisse enfin me retrouver dans mon monde, dans le seul
endroit où je suis à ma place. » Je n'ai plus dit un mot de
tout le reste de la soirée jusqu'au dîner où ma mère ne se
lassait pas de répéter encore et encore à quel point j'étais
« belle » dans ma robe de soirée et Adam a dit en se
moquant :
- Vous avez intérêt de la mitrailler de photo ! Parce que je suis sûr qu'on ne la verra pas deux fois dans cette tenue !
- T'es trop con, lui ai-je répondu avant de m'enfuir vers ma chambre.
J'ai entendu
mon père me hurler de revenir et de faire des excuses à mon frère.
Il n'en était pas question, faire des excuses au type le plus étroit
d'esprit et le plus intolérant que cette terre ait portée, jamais
de la vie.
Le samedi
suivant avait lieu le bal, François devait passer me chercher à
20h00, heure à laquelle débutait la soirée. Je lui avais dit ne
pas vouloir y aller trop tôt. J'étais encore dans ma chambre quand
il est arrivé, je ne voulais pas en sortir, je ne voulais pas qu'on
me voit comme ça. Une nouvelle fois déguisé pour le plus grand
plaisir de mes parents et des conventions imposés par notre société.
J'étais face à la fenêtre à me torturer l'esprit, à m'efforcer
de faire taire le garçon en moi qui me suppliait d'enlever ce
déguisement, d'arrêter de jouer les imposteur en voulait être ce
que je n'étais pas quand il est entré dans la pièce. Je ne l'ai
pas remarqué tout de suite, c'est seulement lorsqu'il a soufflé :
- Whao.
Que je me
suis retourné. En larme je l'ai supplié :
- Je t'en prie, épargne-moi ces commentaires.
- C'est douloureux à ce point là ? a-t-il demandé doucement.
- Tu portes... le costume... que je voulais...
Il a baissé
les yeux avant de me prendre contre lui, me murmurant à l'oreille :
- Accompagne-moi, s'il te plaît.
J'ai pleuré
dans ses bras une bonne demi-heure avant de lui accorder ce qu'il
voulait. Il a fallu que je vérifie que la peinture que ma mère
m'avait mit sur les yeux et sur le visage n'avait pas coulé, mais,
comme elle me l'avait dit en le mettant : « tu
verras, avec ça, même si tu pleure ça ne se verra pas. »
Encore une chose qui me donnait envie de hurler, sans que je puisse
le faire. Puis, avant qu'on quitte ma chambre, il m'a prévenu que
mes parents nous attendaient en bas avec un appareil photo chargé.
En voyant ma nouvelle envie de fuir, il nous a arrêtés en haut des
escaliers pour dire :
- Je ne vais pas te dire que je sais ce que tu ressens parce que j'en ai aucune idée. Malgré tout, si ça devait mal finir entre toi et tes parents, que tu partes fâché, ils auront au moins cette trace de toi, de leur fille qui a fait tant d'effort pour leur plaire.
- Shawn a tellement de chance de t'avoir.
Il a sourit,
m'a dit combien son amant lui manquait et nous sommes descendus poser
pour la centaine de photos que ma mère a prise. François avait la
voiture de son père, je lui ai donc demandé de prendre le chemin le
plus long, j'avais infiniment peur de me rendre à cette soirée.
Puis il s'est garé sur le parking du gymnase du lycée m'a prit la
main sans rien dire pour tenter d'apaiser mon angoisse. J'avais
qu'une envie : fuir, c'était certain. Malheureusement, c'était
aussi un sentiment qui revenait beaucoup trop souvent depuis mon
enfance et j'en avais marre. Je ne pouvais pas être ce que je
voulais, et je ne pouvais pas non plus passer mon temps à fuir
devant les autres. C'est vrai, je détestais me voir dans cette robe,
je haïssais mon reflet, sauf que je ne supportais pas non plus
l'idée que les autres jouissent de mes souffrances. Alors, sortis de
nulle part, un courage inattendu m'a poussé à franchir les portes
de la salle. Là encore on nous a prit en photo et pour François
j'ai souris. Je savais qu'il aurait, de très loin, préférer être
avec Shawn, qu'il me regardait mais que c'est à lui qu'il pensait.
Il avait quand même tenu à passer cette soirée avec moi. Donc même
si j'étais extrêmement torturé je ne pouvais pas faire machine
arrière. Il y avait déjà beaucoup de monde dans la salle, ce qui
nous a permis de nous mêler aux autres sans qu'on nous remarque. Au
départ, on est resté dans un coin à observer les gens avec qui
nous venions de passer trois ans et que nous ne reverrions sans doute
plus après cette soirée. Puis, Johan, l'un des garçons du groupe
qu'on était au collège, est venu saluer François, il lui a demandé
à l'oreille pourquoi il était venu avec une fille alors qu'il
sortait avec un garçon. Mon cavalier lui a rapidement expliqué et
il est reparti vers la piste de danse en me glissant :
- Bonne soirée, jolie demoiselle.
J'ai
écarquillé les yeux, François a rit en précisant :
- Je crois qu'il ne t’a même pas reconnu !
Ça ne m'a
pas fais rire du tout, moi. Ça ne faisait que prouver que je n'étais
pas fait pour être une fille, que ça sonnait tellement faux que
même les personnes qui me connaissait ne me reconnaissait plus. Mon
ami m'a alors prit la main pour me conduire sur la piste de danse, il
était au courant que je ne savais pas danser, que je n'avais pas le
sens du rythme, mais il s'en fichait. Plus les heures tournaient plus
Shawn lui manquait et il cherchait n'importe quel moyen pour éviter
de penser. Je me suis efforcé de m'amuser pour qu'il en fasse
autant, et ça semblait plutôt bien fonctionner. Un peu plus tard,
ils ont lancés les slows, François riait de ma maladresse même si
j'essayais de faire des efforts, de m'appliquer. Puis un couple qui
dansait près de nous, Paul, le sportif le plus canon du lycée et sa
copine... Angélica je crois, nous on demandé si on voulait bien
changer de partenaire avec eux. J'ai regardé François entre l'envie
et la peur, il m'a murmuré à l'oreille :
- Si tu rêves de danser avec lui c'est l'occasion ou jamais.
Alors, comme
j'avais l'impression que lui non plus ne me reconnaissait pas, on a
accepté et on s'est retrouvé séparé un moment. Je n'arrivais pas
à regarder Paul dans les yeux, j'étais stressé sans pour autant
savoir ce qui me mettait dans cet état. Il a fini par me poser
quelques questions, la première étant bien sûr pour savoir comment
je me prénommais. Je pensais qu'il ferait le lien en l'entendant,
mais non, il a précisé :
- Y a une fille dans ma classe qui s'appelle comme ça aussi. Mais, je crois pas que les robes soient sont trucs, si tu vois ce que je veux dire, a-t-il ajouté avec un clin d’œil.
- Pas vraiment, non, ai-je répondu pour connaître son point de vue.
- J'suis sûr qu'elle aime les meufs. Sérieux c'est un vrai mec cette fille. J'étais persuadé que c'était un gars au début de l'année.
- Tu te fais souvent des films sur les gens de ta classe ?
Il a haussé
les épaules avant de poursuivre ses interrogations, me questionnant
sur mon lycée et surtout me demander comment je connaissais
François. J'ai détourné la vérité pour lui répondre, je ne
tenais vraiment pas à ce qu'il comprenne qui j'étais. Et j'ai fuis
quand la chanson s'est finie. Mon cavalier était partis avec une
autre fille alors j'suis allé boire du punch. Si seulement il y
avait de l'alcool dans ce truc, j'avais besoin de quelque chose de
fort pour oublier mes pensées et le fait que tout le monde croyait
que j'aimais les filles. Un mec est arrivé, Antoine il me semble, il
s'est arrêté à coté de moi en me disant :
- Je ne savais pas qu'on pouvait venir à ces soirées même si on n'est pas du lycée.
Je n'ai pas
répondu, il m'a demandé si je voulais un autre verre de punch,
alors là je l'ai regardé pour dire :
- Seulement si t'as un truc fort à mettre dedans.
- Vodka, a-t-il murmuré en passant sa main dans sa veste.
J'avais très
envie de rire, on se serait cru dans une série américaine où il y
a toujours quelqu'un qui trafique les boissons dans la soirée. Il en
a mit dans deux verres avant de m'en tendre un en me demandant mon
prénom. Là encore j'ai répondu franchement et il a bloqué, il m'a
regardé les yeux écarquillés en me questionnant :
- Tu veux dire que tu ne viens pas d'un autre lycée ? Tu es LA Dylan, l'ex de François ?
- Ouais.
- Bah merde alors ! Je ne t'aurais jamais reconnu.
- Comme tout le monde ici.
- Et ça ne t'embête pas ?
- Non, au contraire. J'voulais pas venir, j'aime pas cette robe, j'suis venu uniquement pour François.
- Vous vous êtes bien trouvé tous les deux. Il n’aime pas les filles, t'aimes pas les garçons.
- Mais, qu'est-ce que vous avez tous avec ça ?! J'suis pas lesbienne, merde ! C'est pas vrai ! J'sais bien qu'il y a des trucs qui clochent chez moi, mais pas ça !
- Ok, te fâche pas.
- Merci pour le verre, ai-je marmonné avant de partir.
J'ai
carrément quitté le gymnase, là ça devenait insupportable, il
fallait que j'aille prendre l'air. Il y avait quelques personnes sur
le parking, dont un gars qui m'a lancé :
- Hé, demoiselle, ne te sauve pas comme ça ! On peut te consoler nous !
- Oh la ferme ! ai-je balancé infiniment énervé.
J'ai marchés
jusqu'au lycée, les poings serrés, étouffé par ma colère. Je me
suis finalement laissé tomber sur le muret qui l'entoure, levant les
yeux vers le ciel étoilés, j'avais envie de hurler :
« pourquoi vous m'avez fait ça ? Pourquoi me punir de
cette façon. » Je ne croyais pas en un Dieu, je ne croyais en
rien, ce qui n'a toujours pas changé à l'heure actuelle, seulement
à cet instant je maudissais le monde entier, j'en voulais à toute
la terre. J'étais persuadé que m'obliger à vivre dans un corps qui
n'était pas le mien était une punition. Quand mes larmes allaient
se remettre à couler j'ai entendu François m'appeler, je lui ai
dis :
- Arrête de hurler comme ça, j'suis là.
- Dydi ! Pourquoi tu t'es enfui ? Tu m'as fais super peur.
- Désolé, j'ai craqué.
- T'as déjà tenue bien plus longtemps que je le pensais. Alors si tu veux, on peut aller ailleurs.
Je rêvais
de m'échapper depuis l'instant où on avait quitté ma maison, sauf
qu'il n'était pas envisageable que j'aille où que ce soit dans
cette tenue horrible. Mon ami avait tout prévus, il avait des
vêtements de rechange dans la voiture. On a donc fini la soirée au
bowling et entre deux Strike il téléphonait à Shawn qui se
languissait tout autant de lui. Même à distance j'enviais leur
relation, leur proximité, la tendresse qu'ils partageaient et avec
laquelle ils se parlaient. Et encore une fois, le garçon en moi
réagissait pour me murmurer qu'il voulait être comme eux. C'est ce
que je veux, ce que j'ai envie de connaître, de vivre.
J'ai obtenu
mon bac avec mention et ai été accepté aux Beaux-Arts. J'avais
enfin mon issue de secours, il me restait encore un détail à
négocier, mais ça ne me semblait pas insurmontable. Mes parents,
bien que terriblement réticent au fait que je fasse du dessin mon
métier, parce que pour eux aucun art ne pouvait être un métier,
ont quand même fini par céder. Donc je savais qu'ils céderaient
pour ça aussi, j'avais des arguments puissants qu'ils ne pouvaient
contrer. Alors, le jour où j'ai reçu la confirmation de mon
acceptation à l'école, je leur en ai parlé. Je voulais absolument
avoir mon appartement, même juste un studio ça m'allait très bien,
je voulais m'éloigner d'eux, il le fallait, j'en avais besoin. Bien
sûr, mon père a essayé de m'en dissuader, il s'est mit en colère
puisqu'il était incapable de me parler autrement. Puis, comme je le
pensais, ils ont cédés. Le soulagement qui m'a envahi n'a jamais
été aussi fort. Je savais qu'il y aurait une contrepartie, sauf
qu'à cet instant précis je m'en fichais, j'étais libre, quelques
jours par semaines je pourrais respirer et vivre comme je
l'entendais. La contrepartie était que je rentre à la maison tous
les vendredi soirs. On n'habitait pas si loin des Beaux-Arts, une
heure de route suffisait quand ça roulait bien, donc là je n'avais
aucun moyen de négocier. Même si je détestais cette idée, il m'a
fallu accepter, sinon j'aurais jamais pus obtenir ma douce liberté.
J'en avais trop besoin, c'était vitale pour moi, je ne pouvais pas y
renoncer. On a passé tout le mois de juillet à me chercher un
cocon, dès que je trouvais quelque chose qui me convenais mes
parents n'aimaient pas, avaient un truc à redire, j'ai cru qu'on n'y
arriverait jamais. Les jours passaient et je désespérais de la non
productivité des journées. Si fin août nous n'avions toujours
rien, je pouvais dire adieu à ma liberté et ça il n'en n'était
pas question. Puis finalement, au début du mois d'août on en a
trouvé un, qui ne me plaisait pas plus que ça, mais mes parents,
eux, semblaient l'apprécier donc j'ai donné mon feu vert. Je savais
que je pourrais l'arranger à mon goût quand j'y vivrais. J'étais
tellement pressé de les quitter qu'en deux jours mes cartons étaient
prêts, mes placards étaient vidés, toutes mes affaires étaient
emballés. Il a quand même fallu que j'attende jusqu'à la mi-août
pour être tranquille et enfin m'installer, parce que mes parents
n'avaient pas l'intention de me lâcher comme ça. Quand j'ai
emménagé ils ont passés la journée avec moi, pour être sûr que
je ne manque de rien. Pour moi, la seule chose dont j'avais besoin
était qu'ils me laissent, qu'enfin ils repartent pour que je puisse
me créer mon univers. Un univers qui ne leur plairait pas, c'était
certain, pourtant c'était le mien et un jour où l'autre il faudrait
bien qu'ils l'acceptent. La journée s'est achevée, ils sont partis,
je me suis laissé tomber sur le canapé en soupirant profondément
et sans comprendre pourquoi je me suis mis à pleurer. J'étais seul,
pour la première fois c'était mon choix et je me sentais
étrangement mal. Il m'a fallu quelques minutes pour me reprendre, me
rendre compte que j'étais en paix, autant qu'on pouvait l'être dans
ma situation, cinq jours par semaine j'allais pouvoir être moi, être
un garçon sans que personne ne fasse de remarques ou de commentaires
blessants. Ça me faisait un bien incroyable. Je savais bien que je
n'étais pas entièrement libre, que j'étais juste en sursis, je
préférais cependant me concentrer sur le positif. Je l'avais
attendu si longtemps, j'en avais tellement besoin que je ne voulais
pas laisser les petits détails négatifs gâcher tout ça. Je me
suis relevé, j'ai mis la musique à fond et j'ai commencé à
installer mon monde, accrochant mes dessins sur les murs, ces dessins
que j'avais toujours caché parce qu'ils représentaient ce qu'il y
avait vraiment au fond de moi, ce que je suis vraiment, et que je
pouvais enfin exposer au grand jour. Celui que je préfère, qui
montre parfaitement ce qu'il y a dans ma tête, ce à quoi je rêve,
me représente face à un grand miroir dans lequel mon reflet est
celui d'un garçon à part entière. Celui-là je l'adore et pour ne
jamais laisser personne briser cela je l'ai affiché près de mon lit
pour que ce soit toujours la dernière chose que je vois avant de
dormir. Mon plus beau rêve. Il commençait à se réaliser et je
mourrais d'envie d'en profiter pleinement le plus tôt possible.
Donc, le film dont je parlais en haut de la page est celui-là :
Tomboy de Céline Sciamma sortie en 2011.
Le résumé : Laure, 10 ans, est un garçon manqué. arrivée dans un nouveau quartier,
elle fait croire à Lisa et sa bande qu'elle est un garçon. Action ou
vérité ? Action. L'été devient un grand terrain de jeu et Laure devient
Michael, un garçon comme les autres. Laure profite de sa nouvelle
identité comme si la fin de l'été n'allait jamais révéler son troublant
secret.
Voilà, ce n'est pas vraiment la même chose, il s'agit dans ce film seulement de la quête d'identité, il n'est pas question, comme dans mon roman, du passage à l'acte pour en changer.
J'ai lu un article sur internet que j'ai trouvé très intéressant, qui est en lien avec le thème abordé ici, bien entendu, sinon je ne le mettrais pas. Il est très court mais très représentatif de notre situation actuelle par rapport aux personnes dites "différentes". Le voilà :
( Les transgenres existaient déjà à la préhistoire
Publiée dans la revue Human Nature, une étude ethnographique canadienne démontre que les homo sapiens ancestraux comptaient parmi eux des personnes transgenres.
Interviewé par le Huffpost, l'un des auteurs explique que "dans certaines sociétés, ces individus (…) ne sont pas socialement reconnus comme étant des hommes ou des femmes, mais plutôt comme une troisième catégorie."
Et les transgenres étaient loin d'être marginalisés chez les chasseurs-cueilleurs, qui les acceptaient et les valorisaient, en raison du rôle qu'ils jouaient auprès de leur famille. Comme tout individu, les "trans" aidaient et soutenaient leurs proches, et s'assuraient que leur lignée survive même si eux-mêmes n'avaient pas d'enfant.
Une étude qui devrait faire réfléchir nos civilisations dites modernes et civilisées, qui se vantent "de ne plus vivre au temps de la préhistoire" tout en se montrant plus intolérante que jamais.)
J'ai lu un article sur internet que j'ai trouvé très intéressant, qui est en lien avec le thème abordé ici, bien entendu, sinon je ne le mettrais pas. Il est très court mais très représentatif de notre situation actuelle par rapport aux personnes dites "différentes". Le voilà :
( Les transgenres existaient déjà à la préhistoire
Publiée dans la revue Human Nature, une étude ethnographique canadienne démontre que les homo sapiens ancestraux comptaient parmi eux des personnes transgenres.
Interviewé par le Huffpost, l'un des auteurs explique que "dans certaines sociétés, ces individus (…) ne sont pas socialement reconnus comme étant des hommes ou des femmes, mais plutôt comme une troisième catégorie."
Et les transgenres étaient loin d'être marginalisés chez les chasseurs-cueilleurs, qui les acceptaient et les valorisaient, en raison du rôle qu'ils jouaient auprès de leur famille. Comme tout individu, les "trans" aidaient et soutenaient leurs proches, et s'assuraient que leur lignée survive même si eux-mêmes n'avaient pas d'enfant.
Une étude qui devrait faire réfléchir nos civilisations dites modernes et civilisées, qui se vantent "de ne plus vivre au temps de la préhistoire" tout en se montrant plus intolérante que jamais.)
Je n'ai malheureusement pas relevé le nom de la dame qui l'a écrit, et aujourd'hui je ne retrouve plus cet article. Cependant, je suis tout à fait d'accord avec elle.
J'ai trouvée un autre article, il faut absolument que je le mette puisqu'il parle précisément de ce que raconte mon roman. (en gros bien sûr) Le voici :
J'ai trouvée un autre article, il faut absolument que je le mette puisqu'il parle précisément de ce que raconte mon roman. (en gros bien sûr) Le voici :
(Luana, on retiendra ce prénom tout comme celui d'Amandine, le
premier bébé éprouvette. Car cette fillette de 6 ans entre dans
l'histoire en devenant la première enfant transgenre reconnue
officiellement dans le monde. Un événement révélé par nos
confrères de Libération. C'est sa maman, Gabriela, qui a fait la
demande auprès de l'administration argentine : «Ce n'est pas mon
désir à moi, que Lulu soit une petite fille, c'est le sien, c'est
sa vie. Je n'ai fait que l'écouter, l'accompagner, c'est elle qui
m'a guidée sur son chemin ». En 2007, Gabriela donne naissance à
deux garçons faux-jumeaux. Très vite, elle constate que l'un des
deux, Manuel, ne se comporte pas comme son frère. Il fait des crises
qui lui donnent des plaques sur son corps et font tomber ses cheveux.
Inquiète la maman consulte un pédiatre, un neurologue et un
psychologue mais aucun professionnel n'arrive à comprendre le
comportement de l'enfant. La réponse viendra de lui-même, à 20
mois. Avec ses premiers mots, il annonce à sa mère : « moi, fille
». Au début, Gabriela ne tient pas compte des phrases de son petit
garçon mais elle reste désemparée lorsque Manuel passe des heures
sous son lit à lisser sur sa tête une serviette de bain, comme s'il
s'agissait d'une longue chevelure. A 3 ans, Manuel voit une
psychologue qui conseille à sa mère une méthode corrective :
peindre sa chambre en bleu, renforcer la présence du père, fermer à
clé le placard à vêtements pour que Manuel n'y emprunte plus de
robes ou accessoires. Ces sanctions n'aboutissent à rien et
augmentent les crises d'angoisse du petit Manuel qui se mutile pour
faire réagir ses parents. A 4 ans, Manuel est déterminé et répète
à son entourage : «Je suis une petite fille. Je m'appelle Luana et
je ne répondrai plus à mon autre prénom.» Gabriela tente une
autre approche pour soulager son enfant. Elle se rend à l'hôpital
public Durand de Buenos Aires dans le service de prise en charge
intégral et gratuit des personnes trans. La psychologue autorise
l'enfant à venir déguisée en fée et la considère comme une
petite fille. Au fil des séances, le petit garçon s'épanouit et
ses parents se réjouissent du changement. Luana est consciente
d'être une petite fille différente mais pour faciliter sa vie
sociale, sa maman a demandé officiellement le changement de sexe sur
sa carte d'identité.
Un cas historique
Soutenue par Cesar
Cigliutti, le président de la fédération LGBT argentine, Gabriela
obtient la reconnaissance officielle du changement de genre de son
enfant. La maman de Luana a reçu la nouvelle pièce d'identité de
sa fille devant les journalistes venus immortaliser cette première
mondiale. Dorénavant, Luana porte des robes et des paillettes comme
elle le réclamait depuis longtemps. Le plus beau des compliments est
venu de son frère jumeau « tu es belle Lulu ».)
J'ai envie de dire que c'est une grande claque à tous ceux qui croient qu'on est toujours trop jeune pour savoir ce qu'on est ou pas. Les mieux placés c'est encore ceux qui ressentent les choses et non ceux qui les voient de l'extérieur.
Voici encore un article que j'ai trouvée sur internet, qui parle d'une lois autorisant le troisième sexe en Australie. Elle permet à tout ceux qui ne s'identifie ni en tant qu'homme, ni en tant que femme de cocher une autre case quand ils remplissent des papiers ou on leur demande de préciser leur sexe.
(La Haute Cour de justice australienne vient de légaliser la neutralité sexuelle. Une première dans le monde.
Ni masculin, ni féminin, mais neutre. L'Australie vient de légaliser l'existence d'un troisième genre : la Haute Cour de justice du pays a reconnu à l'unanimité le 2 avril "qu'une personne peut être ni de sexe masculin ni de sexe féminin". Les Australiens peuvent donc désormais s'enregistrer à l'état civil sous le genre "non spécifique". Pour être reconnue par la loi et l'état civil comme étant du genre neutre, la personne devra soumettre un dossier médical.
C'est une victoire pour Norrie May-Welby qui ne se reconnaît ni comme femme ni comme homme et qui se bat depuis 2010 pour qu'un genre neutre soit créé. Né de genre masculin, Norrie a subi une opération chirurgicale pour changer de sexe en 1989 mais, après cette dernière, il se déclare asexué. Pour Norrie, la décision de la Haute Cour est "remarquable" et pourrait permettre de faire évoluer les mentalités : "Les gens vont peut-être comprendre qu'il y a plus que deux options. Vous pouvez être un homme ou une femme, mais certains de vos proches ne le sont pas forcément". Norrie souligne également une avancée pour l'égalité des droits : "Pourquoi des personnes devraient-elles être marginalisées parce qu'elles ne se voient pas comme des hommes ou des femmes ? Au contraire, ils doivent être reconnus partout et être autorisés à participer à la société en tout égalité".
D'autres pays se sont également lancés sur la voie de la reconnaissance du genre neutre. Ainsi l'Allemagne et le Népal autorisent leurs ressortissants à inscrire un X dans la case "sexe" de leur passeport. En juin 2013, la Cour Suprême du Népal va plus loin en ordonnant au gouvernement d'ajouter une catégorie "transgenre" aux passeports. L'Allemagne a également autorisé en novembre 2013 à ce que les nouveaux-nés qui ne sont pas clairement identifiés comme garçon ou fille soient enregistrés à l'état civil sans indication de sexe.)
Voici encore un article que j'ai trouvée sur internet, qui parle d'une lois autorisant le troisième sexe en Australie. Elle permet à tout ceux qui ne s'identifie ni en tant qu'homme, ni en tant que femme de cocher une autre case quand ils remplissent des papiers ou on leur demande de préciser leur sexe.
(La Haute Cour de justice australienne vient de légaliser la neutralité sexuelle. Une première dans le monde.
Ni masculin, ni féminin, mais neutre. L'Australie vient de légaliser l'existence d'un troisième genre : la Haute Cour de justice du pays a reconnu à l'unanimité le 2 avril "qu'une personne peut être ni de sexe masculin ni de sexe féminin". Les Australiens peuvent donc désormais s'enregistrer à l'état civil sous le genre "non spécifique". Pour être reconnue par la loi et l'état civil comme étant du genre neutre, la personne devra soumettre un dossier médical.
C'est une victoire pour Norrie May-Welby qui ne se reconnaît ni comme femme ni comme homme et qui se bat depuis 2010 pour qu'un genre neutre soit créé. Né de genre masculin, Norrie a subi une opération chirurgicale pour changer de sexe en 1989 mais, après cette dernière, il se déclare asexué. Pour Norrie, la décision de la Haute Cour est "remarquable" et pourrait permettre de faire évoluer les mentalités : "Les gens vont peut-être comprendre qu'il y a plus que deux options. Vous pouvez être un homme ou une femme, mais certains de vos proches ne le sont pas forcément". Norrie souligne également une avancée pour l'égalité des droits : "Pourquoi des personnes devraient-elles être marginalisées parce qu'elles ne se voient pas comme des hommes ou des femmes ? Au contraire, ils doivent être reconnus partout et être autorisés à participer à la société en tout égalité".
D'autres pays se sont également lancés sur la voie de la reconnaissance du genre neutre. Ainsi l'Allemagne et le Népal autorisent leurs ressortissants à inscrire un X dans la case "sexe" de leur passeport. En juin 2013, la Cour Suprême du Népal va plus loin en ordonnant au gouvernement d'ajouter une catégorie "transgenre" aux passeports. L'Allemagne a également autorisé en novembre 2013 à ce que les nouveaux-nés qui ne sont pas clairement identifiés comme garçon ou fille soient enregistrés à l'état civil sans indication de sexe.)
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