"Ma vie est un cauchemar"

Ceci est mon second roman, qui est aussi en partie disponible sur un autre site comme le précis la page d'accueil du blog. Je mets qu'une partie, juste quelques chapitres pour vous donner une idée. C'est le second roman que j'ai écris, juste après Inconnu de l'autre, ça parle encore de jumeau, mais ce n'est pas du tout une suite. Il y avait juste des choses qu'il fallait que je dise sur le sujet, et par rapport à ma vie, donc j'ai écris ce roman. En fait, les deux premiers sont un peu comme une thérapie par l'écriture, à cause d'un besoin trop grand de dire des choses sans le pouvoir, donc je les ais écrites. 
Bonne lecture. 


Prologue


Ma vie n'est plus qu'un monde ravagé, un monde dévasté par la puissance de la douleur et de l'absence. Morceau par morceau ils ont retiré les pièces qui constituaient le puzzle de mon existence. Faisant disparaître en priorité les morceaux de bonheur, de joie et d'amour. La plus belle partie de cet immense jeu tragique m'a été enlevé il y a quelques jours à peine. Privé de cette magnifique partie de moi pendant tellement de temps, ils poussent le supplice jusqu'au point de me la rendre pour mieux me la subtiliser à l'instant même où l'amour dévoile toute sa force. Mais ce soir c'en est trop, me voilà de nouveau assise sur ce toit que j'avais quittée depuis plusieurs mois. Seule au milieu de la nuit, je joue de la guitare éclairée par la pleine lune. Mes larmes roulent le long de mon visage et viennent mourir entre les cordes. Chaque accord me pousse un peu plus vers le chemin que j'ai choisi, cette chanson était son cri pour la vie. Elle sera mon ultime chant de détresse ce soir.

Vous voulez savoir ce qui m'a fais prendre cette décision si radicale ? Je vais vous raconter.


1/ Présentation.

D'abord, je me présente, je m'appelle Lyra Adams, j'ai 18 ans et je suis en terminale. Je joue de la guitare depuis l'âge de 10 ans, j'ai commencé avec mon meilleur ami ; Thomas. On se connaît depuis la maternelle, on est inséparable. On a toujours été dans la même classe ce qui, au fil des années, n'a fait que nous rapprocher davantage. Pour cela nos histoires d'amour ont toujours été assez compliquées car nos copains et copines n'acceptaient pas notre relation si particulière. Une chose importante à savoir sur moi : je hais le monde entier. On m'a si souvent menti, trahi, fais du mal volontairement, que je déteste tout le monde. Je ne fais confiance à personne, la seule sur laquelle je peux compter c'est Thomas. Il est toujours là pour moi, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit et j'en fais de même pour lui. Je ne compte plus le nombre de fois où on s'est retrouvés, assis sur le toit de ma maison, au beau milieu de la nuit parce que l'un d'entre nous n'était pas bien ou n'arrivait pas à dormir. Personne ne le sait mais, le toit est notre refuge, un endroit où on se retrouve lui et moi, seulement. Il arrive parfois que, dans ces moments là, il se passe des choses entre nous. On ne sait pas si c'est réellement important, si quelque chose finira par naître de tout ça, on ne se pose pas la question pour le moment. Sinon, je suis fille unique, ma mère ne pouvait pas avoir d’enfant elle a quand même réussi à me concevoir. Elle est avocate et mon père représentant pour une grande marque d'ordinateur. À part ça, je suis passionnée de musique : les murs de ma chambre ne sont pas couverts de posters mais d'étagères avec des CD. Les ¾ de mon argent de poche part là dedans. Je dessine souvent, c'est ainsi que je m'exprime la plupart du temps. Je communique très peu avec mes parents, rien de ce que je fais n'est assez important pour mériter une conversation. Donc je hurle à travers mes dessins ce que mon cœur garde si farouchement. Avec Thomas je fais ça aussi, quand j'ai envie de lui parler de quelque chose et que je ne sais pas comment aborder le sujet, je lui montre un dessin et il comprend toujours sa signification. Alors, il me prend contre lui et dit « je t'écoute ». Je ne sais pas ce que je deviendrais sans lui, j'aurais sûrement déjà foutu ma vie en l'air, tombant dans la drogue ou autre mauvais trip. Malgré tout ce que j'ai vécu il m'a toujours donné la force de continuer et d'aller au bout de mes rêves. Et je peux vous jurer que je ne me suis pas retrouvée qu'une seule fois sur le point de tout abandonner. Il y a un secret, que seul Thomas connaît, quelque chose qui sera utile pour votre compréhension de l'histoire, enfin je crois. Mais voilà, je ne peux pas réellement vous l'expliquer car moi-même je ne comprends pas très bien. Il y a un vide au fond de moi, dans ma vie, une absence qui pèse très lourd, trop lourd sur mes 18 années. C'est comme s'il manquait quelqu'un, une présence à mes cotés, quelqu'un qui devrait être là et qui ne l'est pas. Je ne sais pas qui, je ne sais pas pourquoi je ressens ça, mais cette absence vit depuis trop longtemps au cœur de mes insomnies et j'aimerais comprendre. Comprendre pourquoi le jour me mon anniversaire je me sens mortellement triste, pourquoi je semble toujours attendre quelqu'un qui ne vient jamais. Quelqu'un qui devrait être à mes cotés pour ce jour si particulier. Et aussi, lorsque l'on me demande si j'ai des frères et sœurs et que je réponds que je suis fille unique, j'ai l'étrange sensation de mentir. Alors que pourtant, enfin jusqu'à preuve du contraire, je n'ai pas de frère ni de sœur. Et je suis vraiment très seule car je n'ai pas non plus de cousin ou cousine, à croire que dans ma famille la solitude est un honneur. En résumé, mes parents ne se soucis pas vraiment de moi, je vis sous leur toit et ça s'arrête là. Tant que je ne rentre pas accompagnée par la police, ils se foutent du reste. On ne discute jamais de rien, nos conversations se limitent à des trucs genre « t'as passé une bonne journée ». Ça à force on dirait presque un disque rayé ; je passe la porte, pas de bonjour, juste cette phrase, dite sans vraiment de conviction et sans vouloir de réponse. Il y a aussi des « papa rentre bientôt ? », suivi très souvent de « je sais pas ». Parfois il part plusieurs jours et on ne sait jamais vraiment quand il rentrera. Quand on est à table tous les trois, mon père lit le journal, ma mère regarde les informations et moi je décore la table, assise entre eux deux Mes parents sont pratiquement des étrangers pour moi, je ne connais rien de leur vie, de leur adolescence, de ce qu'ils ont fait ou rêvaient de faire quand ils avaient mon âge. Ils arrivent très facilement à oublier que je suis là, parfois ils parlent de moi alors que je suis juste à coté d'eux, mais on dirait qu’ils ne me voient pas. Par contre quand je porte des vêtements qui ne sont pas à leur goût, les critiques et les engueulades fusent dans toute la maison. Je suis une rockeuse, donc je m'habille en rouge et noir la plupart du temps, j'ai pleins de fringues avec des têtes de mort et autres inscriptions qui foutent ma mère en rogne. Je mets souvent des mini-jupes noires ou rouges avec des chaînes qui pendent sur le coté et des grandes bottes de couleurs identiques. Ma mère m'a dit un jour qu'habillée de cette façon je ressemblais à une prostituée et qu'il ne fallait pas que je vienne pleurer si un jour je me fais violer ou agresser. Ma musique ne leur plaît pas non plus, évidement, alors si j'ai le malheur de mettre le son un peu trop fort, ma mère pique une crise. Elle hurle des choses comme : « baisse moi cette musique de sauvage » ou « pas étonnant que personne ne te parle, ta musique fait fuir tout le monde », comme si c'était écrit sur ma tête « j'adore Slipknot, Manson, Pleymo et autres trucs qui font enrager ma mère ». Parfois je me demande si elle n'est pas complètement folle, ou alors elle me hait, c'est au choix. À choisir je préférerais une mère avec laquelle je pourrais discuter, qui parlerait au lieu de hurler, mais non c'était pas dans le contrat. Le moindre truc chez moi l'énerve, rien ne va jamais, j'essaye de faire tout ce qu'elle veut, comme elle le veut, mais ce n'est jamais suffisant à ses yeux. Je pourrais lui décrocher la lune qu'elle me balancerait encore « où tu veux que je mette ça, hein ? » Alors depuis quelques mois je leur parle presque pas, le matin je me dépêche de partir au lycée et dès que je rentre je vais m'enfermer dans ma chambre. Je ne peux plus supporter leurs regard, leurs remarques, tout ça fini par faire trop mal. Vous ne pouvez pas imaginer ce que c'est que d'avoir des parents qui n'apprécient rien chez vous. Qui vous critique à longueur de temps, même devant leurs amis... et peut-être même surtout devant leurs amis. Je ne les comprends pas, j'ai, pendant longtemps tout fait pour qu'ils soient fier de moi, mais rien n'y faisait, alors j'ai lâché l'affaire et essaye d'oublier que quoi que je fasse ils le désapprouveront toujours. Il y a des fois je me demande comment je peux être leur fille, sérieusement, on n'a rien en commun. Ils n'aiment pas l'art, ils n'aiment pas la musique, ils n'aiment pas faire des sorties, comme faire du shopping ou aller au ciné ou juste pour se balader. Les enfants doivent quand même avoir certaines choses en commun avec leurs parents, non ? Ma mère, à part ses chats et le droit, il y a rien qui l’intéresse ; et mon père c'est la technologie. Il est tout le temps en train d'en parler et de fabriquer des trucs, chez nous c'est pire que le laboratoire de Bill Gates ; tout est High Tech. Je ne m'en plains pas, c'est cool, mais il y a des limites. Personnellement tant que mon ordinateur et mon téléphone portable fonctionnent, le reste, je m'en contre fou éperdument. Le pire, je crois, c'est quand je leur ai annoncé que je voulais être artiste, enfin dessinatrice ; j'ai cru que ma mère allait faire un arrêt cardiaque. Elle a ouvert grand les yeux et la bouche et a porté la main à son cœur, on se serait cru dans un film à l'annonce d'un diagnostique fatal. Elle ne m'a pas adressé la parole pendant trois jours après ça, elle m'a dit « je ne te laisserais pas gâché ta vie, tu feras du droit et reprendra le cabinet familiale » Oui, dans sa famille, ils sont avocats de mère en fille, bizarre comme tradition. Mon père, lui, à ajouté « artiste ce n'est pas un métier, tu finiras dans la rue, le dessin ça ne paye pas ». Au ton de leur voix je me suis crue à un procès en cour d'assise, où le verdict était sans appel. Donc voilà, je suis en terminale littéraire et l'an prochain j'irais en fac de droit, suffisamment loin pour que je ne vois plus Thomas. Ce qu'ils ignorent c'est qu'il a été accepté dans la même fac, parce que lui compte vraiment devenir avocat. Depuis deux mois j'envoie mes dessins à un magasine qui les publie chaque semaine. J'utilise un pseudo, au cas où mes parents tomberaient dessus, parce qu'ils ne sont évidement pas au courant. C'est pas faute d'avoir essayé de leur dire, mais ils étaient soit trop occupés, soient trop fatigués pour écouter ; alors tant pis. Le mieux de tout, je crois, c'est quand le bulletin de note du trimestre arrive. S'il est satisfaisant il part avec les autres dans le tiroir du bureau de ma mère et s’il y a une matière où la moyenne ne leur convient pas c'est la fin du monde. Je suis privée de sortie pendant trois semaines. J'imagine que tous les enfants qui ont des mauvaises notes se font disputer par leurs parents, sauf qu'il faut savoir que moi j'ai l'obligation d'avoir au minimum 12 dans toutes les matières. J'ignore la raison pour laquelle mes parents ont fait un enfant mais, de toute évidence, je ne suis pas ce qu'ils attendaient. Il y a quelque chose qui cloche, il y a forcement quelque chose que j'ignore et qui me ferait comprendre pourquoi les choses ont tourné de cette façon. J'ai lu quelque part que l'enfant, d'une certaine façon, choisi ses parents. Je me demande comment j'ai put choisir ceux là. Il se pourrait qu'encore une fois quelqu'un ait décidé pour moi. Voilà, nous allons entrer dans le vif du sujet et revenir plusieurs mois en arrière. Nous sommes début avril 2009, le 20 je crois, nous sortons du lycée, il est 17 heures. Thomas et moi discutons, comme d'habitude de musique, lorsqu'une femme arrive vers nous.
  • Excusez-moi, dit-elle.
  • Oui, vous voulez un renseignement ? questionne Thomas.
  • Non, en fait... Tu es bien Lyra Adams ? me demande-t-elle.
  • Oui, mais vous, vous êtes qui ?
  • Et bien... il y aurait un endroit où on pourrait discuter ?
  • Je voudrais d'abord savoir qui vous êtes.
  • Je te le dirais, mais pas ici.
  • Il y a un bar un peu plus loin, dit Thomas, qui n'a aucune intention de me laisser seule avec cette femme.
Nous nous dirigeons tous les trois vers le bar, entrons et allons nous installer tout au fond de la salle à l'écart des autres personnes. Puis, trop intriguée par cette femme, je l'interroge sur un ton pas très courtois :
  • Bon, vous êtes qui et vous me voulez quoi ?
  • Lyra, je suis ta mère !
Sans le vouloir j'éclate de rire, mais me calme en lisant dans les yeux de Thomas que cette femme dit peut-être la vérité.
  • J'ai déjà une mère vous savez, elle s'appelle...
  • Valentine, me coupe-t-elle.
  • Comment savez-vous ça ? demande Thomas plus rapide que moi.
  • Et bien, Lyra tu dois savoir la vérité.
Soudain l'angoisse me gagne. « Ai-je vraiment envie que cette femme continue ? » Je lui dis :
  • Et si j'ai pas envie de la connaître, la vérité ?
Thomas prend ma main sous la table et la serre entre les siennes, juste pour dire : « ça va aller, je suis là ».
  • Lyra, désolé d'être brutale, mais c'est très important et je ne te laisse pas le choix.
J'ai si souvent entendu cette phrase que j'ai encore moins envie de l'écouter. Pourtant guidée par la douceur de Thomas qui me rassure je lui dis :
  • Allez-y, j'écoute.
  • Il y a 18 ans, j'ai mis au monde des jumeaux, un garçon et une petite fille, toi.
  • Alors, j'ai un frère ?
  • Oui ! Écoute, votre père est partit juste après avoir su que j'attendais des jumeaux, il a dit que les jumeaux étaient une malédiction, qu'on avait fait ça pour le punir, enfin bref...
  • Où vous l'avez trouvé ce type ?
  • On s'était rencontré au lycée. Mais bon, tout ça pour te dire que je ne me sentais pas capable d'élever deux enfants en même temps. J'étais jeune, je n'avais que 20 ans, mes parents ne voulaient plus me voir parce que j'étais partit avec votre père, donc j'ai décidée de faire adopter un des enfants.
  • Moi évidement, dis-je en colère.
  • Lyra, je suis désolée, ton frère avait l'air si fragile, je ne pouvais pas me résigner à le laisser. Toi, tu avais l'air forte, le peu de temps que vous avez passé ensemble, tu semblais le protéger, tu veillais sur lui.
  • Et vous m'avez empêché de continuer, si bien sûr ce que vous dites est vrai.
  • C'est la vérité Lyra, aussi dur qu'elle puisse être. Je te le jure.
  • C'est facile de jurer ! Je peux vous jurer de ne pas vous détester et le faire quand même !
  • Lyra, intervint Thomas.
  • Quoi ? Non, je veux pas y croire, ma vie est déjà un cauchemar, elle débarque au bout de 18 ans pour faire quoi ? En rajouter une couche ? C'est quoi la suite du programme, mon frère va mourir et vous voulez que j'aille le voir ? la questionne-je en criant.
  • Je suis désolé Lyra, dit-elle tristement.
  • C'est pas vrai !
  • Si... il faut...
  • Non, je veux pas le savoir, je veux plus vous voir, j'me tire.
  • Lyra attend ! crie Thomas.
Je ne l'écoute même pas et part en courant empruntant la route pour rentrer chez moi.
Juste avant d'arriver, je prends le petit chemin sur la gauche et vais m'effondrer près de la ferme en ruine. Je laisse la colère et la tristesse me submerger, je ne peux pas y croire. Mon monde s'effondre complètement cette fois, ça faisait déjà des années qu'il était en ruines, mais maintenant il n'en reste rien. Tout à été dévasté en moins de deux minutes. Ma vie est basée sur un mensonge, rien n'est vrai et en même temps tout s'explique, l'amour fictif de mes parents, nos incompréhensions, l'absence qui me torture. « Mon frère...j'ai un frère, un jumeau, et il va mourir. BORDEL, mais qu'est-ce que j'ai fais pour mériter une vie pareille ? » Les larmes commencent à couler lorsque j'entends :
  • Je savais que je te trouverais ici.
  • Thomas...
  • Lyra, je suis désolé, dit-il me prenant dans ses bras.
  • Ça peut pas être vrai... c'est pas possible... pourquoi ? Tu... tu imagines si tout est vrai... je fais quoi ?... si mon jumeau est vraiment en train de... de mourir... je l'ai pas vu depuis 18 ans et... et il... Tom, je veux pas...
  • Calme toi, ça va aller, chut.
Doucement mes larmes cesse de couler, je me calme, lentement bercée par les battements de son cœur, et demande :
  • Elle est partie ?
  • Non, elle est avec tes parents.
  • Mes parents ! Je ne sais même plus qui sont mes parents, je ne sais même pas si Lyra est mon vrai prénom ou si j'en avais un autre quand on est nés. Je ne sais pas qui est ma famille, tout le monde ment. Comment savoir qui dit la vérité et qui ment ?
  • Je sais pas Lyra, mais sache que je ne t'ai jamais menti, ni rien caché sur moi. Je serais toujours là, aussi longtemps que tu le voudras.
  • Je suis perdue Tom, je sais pas ce que je dois faire, lui donner une chance, lui en vouloir tout en allant voir mon frère, ou fuir à l'autre bout du monde et oublier toute ma vie.
  • Je crois que tu devrais laisser tomber la dernière solution et choisir une des deux autres options.
  • Ouais, t'as raison.
  • Et tu devrais aussi rentrer chez toi, avant que ta mère pique une crise.
  • C'est même pas ma mère !
  • Lyra, c'est elle qui t'a élevée, qui s'est occupée de toi, alors même si c'est pas ta mère biologique, au final ça revient au même.
  • Tu sais que parfois ça m'agace que tu ais toujours raison.
  • Désolé.
Nous rions, je m'évade l'espace de quelques secondes. Thomas me raccompagne jusque devant la porte de chez moi, me fais un bisous sur la joue et dit :
  • Ça va aller. Et si tu veux on se retrouve ce soir.
  • Ouais, je t'appellerais.
Il commence à partir, je dis :
  • Merci.
  • De quoi ? demande-t-il en se retournant.
  • D'être là.
Il sourit et s'en va. Je soupire bruyamment et passe enfin la porte d'entrée. Je vois mes parents avec la femme de tout à l'heure assis autour de la table. En fait, elle ne m'a même pas dit comment elle s'appelait, elle ne s'est même pas présentée, elle a juste balancée « je suis ta mère ». Tout le monde me regarde et ma mère dit :
  • C'est seulement maintenant que tu rentres ? Il t'en a fallu du temps ! Tu étais sûrement en train de traîner avec ce voyou !
Le voyou, c'est Thomas, mes parents ne l'aime pas, ils sont persuadés qu'il a une mauvaise influence sur moi. Ce qu'ils ne savent pas c'est que sans lui je ne serais probablement pas là devant eux. Sur un ton de défi je réponds :
  • Désolé, je ne retrouvais plus la maison de mensonge, trahison et cruauté.
  • Arrête un peu d'en faire des tonnes, dit-elle.
  • Ouais t'as raison, c'est pas grand chose après tout, j’apprends par une inconnue que j'ai été adoptée, donc que mes parents ne sont pas mes vrais parents, que mon vrai père est un taré et ma mère vient me trouver au bout de 18 ans juste pour que j'aille voir un frère que je ne connais pas et qui va mourir. En fait, s'il n'avait pas été malade, elle ne serait jamais venue me voir, j'aurais jamais rien su et tout le monde trouve ça normal, c'est pas grave t'as raison, rien ne l'est jamais. Pas vrai ?
Cette fois ma mère biologique intervient. Peut-être qu'un jour je connaîtrais son nom. Elle dit :
  • Lyra, je ne savais pas qu'ils ne t'avaient rien dit.
  • Et qu'est-ce que ça change ? Tu m'as abandonnée il y a 18 ans et aujourd'hui tu te pointe en disant « heu, ton frère jumeau va mourir, ce serait bien qu'avant de partir pour toujours il voit ton visage. » Je suis censée répondre quoi à ça ?
  • Je ne veux pas seulement que tu ailles le voir, il à besoin de toi, il lui faut un donneur compatible.
Je ne crois pas ce que je suis en train d'entendre. Je la regarde choquée par ses paroles, puis dis :
  • Tu es pire que ce que je croyais. En fait tu te sers de moi, je lui sauve la vie et après tchao. T'es super comme mère, vraiment, je sais pas lequel de nous deux à le plus de chance, lui ou moi. Sans réfléchir je dirais que c'est moi, parce que j'ai pas eu à grandir avec un monstre.
  • Lyra, enfin !
  • Quoi ?
  • C'est tout de même ta mère.
  • Ma mère ! Tu veux savoir ce que Thomas m'a dit tout à l'heure ? Que ma mère c'était toi, parce que c'est toi qui m'a élevée et qui c'est occupée de moi pendant toutes ses années alors qu'elle, elle m'a laissée.
  • Et il avait raison, dit mon père, enfin sortit de son silence habituel.
  • Nicolas, voyons ! s'exclame ma mère, comprenant apparemment pas que c'est la vérité.
  • Ouvre les yeux. Lyra te dit la vérité, ce qu'elle fait est immoral.
  • Elle cherche seulement à sauver son fils.
  • En utilisant notre fille !
  • Notre fille ! Je te rappelle que tu ne voulais pas d'enfant, au départ.
De mieux en mieux, vraiment, c'est la journée révélation apparemment, bientôt je vais apprendre qu'ils me haïssent tous les deux.
  • Arrêtes avec ça, je m'occupe d'elle autant que toi et je l'aime comme ma propre fille. C'est vrai qu'il m'arrive d'être en désaccord avec ses idées et ses rêves mais je ne veux pas non plus l'obliger à faire quelque chose qu'elle ne veut pas.
« Ils vont continuer longtemps à parler de moi comme si j'étais pas là ? »
  • Attends ça veut dire quoi ça ? Je veux juste qu'elle puisse avoir un avenir. En reprenant le cabinet elle aura une belle vie et pourra envisager de fonder une famille sans aucun problème.
« Faudrait-il encore que je veuille un avenir et une famille. »
  • Mais c'est n'importe quoi elle...
  • S'il vous plaît ! intervint ma mère biologique, dont j'ignore toujours le nom.
Mes parents se taisent, la regarde, me regarde. Je suis toujours debout dans l'encadrement de la porte du salon.
  • Lyra, écoute moi, je sais que tout ça doit te faire du mal et que...
  • Arrête, surtout me dit pas que tu sais ce que je ressens, vous en avez aucune idée, ni toi, ni vous.
  • D'accord, tu as raison, j'en sais rien du tout, mais je te demande seulement d'aider ton frère, c'est tout ce que je veux.
  • Je crois que j'l'avais compris ça ! Tout ce que tu veux c'est le sauver lui. Qui me sauvera moi ?
  • Lyra tu as le droit de refuser, me dit mon père d'une voix extraordinairement douce.
Je crois que c'est la première fois qu'il me parle comme ça.
  • Non !
  • Non quoi chérie ? demande-t-il sur le même ton.
Le « chérie » aussi c'est nouveau. Faut-il toujours qu'il se passe des trucs graves pour avoir un peu d'attention ? Je me sens mal tout à coup, je pense à mon frère, sans le vouloir des larmes s'échappent de mes yeux.
  • J'ai pas le droit... de refuser... je peux pas... l'abandonner... je dois le sauver. Il n'a que 18 ans... il ne peut pas... partir maintenant... je veux le connaître.
Je ne contrôle plus mes pleurs et laisse sortir toute ma peine. Je me sens si faible. Ma mère biologique se lève et s'approche de moi en disant :
  • Oh merci Lyra. Je savais que tu accepterais.
Elle va pour me prendre dans ses bras, je fais quelques pas en arrière, lui précisant :
  • Me touche pas... je fais pas ça pour toi... mais pour lui... que ce soit clair... pour tout le monde... c'est seulement pour le sauver... lui.
  • D'accord, d'accord, pour lui.
  • N'attends rien de moi... ni maintenant, ni après... par contre je veux savoir... comment il s'appelle... ou il est... et qu'on nous foute la paix... quand... quand on sera ensemble.
  • Tout ce que tu voudras, j'aimerais pouvoir te prendre dans mes bras, Lyra, s'il te plaît.
  • Mais moi je veux pas... personne ne se souci de... de ce que je veux... de ce que j'ai voulu pendant toutes ces années... alors je me fous... de ce que tu veux.
  • Lyra, on... commença ma mère.
  • Je veux pas le savoir... je vais dans ma chambre... pas la peine de venir me chercher... je ne mangerais pas.
Personne n'ajoute un mot, je sors de la pièce et monte à l'étage. J'entre dans ma chambre, ferme la porte à clé pour ne pas être dérangée et vais m’asseoir près de la fenêtre. Je prends ma guitare pour jouer la chanson la plus triste que je connaisse. Mes larmes ne s'arrêtent plus de couler je suis fatiguée, j'ai mal au fond de moi. Comment se peut-il que, si jeune, on puisse ressentir des douleurs pareilles ? La vie est tellement injuste. Vingt minutes plus tard, quelqu'un frappe à ma porte.
  • Lyra ouvre c'est papa.
Je pose ma guitare sur mon lit et vais ouvrir.
  • Tiens, Julia a laissé ça.
Je prends le morceau de papier qu'il me tend en disant :
  • Ah, elle s'appelle Julia.
  • Elle ne te l'avait pas dit ?
  • Non, elle ne s'est pas présentée, c'est limite si elle n’a pas dit « bonjour, je suis ta mère biologique, ton frère va mourir, je veux que tu l'aides ».
  • Je suis désolé, sincèrement, les choses n'auraient jamais dû se dérouler de cette façon.
  • Je peux te poser une question ?
  • Bien sûr.
  • Est-ce que si... Julia, n’était pas venue me voir, vous me l'auriez dit un jour que vous m'aviez adoptée ?
  • Et bien pour être honnête, j'ai toujours voulu que tu le saches, mais ta mère pensait que ça n'avait aucune importance qu'on t'en parle ou non.
Je ne réponds rien, de toute façon que voulez-vous répondre à ça ? Suis-je la seule à ne pas trouver ça normale ?
  • Est-ce que tu pourras m'y emmener demain après les cours ? demande-je en montrant l'adresse de l'hôpital inscrite sur le morceau de papier que je plie entre mes doigts.
  • Bien sûr.
  • Merci papa.
  • Viens là, dit-il, ouvrant ses bras.
J'accepte avec plaisir et me blottis contre lui. Mon portable sonne, mon père me lâche, je lui souris et il redescend.
  • Allô !
  • Salut, c'est Thomas, est-ce que ça va ?
  • Heu... non, mais on fera avec, comme toujours.
  • Tu veux que je vienne ?
  • Non, mes parents sont en train de manger. On peut se retrouver vers 22 heures, au même endroit que d'habitude.
  • Il n'y a pas de problème, j'y serais.
  • Merci.
  • C'est normal, à tout à l'heure.
  • À tout à l'heure.
Je me rassois près de la fenêtre. Je n'arrive pas à détacher mes yeux de son prénom, Liam, c'est joli, c'est un prénom irlandais, j'aime beaucoup. J'aimerais qu'on soit déjà demain soir et en même temps je voudrais que tout ça ne soit qu'un rêve. Je voudrais me réveiller, qu'on me dise que c'était une énorme blague. Malheureusement, tout est vrai, je voudrais dire, « heureusement que tout est vrai », mais il n'y a absolument rien d'heureux dans toute cette histoire. La seule chose positive, c'est que je connais enfin la raison du vide au fond de moi, et si jamais je ne suis pas compatible ; il mourra et ça je ne peux pas l'accepter, je le refuse. Il faut que je m'évade, je me sens vraiment mal ; j'étouffe dans cette maison, je vais monter sur le toit maintenant. Je m'assois et m'enroule dans la couverture que nous laissons parfois. Je lève les yeux vers le ciel, il est parsemé d'un million d'étoiles. C'est magnifique et en même temps si terrifiant de se dire que nous sommes si petit vu de là-haut. Je n'ai jamais crue que quelqu'un « gouvernait le monde » pourtant si je faisais semblant d'y croire, juste une seconde, je demanderais que l'on sauve mon jumeau, qu'on me laisse la chance de pouvoir construire un monde meilleur avec lui. Je vois l'arbre bouger, ça me tire de mes pensées. Et la tête blonde de Thomas apparaît sur le bord du toit. Il sourit en disant :
  • J'ai bien fais de venir plus tôt.
  • Il fallait que je prenne l'air.
Il s'assoit à mes cotés, passe tendrement son bras autour de mes épaules.
  • Tu as envie de m'en parler ?
Je m'appuie contre lui et commence mon pitoyable récit.
  • Alors, la femme que tu as vu tout à l'heure est bien ma mère biologique, elle s'appelle Julia, mon vrai père je ne sais pas qui c'est, ni où il est, mais en même temps ça m'importe peu, il ne doit pas être bien net pour croire que les jumeaux sont les descendants direct de Satan. Ensuite, mon frère jumeau risque de mourir si je ne l'aide pas, si je ne suis pas compatible, mais je ne sais pas ce qu'il a, elle a juste laissé ça avant de partir.
Je lui donne le papier que mon père m'a apporté.
  • Liam Scott, chambre n°414, quatrième étage et c'est à l'hôpital du centre ville.
  • Mon père va m'y emmener demain après les cours.
  • Je ne t'accompagnerais pas, sauf si tu le veux vraiment, mais tu pourras m'appeler quand tu seras rentrée, d'accord.
  • Je ne pensais pas te demander de m'accompagner, je crois que j'ai besoin de me retrouver seule avec lui.
  • Bien sûr. Et après il s'est passé quoi ?
  • Et bien, ma mère a dit que mon père ne voulait pas d'enfant au début, il ne voulait pas de moi.
  • Je suis vraiment désolé.
  • Arrêtes de dire ça, s'il te plaît, je crois que je vais en faire une allergie, le monde entier passe son temps à être désolé et là c'était tellement hypocrite, tu vois genre, « je suis désolé de te faire souffrir mais c'est pour une bonne cause ».
  • Tout ça est cruel.
  • Ouais, c'est ce qu'a dit mon père, c'était le seul à être d'accord avec moi sur ce point. Ma mère défendait Julia en disant qu'elle voulait juste sauver son fils, et c'est réellement la seule chose qu'elle attend de moi. J'aide Liam à vivre et je disparais de leur vie, ou du moins de la sienne.
  • Cette femme est un monstre !
  • Je le ferais tu sais, peu importe de quoi il s'agit, c'est mon jumeau je dois le sauver. Si je le fais pas personne n'y arrivera. Il faut que tu sache, toi comme les autres, que je le fais pour lui, seulement pour lui. Parce que mourir à 18 ans c'est une chose que je ne peux pas concevoir. Je ne veux pas connaître, enfin, la raison de mes multiples insomnies pour assister à son enterrement dans six mois, ça ne doit pas se passer comme ça.
  • Tout ira bien, tu verras, je suis sur que vous vous entendrez à merveille.
  • Je l'espère aussi, je voudrais pouvoir construire une muraille autour de nous ; toi, lui et moi. Je voudrais que ma vie future soit comme ça. Nous trois et le monde autour. Et jamais plus je ne croirais la parole d'un adulte.
  • Pas tout le monde ment.
  • Peut-être, mais une grande majorité, et pour moi ça fait déjà beaucoup trop.
Un long silence s'installe entre nous et la nuit, je me blottis dans ses bras le laissant me bercer doucement. Au bout d'un moment je demande :
  • À ton avis, il était au courant de tout ça ?
  • Qui ? Ton frère ?
  • Oui.
  • Je sais pas, certainement.
  • Alors pourquoi est-ce qu'il n'est pas venu me trouver ? Pourquoi il n’a pas cherché à me contacter ? Est-ce que lui aussi se sert de moi ? Est-ce qu'au final la seule chose qu'on attend de moi c'est que je lui sauve la vie sans rien dire ? Est-ce qu'il y a que toi qui sois avec moi sans rien attendre en retour ?
  • Lyra tu dérailles, il a peut-être pas eu le temps, peut-être que Julia lui en a parlé et qu'il est tombé malade juste après. Écoutes, tu lui demanderas demain.
  • D'accord, mais toi ?
  • Quoi moi ?
  • Tu n'attends réellement rien de moi ?
Le silence s'impose de nouveau, il est très gênant cette fois.
  • Peut-être pas rien, souffle-t-il finalement.
  • Comment ça ? Pas rien ? Tom...
  • Lyra, je n'exige rien, j'aimerais simplement pouvoir rester près de toi, que tu... me prête ton cœur un petit bout de temps.
  • Tom, tu es en train de me dire que tu...
  • Oui Lyra. J'ai cru que tu finirais par comprendre, avec ce qui se passe à chaque fois qu'on se retrouve ici, mais...
  • J'ai jamais compris... et je m'en excuse, j'ai jamais voulu te faire de mal.
  • Non, non, tu m'as pas fais de mal. Je trouvais ça bien, c'était un peu comme un secret ; on était là, il se passait des trucs et on en parlait jamais, mais aujourd'hui je suis vraiment accroc. Tout le monde ment, je tiens à être honnête avec toi ; je ne te l'ai jamais caché, je ne l'ai jamais avoué c'est différent. Je ne te cache plus rien... sauf peut-être que j'ai très envie que tu dises quelque chose.
Je ne réponds rien, je suis toujours dans ses bras. Mon regard se perd dans le vide. Thomas est la seule personne à m'avoir aidé, à avoir toujours été là pour moi et à me soutenir quoi qu'il arrive. Partager un amour fort et sincère pour une fois pourrait être une bonne chose, surtout en ce moment. Et il se pourrait que j'en ai envie aussi. Sans briser le silence, je me tourne vers lui, m'approche lentement de son visage et dépose tendrement mes lèvres sur les siennes. C'est tellement différent cette fois. Ce baiser est plein d'amour, de tendresse et de promesse.


2/ Retrouvailles.


Le lendemain matin au lycée.
  • Mais pourquoi les heures passent si lentement ? Il n'est que 9h15 et j'ai l'impression que ça fait au moins 4 heures qu'on est là.
  • Les heures passent de la même façon que d'habitude, c'est seulement toi qui voudrait que la journée soit déjà fini.
  • Ouais possible, mais on s'ennuie à mourir dans ce cours... je voudrais tant qu'on soit déjà 15 heures.
  • Ouh ! Notre petite Lyra à un rendez-vous galant après les cours ? Tu dois être déçu Thomas, dit James, assis devant nous.
  • De quoi tu parles ? demande Thomas aussi perplexe que moi.
  • Écoutes, d'abord tu m'appelle pas petite Lyra, j'ai pas de rendez-vous galant et si c'était le cas tu serais sûrement le dernier à qui je le dirais. Ah oui, juste pour l'info, je sors avec Thomas.
Thomas sourit devant la tête déconfite qu'affiche James.
  • T'as le droit te retourné maintenant.
  • Dites les trois au fond, je vous dérange pas trop ? demande la prof agacée.
  • Non, ça va, merci.
  • Lyra ! Mais t'es devenu dingue ?
  • Lyra Adams, tu veux finir chez le proviseur ?
  • Non madame.
  • Alors taisez-vous et suivez le cours, ou faites au moins semblant jusqu'à la sonnerie.
  • À vos ordres chef, murmure Thomas.
Quelques minutes plus tard sonne l'heure de la pause, enfin. On se dépêche de sortir et allons nous asseoir sur un banc un peu à l'écart.
  • Pourquoi est-ce que lorsque tu veux absolument qu'un truc arrive, il faut que le temps soit si long ?
  • Un peu de patience Lyra.
  • Je veux pas attendre, j'ai l'impression de faire que ça, attendre. Que les choses changent, que le temps passe, de connaître enfin mon frère... que tu m'embrasses.
Thomas me regarde un immense sourire aux lèvres, il m'attrape par le bras et me tire contre lui. Voilà ce dont j'avais besoin, un instant de tendresse, d'amour et de douceur pour me calmer. Je me blottis contre lui, il m'entoure de ses bras et dépose de tendres baisers contre mon cou.
  • Je cois que tout le monde nous regarde.
  • Effectivement.
  • Pourquoi les gens sont si surpris ?
  • Je me fous complètement de ce qu'ils pensent.
Ça c'est bien Thomas, toujours à se foutre éperdument de l'opinion des autres. C'est lui qui m'a appris à devenir plus forte et à laisser les autres parler. Le reste de la journée passe finalement assez vite. Il est à présent 15 heures et nous sortons de cours.
  • Ça va pas ? questionne Thomas en me prenant la main. T'as pratiquement pas dis un mot depuis qu'on est sortit de la cantine ce midi.
  • Je crois bien que j'ai attendu ce moment toute ma vie et maintenant, je sais pas, je sais pas comment ça va se passer, je sais même pas s'il sait à quoi je ressemble. Imagine, je rentre et il me dit « heu je crois que tu t'es trompée de chambre. » Je lui réponds quoi ? « bah non je suis ta jumelle, je viens te sauver la vie. » Ça craint !
  • Calme-toi ! Ça va aller tu verras.
  • Tu veux pas...
  • Non Lyra, pas cette fois, tu dois y aller seule. Ton père est là.
  • Ouais. Je t'appelle quand je suis rentrée.
  • D'accord, à tout à l'heure.
On échange un baiser furtif, essayant de se cacher de mon père. Comme mes parents ne sont pas au courant, je voudrais pas qu'il s'énerve et qu'il décide de ne plus m'emmener voir Liam. Je monte en voiture et dit bonjour.
  • Bonjour ! C'était bien les cours ?
  • Oui ! C'est des cours tu sais.
  • Oui, répond-t-il en riant.
Pour la toute première fois mon père me parle de son adolescence et me raconte que lui aussi n'aimait pas beaucoup l'école, qu'il se faisait souvent coller. On arrive enfin devant l'hôpital. Je suis très stressée, je regarde le bâtiment, inquiète de ce qui m'attends à l'intérieur. Mon père me ramène sur terre lorsqu'il dit :
  • Tu m'appelles dès que tu veux rentrer, je vais rester en ville, d'accord.
  • D'accord, merci papa.
Je descends de voiture et entre enfin dans le hall d'accueil. Je suis les flèches indiquant le service que je cherche, prend l'ascenseur jusqu'au quatrième étages et cherche la chambre numéro 414. Je la trouve assez rapidement au bout du couloir, je m’arrête ; mon cœur bat si vite que je n'entends même plus mes pensées vagabonder. Je reste là, figée devant cette porte, incapable de faire un mouvement. Une infirmière passe à coté de moi, s'arrête pour me demander :
  • Vous venez voir Liam ?
  • Oui.
  • Vous pouvez entrez, il est dans sa chambre.
  • Je...
  • Est-ce que ça va ? questionne-t-elle en me dévisageant.
  • Oui, je crois.
  • Vous êtes de la famille ?
Je ne réponds pas tout de suite, puis lui dis :
  • Je suis sa sœur, Lyra.
  • Ah ! Il va sûrement être ravi de vous voir. Allez-y entrez.
Je respire profondément, pose ma main sur la poignée de la porte et l'ouvre doucement. Je fais un pas et avance ma tête, mon regard se pose immédiatement sur le jeune garçon allongé dans les draps blanc, branché à je ne sais pas combien de fils.
  • Tu es Lyra, n'est-ce pas ? demande-t-il.
J'entre complètement et referme la porte avant de répondre dans un murmure :
  • Oui.
Je ne m'approche pas de lui. Je me dirige vers le bout du lit, sans le quitter des yeux, restant bien à l'écart. Je l'observe, mon regard passe de son corps aux machines qui l'entourent. Sans rien comprendre, ni contrôler, des larmes s'échappent de mes yeux et glissent le longs de mes joues.
  • Non Lyra, ne pleure pas, s'il te plaît ne pleure pas, viens là... viens, me dit-il les bras tendus vers moi.
Je me décide enfin à m'approcher de lui et attrape sa main.
  • Je sais que tout ça doit t'effrayer un peu, mais ce n'est rien.
Mes larmes ne cessent toujours pas, je n'arrive pas à les arrêter et ses yeux finissent aussi par s'embuer de pleurs. Nos mains restent liées sur le bord du lit, nous pleurons en silence les yeux dans les yeux. Je m'assoie à ses cotés, sans quitter sa main, et avec l'autre essuie ses larmes qui n'auraient jamais dû couler. Je fais ensuite disparaître les miennes et lui demande pardon.
  • Ne t'excuse pas, tu as toutes le raisons du monde pour avoir envie de pleurer.
Je tourne mon regard un instant vers la table de chevet et vois une photo de moi. J'ignorais que ma mère en avait donnée une à Julia.
  • Je suis vraiment désolé.
  • Désolé de quoi ? questionne-je sans comprendre.
  • Je suis désolé que nous fassions connaissance dans ces conditions.
  • Tu sais, ça peut te paraître bizarre, mais je crois bien que si tu n'avais pas été malade on ne se serait jamais rencontré. Je crois que Julia ne serait jamais venue me voir et comme mes parents n'avaient pas l'intention de me dire que je n'étais pas leur fille biologique, j'aurais jamais pus te rechercher pour te retrouver.
  • C'est vrai tu as raison, il faut que tu saches que je... j'ai apprit ton existence il y a une semaine seulement, lorsque les médecins ont dit que maman n'était pas compatible et comme personne ne sait où est notre père, je crois qu'effectivement c'était notre seule chance.
Je souris et caresse sa joue du bout des doigts, il ferme les yeux une seconde, j'ai l'impression d'avoir un immense besoin de ce contact.
  • Je vais te sauver moi, grand frère. Tu dois vivre, je veux plus passer une minute séparée de toi.
Il baisse les yeux, inquiète je demande :
  • Qu'est-ce qu'il y a ?
  • Je... j'avais demandé à maman de ne pas faire ça, elle n'avait pas le droit, pas après ce qu'elle nous a fait, ce qu'elle t’a fait, je ne voulais pas... je... je lui ai juste demandé de te retrouver, je voulais te connaître avant de partir.
  • Et tu imagines que je t'aurais laissé partir sans rien dire, ni rien faire ? Tu es mon jumeau, tu vas pas partir comme ça, sans que je me batte pour toi. Tu dois rester, il le faut, je veux qu'on apprenne à se connaître, je veux qu'à partir de maintenant tu fasses parti de ma vie.
  • J'aimerais tant Lyra, je voudrais vraiment, mais...
  • Il y a pas de « mais », c'est ma décision, je ne reviendrais pas dessus. Tu n'as que 18 ans, tu peux pas partir maintenant, c'est beaucoup trop tôt. Je sais que je n'ai pas le droit de te demander ça si tu as pris une décision, mais je t'en prie bat toi.
  • Ça fait déjà six mois que je vis comme ça, entre chez moi et les hôpitaux. Toi tu te battrais ?
  • Pour toi oui, jusqu'au bout du monde s'il le fallait. Il faut que tu saches que c'est seulement pour toi que je fais ça. Je me foutais de tout ce que disais Julia sur les raisons de mon adoption, parce qu'à l'instant où elle a dit que tu risquais de mourir si on faisait rien j'ai pris ma décision. Ce n'est pas pour elle, ou pour mes parents, ou encore pour un père que je ne connaîtrais jamais que je fais ça, mais pour toi seulement. Parce que je ne peux accepter de te perdre à l'instant même où je te retrouve enfin. Dis-moi que tu accepte, s'il te plaît.
  • D'accord princesse, je me battrais... pour toi... pour nous.
Je murmure un merci et dépose un baiser sur son front. Nous discutons de nos vies, se questionnant tour à tour sur nos goûts, nos amis, nos rêves et nos passions, se trouvant beaucoup de points communs. Puis on frappe à la porte de sa chambre et un médecin rentre.
  • Bonsoir, je sais qu'on nous a interdit de vous déranger, je devais quand même vous rencontrer, Lyra.
  • Et vous voulez quoi ?
Mon frère rit doucement sous le ton agressif de ma question.
  • D'abord je me présente, je suis le docteur Warrick et c'est moi qui m'occupe de votre frère.
  • D'accord.
  • Je vais pas rester longtemps, je suis seulement venu pour vous proposer un rendez-vous, pour qu'on discute de tout ça et que je vous explique ce qui va se passer.
  • Bien sûr. Comment vous savez que...
  • C'est madame Scott qui m'a appelé pour me prévenir, elle a dit que vous seriez sûrement ici ce soir. Voyez-vous, l'état de votre frère est stable pour le moment donc il ne faudrait pas perdre trop de temps.
  • Ça vous dérangerais d'arrêter de parler de moi comme si j'étais pas là ?
  • Excusez-moi monsieur Scott.
Le médecin se tourne vers moi et demande :
  • Samedi matin ça vous irait ?
  • Oui bien sûr. Plus vite on pourra le remettre sur pied et mieux se sera. N'est-ce pas grand frère ?
Il hoche la tête en souriant, je viens à peine de le retrouver et pourtant j'affronterais le monde entier pour ne plus jamais être séparée de lui.
  • D'accord, samedi matin 10h15. Je vous laisse ma carte si jamais vous avez des questions à me poser avant samedi.
  • D'accord merci.
  • Bon je vous laisse, personne d'autre ne vous dérangera, sauf peut-être les personnes qui passeront pour le repas.
  • Vous pouvez leur dire qu'elles sont pas obligées de passer, je déteste ce qu'on mange ici, j'ai envie d'un hamburger avec des frites.
Le médecin rit et dit :
  • Désolé, nous n'avons pas ça.
  • Dites docteur, s'il en mangeait un, qui atterrirait par pur hasard dans sa chambre, ce serait grave ?
Mon jumeau me regarde les yeux pétillants d'envie.
  • Ça ne pourra pas lui faire de mal, au contraire, il ne mange pas beaucoup alors une folie de temps en temps. Mais attention : de temps en temps.
  • D'accord, merci docteur.
Il sort enfin, je me retourne vers Liam et lui dit :
  • Je te promets de t'en apporter un demain.
  • Vraiment ? m'interroge-t-il un immense sourire sur les lèvres.
  • Ouais !
  • Super ! Génial ! Je t'adore, c'est super !
Je ris, j'en oublierais presque toutes ces machines qui bip, dessinent des piques bizarre. Il est 20h00, il faut que je parte, j'ai pas vu le temps passer. J'ai pas envie de le laisser, pas ici, dans cet endroit froid et beaucoup trop blanc. Il ressemble un peu à un ange, tout de blanc vêtu, dans ses draps blanc, seul ses cheveux noir ébène en bataille tranche dans toute cette pâleur. Je dois me résoudre à partir, je dépose un dernier baiser sur son front et dis :
  • Je reviens demain, je t'apporterais ton hamburger, c'est promis.
  • Même si tu venais sans ce serait pas grave. Je crois que je vais avoir besoin de ta présence le plus souvent possible, princesse.
  • J'aimerais tant pouvoir rester avec toi plus longtemps et le plus souvent possible. Je viendrais tous les jours, je t'en fais la promesse.
  • Allez sauve-toi, dit-il à contre cœur voyant que nos larmes menacent de tomber une fois de plus.
Je me décide enfin à le laisser, m'attardant tout de même quelques secondes devant la porte.
  • Bonne nuit... petit ange, murmure-je.
  • Bonne nuit, princesse.
Je referme la porte et descends jusqu'au parking où m'attends mon père. Je pleure, je ne sais pas réellement pourquoi : l'état de mon jumeau, le fait de l'avoir enfin retrouvé et de devoir le laisser encore. Mon père m'aperçoit et sort de la voiture, je m'arrête, il s'approche encore et me voit en larmes.
  • Lyra chérie, qu'est-ce qu'il se passe ?
  • Je sais pas... tout ça c'est tellement... pas juste... je voudrais que... je sais pas... mais pas ça.
  • Je sais, je suis vraiment désolé, j'aimerais pouvoir faire quelque chose pour apaiser ta peine.
  • La seule chose à faire, c'est sauver Liam et ça je suis la seule à le pouvoir.
  • C'est très courageux ce que tu fais Lyra, vraiment, je suis fier de toi je voulais que tu le saches.
  • Merci papa... merci.
Après ça nous rentrons à la maison, mon père est vraiment très gentil je ne comprends pas pourquoi il ne l'a jamais été avant. Je me demande s'il est comme ça juste parce qu'il sait que j'aurais besoin de soutient ou s'il a toujours voulu l'être mais qu'il ne savait pas comment si prendre. Peu importe en fait, j'apprécie son geste, c'est tout ce que je lui demande. Il est 20h30, je suis assise sur le toit et aperçois enfin les boucles blondes de Thomas.
  • Salut amour !
  • Salut, répondis-je en souriant.
On s'embrasse tendrement, il me serre dans ses bras. Je suis tellement bien là, je me laisse aller contre son cœur, et demande :
  • Je peux te parler de Liam ?
  • Bien sûr, tu n'as même pas à poser la question.
Je lui raconte tout dans les moindres détails, même le moment où je l'ai fait manger comme un bébé parce qu'il ne voulait pas avaler ses épinards, qui en réalité, avait vraiment l'air immondes.
  • Samedi j'ai rendez-vous avec son médecin pour qu'il m'explique tout ce que je dois savoir et faire pour sauver mon frère.
  • Tu veux que je vienne avec toi ?
  • J'aimerais beaucoup oui. Si tu as autre chose de prévu c'est pas grave, j'irais seule.
  • Lyra, mon amour, je passe tous mes week-ends et toutes les vacances avec toi depuis qu'on est gosse, ais-je déjà dis non à une de nos sorties ?
  • Non.
  • Bon alors je serais à tes cotés, je passerais te prendre et on ira ensemble, je demanderais à mon père si je peux lui emprunter sa voiture, ça sera moins compliqué qu'en bus.
  • Merci, vraiment... je t'aime tellement Thomas.
  • Moi aussi je t'aime amour.
  • J'aimerais pouvoir dormir dans tes bras cette nuit.
  • J'adorerais ça aussi, vendredi soir tu pourrais peut-être venir chez moi ?
  • Il faut que je demande à mes parents, il y a quelques jours je t'aurais dis, « c'est pas la peine d'y penser », mais aujourd'hui tout est différent, mon père est vraiment gentil, je pense que pour une fois il ne dira pas non.
  • Ce serait vraiment génial.
L'église sonne minuit, nous décidons à contre cœur de rentrer, se sentant tellement bien dans les bras l'un de l'autre, sauf que demain il y a cour. Il faut quand même qu'on dorme un peu. Le lendemain matin, je croise mon père dans la cuisine et lui demande :
  • Papa, je voulais savoir si vendredi soir je pouvais aller dormir chez Thomas ?
  • Et bien, je pars aujourd'hui pour quatre jours. Il y a pas de problème pour moi, je le dirais à ta mère tout à l'heure.
  • D'accord, merci. En fait, samedi matin j'ai rendez-vous avec le médecin de Liam et je lui ai demandé de m'accompagner, pour ne pas être seule.
  • Bien, c'est gentil à lui de faire ça, je pense que nous nous sommes trompés sur ce garçon, c'est quelqu'un de bien.
  • Oui papa, c'est quelqu'un de bien, vraiment.
  • Allez sauve-toi, tu vas être en retard au lycée et ne t'inquiète pas pour demain, ta mère sera d'accord aussi.
  • OK ! Merci. À dans quatre jours.
Je rejoins Thomas devant chez lui et nous partons. En chemin je lui dis :
  • Ce soir, après les cours, je vais directement à l'hôpital voir Liam.
  • D'accord, tu veux que je passe te chercher après ? Ça me rassure pas de te savoir toute seule dans les rues, la nuit.
  • Tom ! Je vais pas te faire sortir à 8 heures du soir.
  • Bah pourquoi ? Je viendrais te chercher, même si tu me demandais de venir te récupérer à Tokyo à 1 heure du matin.
  • OK ! Alors viens me chercher si tu y tiens tellement.
  • Oui, j'y tiens Lyra, en fait...
  • En fait, quoi ?
  • Je... non, laisse tomber.
  • Tom ! Tu sais très bien que je déteste quand les gens me cachent des choses.
  • D'accord, alors en fait, j'aimerais pouvoir... rencontrer ton frère pour... pour lui dire qu'il ne faut pas qu'il s'inquiète... que je veille sur toi.
  • Tom... dis-je dans un souffle.
  • Lyra, je connais les jumeaux et je sais qu'il aimerait pouvoir veiller sur toi, je veux simplement qu'il sache, qu'en attendant qu'il aille mieux, je suis là pour toi.
  • Alors viens avec moi ce soir.
  • T'es sûr ? Tu viens juste de le retrouver.
  • Ouais, comme ça je te le présenterais et tu lui diras tout ce que tu veux.
  • D'accord.
Nous sommes arrivés au lycée, la journée se passe, comme une journée de cours : j'ai tellement hâte de retrouver mon jumeau. Je ne l'ai pas vu depuis 18 ans et hier je ne suis restée que quelques heures avec lui, il nous est impossible de rattraper 18 ans d'une vie en quelques heures. Je l'ai à peine retrouvé, mais ça fait des années qu'il me manque, que j'ai besoin de sa présence, besoin de lui. Quand 17 heures sonne enfin, je fais un immense sourire à Thomas, attrape sa main et nous sortons du lycée. Nous nous rendons à l'arrêt de bus le plus proche et attendons. Des gens de notre classe passent devant nous et nous regardent étrangement, c'est vrai d'habitude on rentre à pied, en plus là, on va dans l'autre sens. Thomas sourit tout seul en les observant, je ne comprends pas.
  • Qu'est-ce qui te fais sourire comme ça ?
  • Les gens ! Non, mais regarde les, ils se disent « mais pourquoi ils prennent le bus ? ils le prennent jamais » ou encore « où est-ce qu'ils peuvent bien aller à cette heure-ci ? ». On ne leur dit jamais rien, du coup ils sont frustrés.
Je souris, Thomas est vraiment excellent ! Le bus arrive enfin, nous allons nous asseoir en silence, l'un à coté de l'autre, les mots sont inutiles. Tout ce que nous voulons à cet instant c'est être ensemble. Après une demi-heure de trajet nous descendons juste devant l'hôpital. J'ai fais le chemin qu'une seule fois, pourtant je pourrais trouver sa chambre les yeux fermés. Cinq minutes plus tard nous sommes devant la porte, je demande :
  • Prêt ?
  • Hum, vas-y.
Je frappe et nous entrons. Liam me regarde avec un grand sourire.
  • Salut !
  • Salut princesse !
Je m'approche de lui et dépose un baiser sur son front.
  • Je te présente Thomas, mon meilleur ami, et petit ami depuis quelques jours.
  • Ravi de te connaître, Lyra m'a parlé de toi hier.
Thomas s'approche alors et lui serre la main. Je m'éloigne du lit une seconde pour les laisser discuter et Liam dit à Thomas :
  • Veille sur elle, d'accord ?
  • Bien sûr, en fait c'est pour ça que je suis là. Je voulais que tu saches qu'elle n'est pas seule, je prends soin d'elle... jusqu'à ce que tu puisses le faire toi aussi.
  • Je pourrais peut-être jamais le faire...
  • Liam, dis-je plongeant mon regard dans le sien.
  • Non Lyra, on ne sait pas ce qui va se passer.
  • Bah justement, dis pas des choses pareilles, je... je veux que tu vives... je veux qu'on construise nos avenirs... ensemble.
  • Lyra princesse, pleure pas, viens là.
Je retourne vers lui et m'assois à ses cotés sur le lit en prenant sa main. Il pose son autre main sur ma joue pour essuyer mes larmes, en disant :
  • On ne sait pas ce qui va arriver et quoi qu'il se passe, j'ai besoin de savoir que tu ne seras pas seule pour l'affronter.
Il se tourne pour regarder Thomas et lui dit :
  • Alors je veux que tu me promettes que tu veilleras sur elle, toujours.
Thomas me regarde en souriant, puis regarde Liam pour répondre :
  • Je te le promets.
Le silence s'installe, Thomas va s’asseoir sur la chaise contre le mur, tandis que je reste assise sur le lit aux cotés de mon jumeau, mes yeux plongés dans les siens. Je repense soudain à la promesse que je lui ai fais hier, mon sourire s'agrandir, il m'observe sans comprendre.
  • Thomas, tu veux bien rester avec mon frère cinq minutes ? Il faut que j'aille faire quelque chose.
  • Heu, oui bien sur. Tu vas où ?
  • T'inquiète pas je reviens.
Je fais un bisou sur la joue de mon frère et me dirige vers la porte quand Thomas dit :
  • Et moi alors ?
Je souris pour moi, me retourne et l'embrasse.
  • Allez, à tout de suite.
En fermant la porte j'entends Thomas dire :
  • J'adore cette fille.
Et Liam approuve en rigolant. Je sors de l'hôpital en courant, jusqu'à présent j'avais toujours trouvée ça étrange qu'il ait construit un Mc Do à coté d'un hôpital, mais aujourd'hui je trouve ça pratique. Dix minutes plus tard j'entre de nouveau dans l'hôpital, essayant de cacher le sachet que j'avais dans les mains. J'entre-ouvre la porte de sa chambre et passe le sachet à travers, j'entends Liam crier :
  • Ouais ! Un hamburger ! Génial !
Je rentre, fermant la porte derrière moi. Thomas est mort de rire pendant que Liam s'agite dans son lit, les bras tendus vers moi. Une machine se met à sonner et une armada de médecins et d'infirmières déboulent dans la chambre.
  • Wow ! Il se passe quoi ? demande-je entre la surprise et l'inquiétude.
Les infirmières vérifient les machines et les médecins auscultent Liam. Je ne comprends rien, Thomas me prend la main, même si cette fois ça ne me rassure pas du tout. Au bout d'un interminable moment ils s'arrêtent enfin et nous observent. L'un des médecins dit :
  • Liam, vous savez que vous devez rester tranquille, pourquoi tant d'agitation ? On vous a déjà expliqué que les montées d'adrénaline étaient vraiment déconseillées, vous devez les éviter à tout prix.
  • Excusez-moi docteur, c’est de ma faute.
  • Oui bien sûr ! On ne vous a pas dit que les visites ne devaient pas durer plus d'une heure. Et qu'est-ce que c'est que ça ? questionne-t-il montrant le sachet que je tiens toujours à la main.
  • Attendez j'ai vu son médecin hier on m'a autorisée à rester ici autant de temps que je le voulais. c'est mon jumeau, on a grandit séparément, et il est malade. Vous ne croyez quand même pas que je vais partir ? Il se pourrait que je lui sauve la vie, d'accord ! Et ça c'est pour lui, son médecin à dit qu'il avait le droit d'en manger.
  • C'est impossible ! Infirmière, jetez ça à la poubelle et faites moi sortir tout ce monde d'ici.
  • Non ! cris-t-on en chœur Liam et moi.
  • Pourquoi ? On m'a dit que je pouvais rester avec lui, son médecin a donné l'ordre qu’on ne nous dérange pas.
  • Et bien, je vais faire annuler cet ordre stupide, croyez moi, votre frère doit se reposer, à moins que vous vouliez qu'il meurt encore plus vite.
  • Non, bien sûr que non...Liam...
  • Allez, dehors, tout de suite.
  • Non, Lyra ! Vous avez pas le droit !
  • Bien sûr que si et ne vous énervez pas, vous savez ce qui se passe quand vous vous énervez.
Voyant que je ne bouge pas et que Liam essaye de se débattre entre les bras des médecins qui tentent de le calmer, un autre médecin me prend par le bras et commence à me traîner hors de la chambre, Thomas s'interpose rapidement.
  • Hey, lâchez là, vous avez peut-être le droit de nous foutre dehors mais sûrement pas de nous brutaliser.
Un dernier regard vers mon frère et nous sortons de la chambre, suivi par les médecins et les infirmières.
  • Je vous conseille de ne pas remettre les pieds ici avant au moins une semaine.
  • Vous rêvez, je serais là samedi matin.
Puis Thomas me force à quitter l'hôpital, avant qu'on se fasse virer par la sécurité, me traînant presque par la main. À l'arrêt de bus je me mets à pleurer, ce qui vient de se passer me tue. Thomas remarque immédiatement mes pleurs et, en me prenant contre lui, demande :
  • Hey ! Qu'est-ce qu'il y a ?
  • C'est tellement injuste... on nous fout dehors de cette façon... mon jumeau risque de... mourir et... et on m'interdit d'être... avec lui le peu de... de temps qu'il lui reste... je hais les médecins !
  • Je sais Lyra, je suis vraiment désolé, quand on viendra samedi on en parlera à son médecin, il pourra sûrement faire quelque chose, c'est tout ce que j'ai à te proposer. Si on avait insisté c'est la sécurité qui nous aurait éjecté et on n'aurait jamais put revenir.
  • Je ne comprends pas... hier il m'a dit que Liam était stable... et lui il dit... qu'en venant le voir je... je... Tom... je veux pas qu'il meurt... ça se peut pas...
  • Chut bébé ! Ça va aller, calme toi.
Le bus arrive, Thomas me fait un bisou sur la joue, essuies mes pleurs et nous montons sans dire un mot. Pendant tout le trajet je reste blottis dans ses bras, sans parler, mes pensées s'échappent et rejoignent mon jumeau au rythme des battements de son cœur. Il me raccompagne jusque devant chez moi, nous nous embrassons tendrement et restons quelques instant dans les bras l'un de l'autre. Nous sommes enfin vendredi soir, il est 17 heures et nous sortons de cours pour la dernière fois de la semaine. J'ai eu l'autorisation d'aller passer la nuit chez Thomas, pour éviter un changement d'avis de ma mère, j'ai pris mes affaires pour aller directement chez lui. Nous marchons tranquillement, main dans la main, discutant de ce que nous allons faire pour notre première soirée en amoureux. Ses parents étant partit pour le week-end un peu plus tôt, on à la maison pour nous deux, pour notre première vraie soirée ensemble.
  • On pourrait se faire une soirée films d'horreurs, j'ai du pop corn à la maison, on peut se commander des pizzas et on passe la soirée devant la télé.
Je ne demande rien de mieux que de passer la soirée dans ses bras, j'ai pas la tête à sortir ni à faire la fête et je crois qu'il l'a très bien comprit. J'arrête pas de penser à Liam, j'ai vraiment envie d'aller le voir, mais si j'y vais et qu'on me fait partir avec la sécurité j'aurais peut-être plus jamais le droit d'aller le voir. Mon jumeau me manque beaucoup, et il faut quand même que je tente de passer une bonne soirée.
  • Ça me va très bien ! Il y a trois films en particulier que j'aimerais revoir avec toi.
  • Halloween, massacre à la tronçonneuse et Dracula.
Nous rions, c'est exactement ça. On a vu ces films au moins une bonne dizaine de fois, ils restent pourtant nos préférés. Liam occupe toutes mes pensées il faut que je lui parle, ça va gâcher la soirée si je ne lui téléphone pas pour savoir comment il va et surtout, pour entendre sa voix.
  • Tom, amour, je peux téléphoner à Liam avant de commencer notre soirée ?
  • Ma chérie, pourquoi tu me poses la question ? C'est ton jumeau, t'as pas besoin de permission.
Je saute dans ses bras :
  • Merci. Tu sais que je t'aime toi !
  • Ouais, mais je me lasserais jamais de te l'entendre dire.
Je me détache de ses bras en souriant et m'éloigne un peu pour appeler Liam. En même temps que je discute avec mon frère je regarde Thomas préparer tout ce qu'il faut pour après. Une demi-heure plus tard Liam me dit :
  • Princesse je dois te laisser on vient de m'apporter un nouveau repas immonde.
Je rie, je l'aime tant, il me manque, mon frère, mon jumeau.
  • Je vais te laisser alors.
  • D'accord, à demain.
  • À demain... Liam attends !
  • Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?
  • Je t'aime petit ange.
  • Moi aussi je t'aime.
  • À demain.
  • Bonne soirée, passe le bonjour à Thomas.
  • Ce sera fait, bisous.
Je raccroche enfin sous le regard de Thomas qui attend les bras tendus vers moi. Je pose mon téléphone et attrape ses mains, il me relève des escaliers où je suis assise et me serre dans ses bras.
  • Je vous aime tant tous les deux, j'ai tellement hâte que Liam soit guéri et qu'on puisse faire ce genre de soirée ensemble, tous les trois.
Thomas ne répond rien, je sais très bien pour quelle raison il reste muet et je préfère ne pas y penser, ça ne doit pas se passer de cette façon. Samedi matin, le médecin de Liam vient de m'expliquer la maladie de mon frère dans les moindres détails, ainsi que ce qu'ils vont me faire pour savoir si je peux sauver mon jumeau et aussi pour savoir si je ne suis pas malade également. Il dit que comme nous sommes jumeaux il y a une chance que je l'ai aussi cependant comme on est des jumeaux dizygotes il n'y a pas beaucoup de risque. Il préfère pourtant vérifier. Il m'explique aussi ce qu'ils nous feront si je suis compatible et il demande :
  • Vous avez d'autres questions ?
Je réfléchie un instant et Thomas me dit :
  • Si, tu as une question. Tu te souviens de jeudi ?
  • Jeudi ? Que s'est-il passé ? demande le médecin en nous regardant alternativement.
  • Personne ne vous a raconté ? Jeudi on est venus voir Liam, je lui ai apportée un hamburger, comme vous m'aviez dit qu'il pouvait. Mais il était tellement content qu'une machine s'est mit à sonner et la moitié de l'hôpital à débarqués dans la chambre. On s'est fait engueuler pour le sandwich et pour avoir été là et le médecin a ajouté qu'il allait faire lever l'interdiction de nous déranger et qu'il ne voulait pas qu'on revienne avant une semaine.
  • Ah bon ? Et bien, non, personne ne m'en a parlé. Il s'agit sûrement du docteur Ferrad, qui soigne aussi votre frère. Comme beaucoup de médecins, son but est de sauver des vies et souvent au détriment du reste.
  • Je suis censée faire quoi ? Je peux pas ne plus venir voir Liam, il m'a demandé, voir même supplié de venir le plus souvent possible. Il a besoin de moi et j'ai besoin de le voir, je peux pas l'abandonner.
  • Ne vous inquiétez pas Lyra, je vais parler avec le docteur Ferrad et tout ira bien.
  • D'accord, merci.
  • Vous allez aller le voir maintenant ?
  • Bien sûr, je compte bien passer le reste de la journée avec lui, ainsi que toute celle de demain.
  • Et celle de lundi, ajoute Thomas.
Comme j'ai pris rendez-vous pour les tests lundi après-midi, je serais là, lundi matin.
  • Bon, je vais monter avec vous, il faut que j'examine votre frère et que je lui explique, comme je viens de le faire avec vous, ce qui va se passer dans les prochains jours.
Nous sortons de son bureau et prenons l'ascenseur tous les trois jusqu'au quatrième étage. Le médecin frappe à la porte et entre.
  • Bonjour Liam
  • Bonjour.
  • Je vous amène de la compagnie, dit-il ouvrant plus grand la porte.
  • Lyra ! T'es revenue, viens là, viens, me dit-il les bras tendus vers moi.
Je cour presque jusqu'à lui et le serre contre moi, doucement pour ne pas lui faire mal avec tous ces fils et ces trucs qu'il a sur le corps. Thomas s'approche timidement, Liam lui tend une main pour lui dire bonjour.
  • Je suis vraiment content de vous revoir.
Il regarde ensuite le médecin et questionne :
  • Ça a été arrangé ou ils sont toujours les « pas bienvenus » ici ?
  • Ne vous en faites pas je vais m'en occuper. Lyra si vous voulez bien reculer je dois examiner votre frère.
  • Oui bien sûr !
Thomas passe ses bras autour de ma taille et nous emmène vers le fond de la pièce.
  • Comment vous sentez vous ce matin ?
  • Ça peu allé.
  • Et la douleur ?
  • Je me drogue pas mal, alors ça va c'est supportable.
  • Oui, c'est que le traitement qu'on vous donne fait effet, il fonctionne bien sur vous, mais il ne pourra pas le faire éternellement. C'est pourquoi il a besoin de vous Lyra, dit-il en se tournant vers moi.
  • S'il vous plaît, ne faites pas ça docteur, ne mettez pas toute la responsabilité sur elle.
  • Votre sœur est consciente de ce qu'elle fait et de ce qu'elle va faire.
  • Oui peut-être mais si ça ne marche pas elle se sentira beaucoup trop coupable et je ne le supporterais pas.
  • Ne vous en faites pas, tout va bien se passer.
  • Ne t'inquiète pas Liam, ça va aller.
  • Mais je m'inquiète petite sœur, j'y peux rien, j'ai déjà l'impression qu'on se sert de toi comme cobaye, maman est venue te voir dans le seul but que je reste en vie, je ne veux pas qu'on te fasse plus de mal, Lyra.
  • Petit ange, je sais ce que je fais et de toute façon le mal, il y a 18 ans qu'il à été fait, le jour où notre super maman a décidée de nous séparer.
Le médecin explique ensuite à Liam ce qu'il m'a dit une demi-heure auparavant. Liam tend la main vers moi, je me rapproche de lui et prend sa main en m'asseyant sur le lit.
  • Alors tout va se jouer lundi ?
  • Et bien, lundi on prélève ce dont nous avons besoin sur votre sœur et...
  • Ce n'est pas un cobaye ! s'exclame mon frère énervé.
  • Je sais, je ne vois pas comment vous l'expliquer autrement.
Il marque un temps, surveillant sur les machines les effets de la colère de mon jumeau, puis il reprend :
  • Donc lundi on opère Lyra, on lui fait une prise de sang pour la compatibilité, le temps de faire les examens nécessaires, on aura les résultats mardi en fin de journée.
  • Donc mardi soir on sera fixés sur l'avenir, c'est ça ? demande-je.
  • Exactement ça.
Je me sens soudain submergée par une vague d'angoisse, dans trois jours je saurais si on peut entrevoir un avenir à trois ou pas. Je regarde mon frère, qui a très bien comprit ce à quoi je pense, puis tourne mon regard vers Thomas. Liam lui fait signe de s'approcher, il sait que j'ai besoin qu'il soit là, tous les deux, pour garder espoir. Le plus fort de nous deux c'est Liam, il y a aucun doute à avoir, même malade il reste le plus fort. Je sais qu'il doute et que, si on n'était que tous les deux il se laisserait aller sauf qu'il est préparé à ce qui risque d'arriver, même s'il s'accroche à l'espoir que je le sauve tout autant que moi.
  • Bon les enfants je vous laisse tranquille, Liam je vous vois demain et vous Lyra je vous dis à lundi.
  • Oui à lundi.
Il sort enfin de la chambre et un silence pesant y tombe. Je tiens toujours la main de Liam et Thomas la mienne mais le réconfort est mince. Personne n'ose dire un mot, les mêmes pensées naviguent dans nos esprits et le stress nous contrôle tour à tour. Puis Liam met fin à cette torture silencieuse en disant :
  • Et sinon, vous avez fait quoi de beau hier soir ?
Je le regarde en souriant, le remerciant silencieusement d'avoir rompu ce silence, et il me répond par un clin d'œil. Puis Thomas raconte notre soirée films d'horreurs, passant bien sûr sur la suite de la soirée.
  • Ah c'est trop cool ! J'adore les films d'horreurs, il y a tellement longtemps que j'en ai pas vus, il y en a un que j'adore, c'est Vendredi 13.
  • Ah ouais moi aussi j'adore ce film, dis-je en plongeant dans ses yeux couleurs océan.
  • Bah en fait, Lyra m'a dit hier soir qu'elle aimerait faire ce genre de soirée avec toi quand tu iras mieux mais je me suis dis « pourquoi attendre » donc j'ai apporté ça et tout ça, dit Thomas en sortant son ordinateur et pleins de DVD de son sac.
Je lâche la main de mon frère et saute dans les bras de Thomas.
  • Je t'adore, t'es vraiment génial, merci, dis-je avant de l'embrasser passionnément.
  • Merci Thomas, c'est super sympa... m'en veux pas si je te remercie pas de la même façon.
Nous rions puis Thomas répond :
  • De rien. Rien ne me fais plus plaisir que de la voir sourire et si ça te fais plaisir aussi alors je suis doublement content
  • Ce mec est extraordinaire, murmure-je à l'oreille de mon frère.
  • Alors lequel vous voulez voir en premier ?
  • Tu as Halloween ?
  • Bien sûr, c'est son film préféré, répond Thomas les yeux rivés sur moi.
Pendant qu'il installe tout je ferme le rideau pour qu'il y ait moins de lumière et retourne m’asseoir aux cotés de mon jumeau qui se blottit contre moi quand je passe mon bras dans son dos. Thomas nous observe en souriant et dit en retournant vers son sac :
  • J'ai aussi amené ça !
  • Ton appareil photo ? demande-je interrogative.
  • Bah ouais, pour avoir des souvenirs de cette journée.
  • C'est une excellente idée, approuve Liam.
  • Bougez pas, dit Thomas.
Il prend plusieurs photos et Liam dit :
  • Allez viens là, ça commence.
Nous avons passés une super journée, nous avons vraiment bien rigolé, oubliant presque que nous étions dans une chambre d'hôpital. Mais là, il est 19 heures, Liam est très fatigué et aussi blanc que les draps de son lit, cela m'inquiète je décide d'appeler une infirmière avant de partir, même si Liam me dit le contraire. Elle arrive rapidement, demandant la raison de sa présence, je lui explique :
  • Il n’a vraiment pas l'air bien. Je voulais m'assurer que ça ira avant de rentrer.
Elle s'approche de mon frère, regarde toutes les machines, prend sa tension et dit :
  • Il est juste très fatigué. Mais ça devrais aller, vous inquiétez pas.
Elle se tait une seconde puis reprend :
  • Vous me permettez de vous dire quelque chose ?
  • Heu, oui bien sûr, dis-je un peu surprise de sa demande.
Depuis quand ils demandent avant de dire un truc dans les hôpitaux ?
  • Voilà, comme le médecin vous l'a expliqué, l'état de Liam est stable, il reste tout de même très faible physiquement et le traitement, même si il fonctionne bien, l'affaiblit aussi, donc même s'il a l'air d'aller bien il n'est pas en forme.
Je baisse la tête comprenant parfaitement où elle veut en venir.
  • Hey Lyra, murmure mon jumeau.
  • Mademoiselle, je ne dis pas qu'il faut que vous arrêtiez de venir ici, bien au contraire, votre présence lui fait du bien, mais allez y doucement quand vous vous amusez.
Thomas me caresse le dos, je relève la tête et en regardant l'infirmière lui dis :
  • Merci, je suis désolé, je veux pas qu'il aille mal à cause de moi, je...
  • Ne vous en faites pas, ça va aller, une bonne nuit de sommeil et demain il sera en pleine forme, dit-elle, plus pour me rassurer qu'autre chose.
Elle me regarde encore une seconde et dit :
  • Bon je vous laisse, au revoir.
  • Au revoir, répond-t-on tous les trois en même temps.
  • Lyra ne t'inquiète pas, je vais bien.
  • C'est ironique ? T'as vu ta tête ? questionne Thomas en plaisantant.
Liam esquisse un sourire et réponds :
  • Ouais, mais ça va aller, rentrez tranquille, tout ira bien.
  • Liam, murmure-je.
  • Lyra, viens là, me demande-t-il.
Je m'approche, prend ses mains dans les miennes, puis il dit :
  • Je te promets que ça va aller, rentre avec Thomas, tout ira bien.
Sans que je le veuille je me mets à pleurer en lui disant :
  • J'ai peur.
  • Je sais... je sais... moi aussi... mais tout ira bien.
Il marque un temps, fatigué, puis fini.
  • Sauvez vous... allez !
Il regarde en direction de Thomas, lui demandant silencieusement de venir me chercher. Thomas passe un bras autour de ma taille, me dit tout bas :
  • Viens, laisse-le
  • Allez va...
  • Liam... je t'aime.
Il ferme les yeux, il s'est endormit. Thomas me tire hors de la chambre. Une fois à l'arrêt de bus je m'effondre dans ses bras.
  • Hey mon amour ! Calme toi, ça va aller, il faut seulement qu'il se repose un peu, demain tu viendras juste l'après midi et tu verras qu'il sera mieux.
  • Je... je veux pas...le perdre.
  • Je sais Lyra, ça va aller, chut... calme toi.
Le bus arrive, le chauffeur me regarde, puis observe Thomas méchamment croyant sûrement que s'est lui qui m'a fait pleurer. On s'assoit sans dire un mot, je me blottis contre Thomas et finalement, épuisée par mes larmes, je m'endors dans ses bras. Il me réveille lorsque nous arrivons. Nous marchons toujours sans parler, cela semble tellement inutile ces derniers temps. On arrive devant chez moi, il n'y a pas de lumière, peut-être que ma mère n'est pas encore rentrée ou elle est sortie. Je demande à Thomas :
  • Si... si ma mère n'est pas là tu veux bien rester avec moi cette nuit ?
  • Bien sûr, avec plaisir.
Nous entrons, il y a un mot sur la table : « Lyra, ce soir je suis invitée chez une amie, je vais sûrement rentrée tard. Je sais qu'en ce moment on se voit pas beaucoup parce que tu passe ton temps libre avec Liam, ce que je comprend très bien, j'aimerais quand même qu'on parle demain matin, bonne soirée, maman ».
  • Bon, bah on va passer la soirée tous les deux.
Il me regarde en souriant, pourtant son sourire s'efface quand il voit mes yeux déborder de larmes encore une fois. Je me laisse tomber dans un fauteuil, il vient immédiatement me prendre dans ses bras.
  • Lyra mon amour, pleure pas s'il te plaît, je suis là, ça va aller.
  • Mon jumeau va... mourir et je... je pourrais pas le sauver... je... je veux pas vivre... sans lui... c'est pas juste...
  • Je suis tellement désolé d'être là et d'être si inutile, j'ignore ce qu'il faut que je dise pour te consoler, j'ignore ce qui va arriver, personne ne peut le dire mais il y a une chose dont je suis certain, c'est que Liam t'aime beaucoup et que quoi qu'il arrive il t'aimera toujours.
  • Me laisse pas...
  • Je n'en ai pas l'intention, jamais, je lui ai promis.
Un moment de silence se fait, je me calme doucement, bercée par ses bras et les battements de son cœur. Puis il me dit :
  • Je vais nous commander quelque chose à manger.
  • J'ai pas faim.
  • Je veux pas le savoir, il faut que tu manges.
Je le regarde tristement, il revient vers moi, s'accroupit à coté du fauteuil et dit :
  • Lyra, il se bat pour toi, tu dois être forte encore un peu, pour lui et pour toi, je sais que c'est dur mais je serais toujours là n'importe quand, tu le sais, tu n'es pas seule.
Nous avons finalement mangés italien et nous nous sommes endormis sur le canapé dans les bras l'un de l'autre. Le lendemain matin, c'est ma mère qui nous réveille, je l'observe, elle sourit. Ça me fais bizarre, d'habitude c'est à peine si elle me regarde.
  • le petit déjeuner est prêt, dit-elle.
Je souris faiblement et secoue un peu Thomas.
  • Bonjour, dit-il doucement.
  • Bonjour, répond ma mère. Ça ne devait pas être très confortable de passer la nuit ici ?
  • Bah, on s'est endormit.
Elle recommence à sourire, Thomas très gêné, dit tout bas :
  • Je... je vais rentrer.
  • Non, tu peux rester ça me dérange pas et puis le petit déjeuner vous attend tous les deux.
  • D'accord merci madame.
Elle ne dit rien pour le "madame", d'habitude les parents détestent que les amis de leur enfants les appelle « monsieur » ou « madame ». Mais pour ma mère ne pas le faire est un manque de respect. Ouais je sais ce que vous vous dites, « bizarre ses parents » et vous avez absolument raison, mais bon on est comme on est. Après le petit déjeuner, Thomas s'en va en remerciant encore une fois ma mère, il me dit :
  • On s'appelle plus tard.
  • Bien sûr.
J'ai très envie de l'embrasser et lui aussi j'imagine, seulement vaut mieux ne pas abuser de la bonne humeur de ma mère, ça peut vite tourner au cauchemar. Après avoir pris une douche et avoir passée des vêtements propre je vais la rejoindre au salon en lui demandant :
  • Alors, tu voulais qu'on discute ?
  • Oui, assied toi, dit-elle d'une voix douce.
J'hésite une seconde et m'assois à coté d'elle sur le canapé.
  • D'abord je voudrais savoir comment tu vas ? En discutant avec ton père je me suis rendu compte que tout ça doit être dur pour toi.
  • Tu ne peux même pas imaginer.
  • Quoi donc ?
  • Le mal que ça m'a fais d'apprendre tout ça, d'apprendre que depuis 18 ans on me ment sur ce que je suis, sur qui je suis. On m'a séparé de mon jumeau, je sais que les non-jumeaux ne peuvent pas le comprendre, mais son absence dans ma vie était insupportable et je ne comprenais pas, j'ai passée 18 ans de ma vie à le chercher. Et un jour on me balance que j'ai été adoptée et qu'aujourd'hui la seule chose que Julia attend de moi c'est que je sauve son fils, mon frère, mon jumeau, que j'aurais jamais dû quitter. Je suis sa fille aussi et pourtant elle se fout complètement de moi, de ma vie, tout ce qu'elle veut de moi c'est que j'aide Liam à rester en vie, et toi qui l'approuve en plus. Je ne comprends pas pourquoi il a fallu que les choses tournent de cette façon. Mais il faut que tu saches, toi comme tous les autres, qu'à partir de maintenant je ferais ce que j'ai envie de faire sans tenir compte de votre avis. Parce que si Liam n'avait pas été malade, je continuerais à mourir à petit feu dans ma chambre sans que personne ne s'en aperçoivent. Liam me connaît presque pas et pourtant il a tout de suite remarqué que j'étais malheureuse avec vous, ça fait 18 ans que je vis sous votre toit, vous n'avez jamais rien remarqués. Je subis vos choix, vos décisions, vos avis toujours négatifs et vos remarques blessantes. Une dernière chose que tu dois savoir, j'envoie mes dessins à un magasine depuis déjà un moment, je dessine pour un mec qui écrit des scénarios de BD et ils m'ont proposés -l'éditeur et Cyril le scénariste- de me faire entrer à la fac d'art l'année prochaine. J'ai refusé à cause de vous, pour ne pas vous décevoir et aller étudier le droit comme tu l’as décidée.
Je ne lui laisse pas le temps de dire quoi que ce soit et quitte le salon. Je n'ai passée que le dimanche après-midi avec mon frère, il avait l'air encore fatigué alors je ne me suis pas attardée, seulement 3 heures. Et comme il n'a pas insisté pour me retenir, j'en ai conclue qu’il n’était vraiment pas bien et qu'il ne voulait pas que je le vois comme ça. Là on est lundi, il est 10 heures, ça fait tout juste une heure que je suis là, assise en tailleur sur le lit qu'ils ont rajouté dans la chambre de mon frère. On regarde la télé en discutant de tout et de rien, histoire de ne pas arriver au sujet qui nous angoisse tous les deux. Il n'y a absolument rien à la télé un lundi matin en plus, c'est vraiment pourri.
  • Thomas est en cour là ? me demande mon jumeau.
  • Ouais, à cette heure là on a philo en plus, le prof est énorme, souvent il part dans des explications où tu comprends rien, c'est tellement long que tu en oublis la question de départ, parfois il se marre mais il y a que lui qui rigole, les blagues des profs de philo c'est comme les blagues des hommes politiques il n'y a qu'eux qui comprennent.
  • D'un coté je suis content de pouvoir échapper à ça, j'ai toujours détesté l'école, tout ce qui m'intéresse c'est la musique et ça me rend fou de savoir que tout est tombé à l'eau à cause de cette foutue maladie, le groupe est plus très soudé, nos concerts ont été annulés, tout ce qu'on a fait, les répètes, les chansons que j'ai écrites, ça ne servira à rien.
  • Tu pourras tout recommencer après, tu n'as que 18 ans, il y a des gens qui se sont lancés dans la musique bien plus tard que ça.
  • Il n’y aura peut-être pas de « après ».
  • Liam s'il te plaît, on ne sait pas ce qui va se passer.
  • Bah justement, je préfère pas espérer pour ne pas être déçus et...
  • Et quoi ?
  • Je veux que tu me promettes quelque chose.
  • Tout ce que tu voudras.
Il tend ses mains vers moi, je descends du lit et les attrapes, il reprend :
  • Lyra, princesse, je veux que tu me promettes, aussi dur que ce soit, que si jamais tu n'es pas compatible tu me laisseras tout abandonner. Je veux que tu comprennes que je veux pas finir ma vie comme ça. Tout ce que je veux c'est profiter au maximum du temps qu'il reste pour vivre à tes cotés.
Je me mets à pleurer malgré l'envie de rester forte, je veux pas qu'il s'en aille, je veux qu'il vive. J'essaye de dire quelque chose, j’arrive seulement à prononcer :
  • Liam...
  • Petite sœur, je t'aime et tu le sais, mais ce n'est pas une vie, ça fait déjà six mois que je suis comme ça et je veux pas continuer si tu ne peux pas me sauver. Je te promets que si c'était l'inverse je ferais la même chose pour toi.
Je serre fort ses mains entre les miennes et réponds :
  • Je te le promets petit ange... c'est ton choix et au nom de l'amour et... du lien qui nous unis, je me dois de le respecter.
  • Merci princesse, merci.
Je dépose un baiser sur son front, il essuie mes larmes du bout des doigts. Je passe ma main dans ses cheveux couleur corbeaux et lui dis :
  • Au moins avec toi il n’y a pas de doute, le lien familial est bien présent.
Il sourit tendrement et le silence s'installe. L'après midi commence tout juste lorsque mon frère demande :
  • J'aimerais que tu me fasses un dessin un jour, n'importe quoi, je voudrais avoir un dessin de ma jumelle.
Je vais vers le placard et cherche, dans mon sac, mon carnet à dessin et mon crayon. Il demande :
  • Tu as toujours tes affaires à dessin avec toi ?
  • Ouais je m'en sépare rarement.
  • Comme moi de ma guitare.
  • J'adorerais t'entendre jouer.
  • Je te promets qu'à l'instant où on sort d'ici, je t'emmène à la maison et je joue pour toi pendant des heures, on pourra même jouer ensemble.
  • D'accord.
Je me rassoie sur le lit, face à lui comme tout à l'heure, et commence à dessiner. Au bout d'un moment je lui demande :
  • Elle ressemble à quoi ta guitare ?
  • Bah, sûrement à la tienne !
  • Non trésor, je joue sur une Fender.
  • Ah oui, c'est vrai, mais tu sais à quoi ressemble une Gibson en gros ?
  • Elle est de quelle couleur ?
  • Noir et blanche, tu sais toute noir avec du blanc là où il y a les boutons.
  • Comme la mienne, dis-je en souriant.
Je fini de le dessiner, lui et sa guitare entre les bras, puis lui tend le dessin. Il l'attrape, l'observe sans rien dire les yeux grands ouvert.
  • Alors il te plaît ? demande-je un peu inquiète de son silence.
  • S'il me plaît ? Tu rigoles, il est magnifique, même bien plus que ça mais je ne trouve pas les mots, il est... wow, tu as vraiment beaucoup de talent.
  • Merci, si t'es content ça me va.
  • Je suis vraiment très heureux, merci beaucoup.
  • Tu veux que je l'accroche sur le mur ?
  • Avec quoi ?
  • Bah du scotch, ils doivent bien en avoir, sinon je pique du sparadrap.
Il rit pendant que je sors de la chambre et me dirige vers l'accueil de l'étage. Je reviens 2 minutes plus tard avec un rouleau de scotch et lui dis :
  • Alors tu veux le mettre où ?
  • Juste là, me dit-il montrant le mur à coté de lui. Comme ça à chaque fois que quelqu'un passera la porte, je le verrais.
  • C'est une bonne idée.
  • Dis-moi, tu as signée Lyra. Je crois que tu m'as dis que tu utilisais un autre nom.
  • Ouais Lana, parce que mes parents ne sont pas au courant, enfin si maintenant ma mère l'est. Je lui ai dis hier matin, elle voulait discuter à propos de tout ça, je lui ai dis tout ce que j'avais sur le cœur mais je n’aie pas répondu à la seule question qu'elle m'a posée.
  • Tu devrais leur pardonner, c'est quand même ta famille.
  • Non, ma famille c'est toi, uniquement toi, j'ai perdu toute ma famille le jour où Julia a débarqué, mais j'ai gagné un jumeau et je vais tout faire pour le garder le plus longtemps possible près de moi.
Il attrape mon bras et je le serre contre moi, au même moment où quelqu'un frappe à la porte. Liam donne l'autorisation d'entrer, nous ne nous lâchons pas.
  • Bonjour mon chéri !
  • Maman.
Julia me regarde, je ne dis rien, je ne sais pas quoi lui dire de toute façon, je peux pas lui pardonner pour ce qu'elle à fait. Elle s'approche du lit, je me détache de mon frère et commence à me diriger vers l'autre lit pour retourner m'y asseoir, sauf que mon jumeau me retient par la main, murmurant simplement.
  • Restes.
Je fais tout de même le tour du lit et m'assois à ses cotés. Julia se met en face de moi, sur la chaise.
  • le médecin m'a dit que c'était aujourd'hui qu'il opérait Lyra, je voulais être avec vous.
  • T'aurais put venir plus tôt, ça fait quand même une semaine que t'es pas passé, lui dit Liam sur un ton de reproche.
  • Je sais trésor, je suis désolé. J'ai eu beaucoup de travail à la galerie.
  • J'avais oublié que tes tableaux étaient plus importants que ton fils malade.
  • Liam, ne dis pas des choses pareilles ce n'est pas vrai et tu le sais, en plus je t'ai téléphoné tous les soirs.
  • Et alors, Lyra était là tous les jours et elle appelait dès qu'elle était rentrée.
  • Mon chéri, je suis vraiment désolé. Il faut quand même que je travaille.
  • Ouais, mais le fait que je puisse avoir besoin de toi quand ils me torturent avec leurs examens et leurs traitements ne te traverse même pas l'esprit quand tu vends une toile.
  • Qu'est-ce que tu fais comme métier ? questionne-je timidement.
  • Elle est artiste peintre, elle vend des toiles dans une galerie en ville, ça part comme des petits pains, c'est sûrement d'elle que tu tiens ton talent, répond mon frère avant même que Julia ait eu le temps d'ouvrir la bouche.
  • Tu dessines ? m'interroge-t-elle.
  • T'as pas vu le dessin sur le mur ? interroge Liam presque en criant.
Son comportement m'étonne un peu. Je ne savais pas qu'il était en colère contre Julia. C'est vrai qu'on a beaucoup parlé de nous mais très peu de notre séparation et de mon adoption. Elle se lève et va observer le dessin, comme elle nous tourne le dos j'en profite pour caresser la joue de mon jumeau, la tendresse de ce contact l'apaise un peu. Julia se retourne enfin vers nous et dit :
  • Tu dessine bien. Je pourrais exposer tes créations si tu veux ?
  • Non, répond mon frère à ma place, se laissant de nouveau envahir par la colère.
  • Liam tu pourrais peut-être la laisser répondre.
  • T’essaye de faire quoi au juste ? Te faire pardonner de ce que tu lui as fait et, au final, ce que tu nous as fait subir pendant 18 ans ?
  • Liam ! s'exclame-t-elle.
  • Non mais sérieusement, ça fait une semaine que t'es pas venue me voir, tes coups de téléphone ne durait pas plus de 2 minutes, juste histoire de t'assurer que je n’étais pas encore mort, alors que moi j'aurais voulu te parler, te parler de Lyra, mais toi t'en avais rien à faire. C'est parce que Paolo était à la maison cette semaine ?
Je vois Julia baisser la tête, je le crois pas, la colère m’envahis à une vitesse folle, je lui dis :
  • Ton fils risque de mourir et toi tu préfères être avec ton mec plutôt qu'avec lui. Quel genre de mère tu es ?
  • Non mais ça y est vous avez fini tous les deux de me faire des reproches ?
  • Pas vraiment. Apparemment c'est l'heure des règlements de compte, alors j'ai deux trois trucs à te dire.
Cependant, quelqu'un m'interromps en frappant à la porte. Une infirmière entre dans la chambre.
  • C'est pas vraiment le moment là, lui dit Liam.
  • Désolé si je vous dérange. Le médecin va bientôt venir chercher votre sœur, je vous apporte le médicament. Il faudrait aussi que vous vous changiez aussi.
  • D'accord, il est où le truc que je dois mettre ?
  • Dans l'armoire. Votre maman sait où elle se trouve.
  • C'est pas ma mère, dis-je sans même m'en rendre compte.
Ma phrase jette un froid dans la pièce, puis l'infirmière va vers l'armoire, récupère la chemise et me la donne. Je la pose sur le lit et prend le cachet qu'elle me tend.
  • On viendra vous chercher dans une heure environ.
  • Ok !
Elle sort de la chambre et je vais dans la salle de bain me changer. Quand j'en ressors mon jumeau éclate de rire et me dit :
  • T'es super sexy comme ça. Je suis sûr que Thomas craquerait immédiatement.
  • Tu t'es vu toi ? T'es aussi blanc que tes draps. Tu ferais peur à un mort.
Nous rions, je dépose mes affaires dans l'armoire et rejoins Liam, je l'embrasse sur le front avant de m'allonger dans l'autre lit.
  • C'est qui Thomas ? demande Julia doucement.
Liam me regarde, je fais un signe affirmatif de la tête et il répond :
  • C'est son copain, et aussi son meilleur ami.
J'attrape la main tendu de mon frère et lui dis :
  • Il va venir après les cours.
  • Il s'inquiète ?
  • T'imagine même pas à quel point.
  • Il n'a rien à craindre, je veille sur toi.
Nous nous sourions tendrement, nos mains liées en symbole de notre amour gémellaire qui grandit. Julia se lève, prend sa chaise et vient s’asseoir entre nos lits, nous obligeant à nous lâcher, elle dit :
  • Bon mes enfants, comme vous êtes enfin calmés on va pouvoir discuter.
  • Et si on veut pas ? interroge Liam.
  • Vous n'avez qu'à m'écouter, rien de plus.
Liam soupire, je regarde par la fenêtre, sentant déjà les effets du cachet faire leurs apparitions.
  • Bon alors voilà, tout d'abord il faut que vous sachiez que je vous aime tous les deux.
Mon frère se marre et demande :
  • On est obligés de te croire ?
Je rie doucement et lui rend le sourire qu'il me tend.
  • Liam s'il te plaît, dit Julia d'un ton sec.
Il se tourne vers le mur, les yeux sur mon dessin, et moi vers la fenêtre, elle poursuit :
  • Je regrette de vous avoir séparé. Je vous jure que si j'avais pus faire autrement je l'aurais fais. Liam, je suis désolé d'avoir été si souvent absente dans ta vie, de ne pas avoir été là quand tu en avais besoin.
  • Tu n'es toujours pas là quand j'en ai besoin.
  • Mais ça va changer, je te le promets. Et toi, Lyra, je ne pourrais jamais m'excuser assez de t'avoir abandonnée mais au moins tu étais dans une bonne famille.
  • Une bonne famille ! T'as vraiment de la chance que j'ai plus la force de te crier dessus parce que je peux t'assurer que c'est pas une bonne famille, ils en ont rien à faire de moi. Aujourd'hui ils sont sympa avec moi parce qu'ils pensent que j'ai besoin de leur soutient, ce qui est vrai, mais avant aussi j'en avais besoin et ils me l'ont jamais donnés. À part de leur amour je n'ai jamais manquée de rien, c'est vrai. Sauf qu'on ne peut pas vivre vraiment et être heureux sans amour.
  • D'accord j'ai été une mauvaise mère.
  • Ça tu peux le dire ! balance Liam toujours en lui tournant le dos.
  • Je vais me rattraper je vous le promets. Lyra donne moi la chance de te connaître, de réparer mes erreurs.
  • Faudrait déjà que je puisse te pardonner.
  • J'attendrais le temps qu'il faudra, je veux plus être séparée de vous mes enfants.
  • Et les parents de Lyra t'en fais quoi ? demande mon frère toujours en colère.
Julia n'a pas le temps de répondre que deux types entre dans la chambre, suivis du docteur Warrick.
  • Toute la famille au complet ! s'exclame-t-il.
Liam soupire de nouveau, je ne réponds rien, trop assommée par le sédatif.
  • Allez Lyra, c'est l'heure, me dit-il.
Les deux types attrapent mon lit, débloquent les roues et commence à m'emmener quand Liam intervient :
  • Attendez !
Il vient s’asseoir au pied de son lit et, en prenant ma main, demande au médecin :
  • Ça va être long ?
  • Non, une heure et demie pas plus, il regarde sa montre en plaisantant :
  • Elle sera avec vous pour l'heure du thé.
Mon jumeau ne rit pas, il me regarde, le médecin semble comprendre son inquiétude et lui dit :
  • Ne vous inquiétez pas, ce n'est qu'une petite opération, tout va bien se passer.
Il fait signe à Julia de s'approcher pour qu'elle rassure Liam et qu'ils puissent m'emmener.
  • Allez chéri, laisse là, ça va aller, dit-elle d'une voix très douce.
  • Prenez soin d'elle.
C'est la dernière phrase que j'ai entendue avant de m'endormir totalement, la voix de mon jumeau comme tranquillisant.
Je ne dis pas un mot à maman pendant toute la durée de l'absence de ma jumelle, je ne veux vraiment pas lui parler. À son retour, elle était partie.
Après ça, la première chose dont je me souviens c'est Liam tenant ma main en chantant une chanson que je ne connais pas, sûrement une de celles qu'il a écrite. Je n'entends pas tout, je ne suis pas très bien réveillée, mais il a une voix magnifique. À un moment j'entends Thomas et je sens ses lèvres se poser tendrement sur les miennes. J'essaye de lui dire quelque chose, seulement comme je dors à moitié je n'y arrive pas. Liam lui dit que l'opération s'est bien passée, que le médecin a dit que tout était OK. Vers 19 heures, je me réveille enfin, la première chose que je vois c'est le visage de mon jumeau qui regarde la télé, je tends la main vers lui, il se retourne et en l'attrapant me dit :
  • Hey princesse, te voilà de retour parmi nous.
Je lui souris, il demande :
  • Ça va ? T'as pas trop mal ?
  • Non ça va, leur drogue est efficace !
Il sourit à son tour et caresse ma main avec son pouce.
  • Thomas est déjà parti ?
  • Non, il est allé se chercher un café, il a demandé l'autorisation de rester jusqu'à ton réveil.
  • Il est adorable.
Juste à cet instant, il entre dans la chambre et crie :
  • Mon amour ! T'es réveillée !
Il pose son café sur la tablette et se jette pratiquement sur moi.
  • Doucement Thomas, vas pas lui faire mal.
  • Ouais pardon, répond-t-il simplement.
Puis il s'assoit à coté de moi, sur le lit, et entrelacent ses doigts aux miens. Je me retrouve attachée aux deux hommes les plus importants de ma vie, mon jumeau et mon copain.
  • Comment tu te sens ?
  • Bizarre.
Il sourit et m'embrasse délicatement. On frappe à la porte, ça le fait sursauter, Liam rigole et Thomas se tourne vers les intrus. On nous apporte nos repas, Thomas dit :
  • Bon, je vais me faire virer, vous aurez les résultats demain c'est ça ?
  • Ouais en fin de journée, lui dit Liam.
  • D'acc', alors je sécherais les maths pour être avec vous.
  • Si vos parents entendaient ça, dit une des femmes.
  • Ouais bah, ils ne sont pas là, et de toute façon ces deux là sont bien plus importants pour moi qu'un cours de maths.
La femme lève les yeux au ciel et dépose le second repas. Thomas m'embrasse sur le front, serre la main à Liam et dit :
  • Reposez vous tous les deux et à demain.
  • À demain, répond-t-on en chœur.
Nous voilà de nouveau seuls, la télé faisant la conversation à notre place. Nous observons les plateaux posés devant nous et en même temps nous exclamons :
  • J'ai pas faim !
Nous nous sourions et Liam dit :
  • L'autre jour ma jumelle m'a dit qu'il fallait quand même que je mange un peu pour avoir des forces.
  • Ah oui ? C'était sûrement avant de se retrouver face à un plat de haricots verts baignant dans du beurre.
  • Je déteste les haricots verts, dit-il écœuré.
  • Moi aussi.
Nous soupirons encore en même temps et laissons tomber les légumes pour manger le reste. Un moment plus tard je lui demande :
  • Dis-moi, ange...
  • Hum.
  • Tout à l'heure, quand on m'a ramenée ici je t'ai entendue chanter.
  • Ah oui ? Bah je...
Le téléphone sonne et l'interromps, je décroche, me trouvant plus près que Liam.
  • Allô !
  • Lyra, c'est papa.
  • Ah salut !
  • Comment tu te sens ? Ça va ?
  • Ouais ça peut aller.
  • Tu es avec ton frère ?
  • Bien sûr. T'imaginais pas qu'on allait rester tout seul après ça.
  • Non bien sûr. Thomas est passé à la maison pour dire que tout c'était bien passé mais je voulais te l'entendre dire et aussi que tu sache que nous pensons à toi, tu n'es pas seule chérie.
  • Je sais papa, merci.
  • Repose-toi bien, on se voit demain soir.
  • Ouais à demain, embrasse maman.
  • Ce sera fait, bisous.
  • Salut.
Je raccroche, Liam me regarde tristement, je lui demande :
  • Qu'est-ce qu'il y a petit ange ? Ça va pas ?
  • Je pensais que maman aurait appelé pour savoir comment tu allais, pour savoir comment on allait depuis son départ.
  • Liam je suis désolée.
  • Je la déteste, elle dit qu'elle nous aime, elle en a rien à faire de nous en fait.
« Qu'est-ce que je dois répondre à ça ? » Julia a tout faux dans son rôle de mère c'est vrai, mais peut-être qu'elle nous aime vraiment. Je vire la tablette, attrape le truc d'antidouleur, le fait passer de l'autre coté du lit, et en descends.
  • Lyra qu'est-ce que tu fais ? Remets-toi dans ton lit.
Je ne l'écoute pas, la tête me tourne je me sens pas très bien. C'est vrai je devrais pas faire ça mais tant pis. Je fini les quelques centimètres qui me sépare de son lit, m'accroche au rebord et lui dis :
  • Pousse-toi.
Il sourit et se décale le plus possible de l'autre coté du lit. Je m'installe à coté de lui, tire sur le fil de ma perfusion pour approcher le truc du lit, et passe mon bras autour du corps de mon frère en lui disant :
  • Moi je serais toujours là pour toi, n'importe où, n'importe quand, je reste avec toi.
Il me fait un bisou sur la joue et en posant sa tête sur mon épaule répond :
  • Merci princesse.
Le silence s'installe, nous regardons la télé sans vraiment le faire étant aussi fatigués l'un que l'autre. Je suis si bien là, c'est sur que dans un autre lieu, dans d'autres circonstances ce serait encore mieux mais je profite de chaque secondes que je peux passer seule avec lui, il m'a tellement manqué. Au bout d'un moment je demande :
  • Si... si le téléphone n'avait pas sonné tout à l'heure, tu allais dire quelque chose sur la chanson.
  • Tu veux vraiment que je chante pour toi ?
  • Et bah oui. Sauf si tu ne veux pas.
  • C'est pas ça, cette chanson je l'ai écrite pour toi, un soir de la semaine dernière. Je n'ai jamais chanté devant quelqu'un que j'aime comme je t'aime toi et c'est aussi la première fois que j'écris une chanson qui est réellement adressée à quelqu’un. Tout à l'heure tu dormais alors c'était facile tu me regardais pas.
Je souris, ce qu'il dit me touche beaucoup, je caresse ses cheveux et lui réponds :
  • Si tu veux je ferme les yeux. T'auras qu'à imaginer que je suis endormie.
Il sourit en approuvant :
  • D’accord !
Il se redresse, je ferme les yeux et attends. Il prend ma main et commence :
« Tout allait si bien
M'éveiller contre ton cœur chaque matin
Vivre sous ton sourire
Juste pour un éclat de rire
Le monde paraissait si beau
En réalité il était faux
Le vide a rempli nos vies
Ils nous ont fait payer le prix
De leurs peurs et leurs erreurs
Sans comprendre cette absence
La vie n'a aucun sens.
Depuis que je t'ai retrouvé
Le monde pourrait bien s'écrouler
Je veux juste rêver à tes cotés
Sans jamais me réveiller.
Est-ce le hasard ou le destin
Qui t'a remis sur mon chemin ?
La vérité n'a plus d'importance
Ma vie reprend un sens
On m'a donné
Une princesse à protéger
Contre le monde et ses dangers
Mais on m'a enlevé
L'éternité pour pouvoir y arriver.
Tu es, ce qui m'est arrivé de mieux
Je ne pouvais pas rêver, plus beau cadeau d'adieu.
Je veux juste rêver à tes cotés
Sans jamais me réveiller
Sans jamais me réveiller. »
Il dépose tendrement ses lèvres sur mon front, je rouvre les yeux et lui dis :
  • Elle est magnifique. Tu chantes super bien vraiment, ça me touche ce que tu as écris. Et tant pis si on n'a pas l'éternité, on vivra plus fort le temps qu'on nous donnera.
  • Merci. Je t'aime petite sœur.
  • Moi aussi, Liam.
Nous dormons ensemble cette nuit là, mais dés que les infirmières entrent dans la chambre, le lendemain matin, elles me disent de retourner dans mon lit. Je leur demande si on peut enlever la table de nuit pour rapprocher nos lits, elles hésitent un instant puis finissent par le faire.
  • Merci beaucoup, leur dit Liam avec un clin d'œil.
Nous passons pratiquement toute la journée tranquille, puis vers 16 heures ceux qui veulent être avec nous pour l'annonce des résultats commencent à arriver. Thomas est le premier à pointer le bout de son nez.
  • Salut ! balance-t-il joyeusement en entrant dans la chambre.
Il nous regarde et se stoppe en disant :
  • Whao j'avais pas remarqué que vous vous ressembliez comme ça, on dirait deux cadavres ensevelis dans de la neige !
Liam et moi nous regardons, partageant un haussement de sourcils complice et Thomas éclate de rire.
  • Non sérieusement, comment vous allez ?
Mon frère et moi haussons les épaules en même temps, lui comme moi sommes tellement shooté par les antidouleurs qu’on ne sait pas vraiment comment on se sent. Thomas continu de nous regardé, observant nos lits collés et demande :
  • Et moi je m'assois où ?
  • Par terre ! s'exclame Liam un immense sourire aux lèvres.
  • Il est sympa ton frère, me dit Thomas faisant semblant d'être vexé.
  • Bien sûr qu'il est sympa, pas avec toi c'est tout.
Thomas me regarde la bouche et les yeux grands ouverts, feintant d'être choqué et répond :
  • J'vais peut-être repartir finalement.
Il se dirige vers la porte et je crie :
  • Non restes !
Il se retourne en riant et me dit :
  • J'avais pas l'intention de partir.
  • Viens là, vite, dis-je tapant sur le lit à coté de moi.
Il s'assoit à mes cotés et je le serre dans mes bras.
  • Aieeuh !
  • Ça va ? demande mon jumeau et Thomas en même temps.
  • Ouais ça va, j'aurais juste pas dû faire ça, répondis-je posant ma main à l'endroit où on m'a opérée.
  • T'es sûr ? redemande Liam.
  • Ouais.
  • Mais il s'inquiète le petit homme, dit Thomas d'un ton moqueur.
  • Hey c'est ma petite sœur et je... commence Liam en criant.
  • Du calme je plaisantais.
  • Hum !
Je passe mon bras autour de son corps et lui dis :
  • Fais pas la tête c'était juste une blague, stupide je te l'accorde, mais c'était seulement une plaisanterie.
Il répond avec une voix d'enfant et en montrant Thomas du doigt :
  • L'est pas gentil lui.
Thomas se marre avant de s'excuser :
  • Je suis désolé Liam je voulais pas te faire de peine, c'était stupide.
  • Ouais ça va pour cette fois, je te pardonne.
  • Ça c'est quelqu'un de bien ! s'exclame Thomas.
  • Bah qu'est ce que tu crois c'est mon frère !
  • Ça va les chevilles trésor ? demande Thomas.
Les garçons se marrent et je fais semblant d'être vexée, on est pire que des mômes tous les trois ensembles. On frappe à la porte de nouveau, ce sont mes parents cette fois.
  • Maman, papa.
Thomas se lève du lit, je m'apprête à lui dire de rester mais mon père est plus rapide.
  • Tu peux rester là, on prendra des chaises.
Mes parents m'embrasse, je leur présente Liam, ils discutent un peu, je m'appuie contre Thomas et les observent. On dirait un peu une vraie famille venant voir leurs jumeaux hospitalisés. Julia est la dernière à arriver à 18 heures. Une demi-heure plus tard c'est au tour du médecin d'entrer dans la chambre.
  • Et bien, c'est la première fois que je vois autant de monde ici ! s'exclame-t-il.
Avant qu'il ait dit un mot de plus, Liam prend ma main et emmêle ses doigts aux miens. C'est la première fois que nous nous tenons la main de cette façon mais là l'angoisse est bien trop forte, il a besoin de moi.
  • Bien, on ne sait jamais comment annoncer cela alors je serais direct, je m'excuse pour ma brutalité. Mademoiselle Adams n'est pas compatible, je suis désolé.
Il nous faut une seconde pour enregistrer l'information, puis mes larmes se mettent à couler silencieusement, douloureusement, pendant que mon jumeau serre ma main. À part ça il ne semble pas réagir, il fixe le sol l'air absent et ne dit pas un mot. Thomas me prend dans ses bras pour tenter de me consoler, Julia pleure aussi, assise à coté de son fils, ne faisant aucun geste vers lui. Mes parents se regardent, ne sachant pas comment réagir, quant au médecin, seul intrus dans ce triste tableau, il reste là, impassible. Au bout de quelques minutes Julia questionne :
  • Est-ce qu'il y a une autre solution ?
  • Et bien, je peux vous proposer quelque chose d'autre. Il y a un traitement expérimental pour cette maladie.
  • Non ! crie Liam, relevant la tête brusquement et regardant le docteur Warrick droit dans les yeux
  • Liam voyons !
  • Non maman, j'en ai marre, je veux plus me battre, ça suffit, je veux plus de traitement, de test, plus rien, je veux rentrer à la maison, je veux plus vivre comme ça, accroché à des machines 24 heures sur 24, constamment shooté pour éviter d'avoir mal, j'en peux plus. Je veux rentrer, je veux retrouver ma chambre, mon lit, ma guitare, je veux passer le temps qu'il me reste avec Lyra hors de ces murs !
  • Mais... Lyra dit quelque chose, dit lui qu'il ne doit pas tout arrêter.
J'essaye de calmer mes larmes pour lui répondre :
  • Non, je suis désolé... je lui ai promis... j'ai fais ce que tu voulais... maintenant je fais ce qu'il veut... et je respect son choix.
Cette fois elle lui prend la main et demande :
  • Mon bébé, tu es vraiment sûr de vouloir tout abandonner ?
Liam la regarde et se contente de répondre :
  • Ramène-moi à la maison.
Elle fond en larmes et le serre dans ses bras, il demande au médecin :
  • Je peux continuer le traitement que vous me donnez ici chez moi ?
  • Oui, mais...
  • Il y a pas de « mais », je veux pas le savoir, répondez seulement à mes questions. Combien de temps cela fonctionnera encore ?
  • À partir de maintenant, si vous vous reposez bien, que vous ne faites rien de dingues. Je dirais environ trois mois.
  • D'accord, je peux sortir quand ?
  • Vous voulez vraiment tout arrêter ? Vous pourriez au moins tester l'autre traitement et...
  • Non, je veux rentrer chez moi !
  • Liam je t'en prie.
  • Maman ça ne sert à rien, ma décision est prise et si tu m'aimes un peu tu dois la respecter. Je veux rentrer à la maison.
Son ton est catégorique, sa décision sans appel. Le médecin reprend :
  • Bien, le temps de tout organiser pour poursuivre le traitement chez vous... Il faudra qu'une infirmière vous voie chaque jour...
  • OK pour l'infirmière. Quand ?
  • Je dirais... jeudi matin.
  • D'accord, merci pour tout docteur.
Le silence retombe douloureusement, seul le bruit de mes larmes et de celles de Julia se fait entendre.
  • Je vais vous laisser en famille, si vous changez d'avis prévenez moi, dit le médecin juste avant de sortir.
Petit à petit tout le monde s'en va, rester ensemble dans ce silence pesant ne sert à rien. Mes parents sont les premiers à partir, suivit de Julia qui n'embrasse même pas son fils et se contente de dire :
  • Reposez vous mes enfants.
Thomas est le dernier à s'en aller, il nous regarde sans dire un mot, de toute façon ils sont complément inutiles, et sort au moment où une infirmière entre dans la chambre.
  • Mademoiselle Adams, vous allez pouvoir rentrer chez vous.
  • Quoi ?
Je regarde Liam, il à l'air effrayé à l'idée que je m'en aille maintenant. L'infirmière me retire la perfusion, débranche la pompe d'antidouleur et s'en va. Je saute de mon lit et lui cour après dans le couloir.
  • Attendez !
Elle se retourne et demande :
  • Oui, il y a un problème ?
  • Ouais, je peux pas rentrer chez moi, il faut que je reste avec mon frère. On vient de nous annoncer qu'il n'y a plus aucune chance pour lui, il n'a absolument pas réagit, je peux le laisser.
  • Oui, je comprends, mais il faut voir cela avec le médecin.
  • Super et je le trouve où ?
À ce moment précis le médecin sort d'une chambre au bout du couloir, je cour le rejoindre, il me regarde surpris.
  • Monsieur, il faut que je reste là jusqu'à ce que Liam...
  • Lyra ! Nous nous retournons vers ce cri de détresse.
Je vois mon frère au milieu du couloir en pleurs, les machines de sa chambre hurlent dans tous les sens, on entend que ça dans tout le couloir. Il arrive en courant vers moi et s'effondre dans mes bras.
  • Je t'en prie... me laisse pas tout seul... restes avec moi... je veux pas rester là... tout seul... je veux pas mourir ici... restes avec moi.
Je regarde le médecin, au bord des larmes. Il me dit :
  • De toute façon vous n'auriez dû sortir que demain matin. Mais, d'accord, restez ici jusqu'à jeudi, il n'y a pas problème.
  • Lyra... me laisse pas...
Le médecin s'accroupit vers nous et dit à mon frère :
  • Ça va allez Liam, calmez vous, Lyra reste avec vous. Il faut le ramener dans sa chambre.
On le relève. Mon frère reste accroché à moi comme si j'allais disparaître. Sa détresse est une véritable torture, pourtant il faut que je sois forte, je peux pas craquer maintenant, il faut que je tienne le coup pour lui. On remet Liam dans son lit, les infirmières se chargent de tout rebrancher, je ne lâche pas sa main, en réalité je crois que c'est plutôt lui qui tient la mienne que le contraire. Ça n'a aucune importance, je suis là. Le médecin me dit :
  • Je m'étonnais de son absence de réaction, j'avais l'intention de repasser à la fin de mes visites. Maintenant ça devrait aller.
  • Merci docteur.
  • Reposez vous. Je passerais vous voir demain matin.
Tout le monde sort de la chambre, je fais le tour des lits, lâchant la main de mon jumeau quelques secondes. Je viens m’asseoir contre lui et le prend dans mes bras, il recommence à pleurer et me dit, pendant que je caresse ses cheveux essayant de l'apaiser un peu :
  • Je... je voulais y croire... je t'aime Lyra... Je voulais vraiment vivre... vivre à tes cotés... jusqu'à la fin.
  • Je serais là petit ange, avec toi jusqu'à la fin, je te le promets.
  • La vie... notre vie... est tellement injuste...
  • Je sais.
Je ravale mes larmes et lui demande :
  • Peut-être que maintenant tu as envie de...
  • Non Lyra... c'est plus la peine... tout ce que je veux c'est... c'est rester avec toi... promet moi que... que tu ne vas pas me... me laisser...
  • Bien sûr petit ange, je te le promets, je serais là, je reste avec toi.
Le silence tombe, Liam continu de pleurer dans mes bras. La détresse de mon jumeau m'anéantis complètement, je me sens si inutile, je ne peux rien dire ni faire pour changer les choses, pour apaiser sa peine qui nous tue tous les deux. Je suis là, je ne peux plus rien faire de plus, je le berce doucement essayant de le calmer et de retenir tant bien que mal mes larmes pour ne pas aggraver la situation. Un quart d'heure plus tard, il dort dans mes bras. Quelqu'un frappe à la porte, une infirmière entre et demande :
  • Tout va bien ? Il s'est calmé ?
  • Il s'est endormit.
Elle m'aide à l'allonger correctement et me dit :
  • Si vous avez besoin, n'hésitez pas à nous appeler.
  • D'accord, merci.
Elle sort en éteignant la lumière, je m'allonge à mon tour contre mon jumeau et pose mon bras sur son ventre pour qu'il continu à sentir ma présence. Le mercredi matin, le docteur Warrick vient nous voir vers 11 heures. Liam et moi sommes en train de discuter, mon frère me dit qu'il connaît un endroit magnifique où il veut m'emmener, quand le médecin fait irruption dans la chambre.
  • Bonjour.
  • Bonjour, répond-t-on ensemble.
  • Comment vous sentez vous ce matin ?
Liam et moi nous regardons, je suppose que ce n'est pas à moi qu'il parle et le médecin confirme en disant :
  • C'est à vous que je m'adresse Liam.
  • Ah ! Bah, ça va, je veux rentrer chez moi, je compte les heures là.
  • Je comprends bien. Mon travail m'oblige quand même à vous poser la question une dernière fois.
  • C'est inutile, dit mon frère en soupirant.
« Ils ne comprennent pas que tout ce qu'il veut c'est qu'on lui foute la paix ? »
  • Vous ne voulez vraiment pas continuer ?
  • J'y gagne quoi ? Il y a pas de possibilité de guérison de toute façon. Alors j'aurais quoi ? Une semaine de plus ?
  • Plus d'une semaine, ça peut fonctionner un an.
  • Non, autant en finir maintenant. J'ai trois mois, je vais en profiter au maximum et partir tranquille.
  • Lyra ?
  • Inutile d'essayer, je l'ai déjà dis hier, je respecte son choix.
  • D'accord, alors je vous revois demain matin, juste pour vous expliquer ce qu'il faudra faire, et à vous aussi Lyra, en cas de problème.
  • Ouais, bah on verra ça demain Ok ! s'exclame Liam faisant comprendre au médecin qu'on aimerait rester seuls et tranquille sans avoir à penser à l'avenir pour le moment.
  • D'accord on verra ça demain, bonne journée, dit-il en sortant.
On passe le reste de la journée tranquillement, regardant tous les trucs stupides qui passent à la télé un jour de semaine. Liam est blotti dans mes bras, ma main posée sur son cœur, nous ne parlons pas, c'est inutile, il n'y a rien à dire de plus que ce qui a été dit hier soir. Une main caresse doucement mon visage, j'ouvre les yeux et voit Thomas me sourire. Liam et moi nous sommes assoupis.
  • Ça va ? demande doucement Thomas, essayant de ne pas réveiller mon frère toujours endormis.
  • Moi ça peux aller, mais je m'inquiète pour lui.
  • Il a toujours pas réagit ?
  • Si, après que tout le monde soit partit, il s'est effondré dans mes bras.
  • Alors qu'est-ce qui t'inquiète ?
  • J'étais là hier, je suis là aujourd'hui, je serais là demain, mais après ? Tu crois que mes parents me laisseront arrêter mes études pour rester avec lui ?
  • Je sais pas Lyra, il faut leur poser la question.
  • Ouais, je le ferais, je les appellerais demain. Julia dois venir nous récupérer dans la matinée, elle a rendez-vous avec le médecin de Liam à 9 heures.
  • Ok et nous on se revoit quand ? J'ai rêvé d'une autre nuit avec toi dans mes bras.
Je souris et lui réponds :
  • On essaye de se refaire ça le plus tôt possible. Là, j'aimerais surtout pouvoir passer du temps avec mon jumeau, je doute que mes parents me laisse rester avec lui jusqu'en... enfin... heu.
  • Je comprends Lyra, il y a pas de soucis, restez ensemble, je te téléphone plus tard.
  • Ok.
On s'embrasse tendrement, ma main toujours posée sur le cœur de mon frère et l'autre tenant celle de Thomas. Tout ça est assez compliqué, on vient juste de se mettre ensemble et je viens de retrouver mon jumeau que je vais de nouveau perdre définitivement dans trois mois. Et j'aimerais pouvoir passer du temps avec les deux, sauf qu'entre le lycée, mes parents et le reste je ne sais pas comment faire pour ne blesser personne. Et puis il y a Julia qui veut que je lui donne une chance de se rattraper, et elle s'y prend très mal, elle désire que je lui pardonne, alors que quand je vois comment elle traite Liam je n'en ais aucune envie. Nous sommes à présent jeudi matin, Liam et moi sommes prêt depuis plus d'une heure déjà, ayant été réveillés à 8h30 par les infirmières qui venaient retirer les fils branchés sur le corps de mon frère. Il est 11 heures du matin et le médecin débarque dans la chambre, il s'étonne :
  • Madame Scott n'est pas avec vous !
  • Elle devrait être avec vous ! rétorque Liam impatient de quitter la blancheur infinie de ce lieu.
  • Oui, mais nous avions rendez-vous à 9 heures et je ne l'ai pas vu.
  • Super ! soupire Liam. Elle nous a oubliées.
  • Non, elle a dû être retenue. Est-ce que quelqu'un d'autre peut venir vous cherchez ?
  • Elle n'a pas été retenue, enfin si, c'est sûrement un de ses pinceaux qui a fait le coup, ils ont dû se révolter et la séquestrer, balance mon frère soudain très sarcastique.
Le médecin me regarde, un peu étonné de l'humour peu conventionnel de mon jumeau, je lui dis :
  • Je vais demander à mes parents, il y en a sûrement un des deux qui fera le déplacement.
  • D'accord, allons dans mon bureau, vous les appellerez de là-bas.
On le suit jusqu'au rez-de-chaussée. Il me tend son téléphone et pendant que j'appelle mes parents, il discute avec mon frère. Il lui explique sûrement ce qu'il devra faire pour que tout se passe bien le plus longtemps possible. Je raccroche au bout de 5 minutes, il faut toujours que ma mère pose un milliard de questions, je dis :
  • Ils seront là dans un quart d'heure. Je leur ai dis qu'on les attendrait devant l'entrée.
  • Bien, encore deux secondes avant que je vous laisse partir. Lyra, vos points se résorberont tout seul donc ce n'est pas là peine que vous reveniez, sauf si il y a un problème évidement. Ensuite, si jamais il y a un souci avec Liam, ne cherchez même pas à savoir si c'est passager ou pas, appelez une ambulance et parlez lui pour qu'il reste éveillé.
  • D'accord, s’il y a quoi que ce soit je vous le ramène ici.
  • Voilà, vous pouvez y aller, dit-il enfin. Rendant à l'accueil les papiers que Julia aurait dû signer.
Un grand sourire se dessine sur le visage de mon frère. Si seulement il n'était pas qu'éphémère.
  • Veillez sur lui, me demande le médecin discrètement en regardant mon jumeau s'éloigner.
  • Je le quitterais pas une seconde.
« Du moins je l'espère » pense-je en rejoignant mon frère. On s'assoit sur un banc devant l'entrée de l'hôpital, Liam pose sa tête sur mon épaule et me dit en soupirant :
  • J'en n'ai absolument pas envie mais il va falloir qu'on passe à la galerie voir maman, j'ai pas les clés de la maison.
  • Petit ange, je...
  • Arrêtes, me dis pas que tu es désolé, tu n'as pas à t'excuser pour elle. Maman est... enfin je comprends pas, dit-il en se mettant debout face à moi. Elle nous balance des « je vais changer, je vous le promets » et deux jours plus tard elle nous zappe complètement.
  • Liam s'il te plaît calme toi, je sais que tu es en colère mais tu sais que te mettre dans cet état n'est pas bon pour toi, viens là, ajoute-je en prenant sa main.
Il se rassoit à coté de moi et repose sa tête sur mon épaule, gardant sa main dans la mienne. Il dit :
  • Je sais pas ce que je ferais si t'étais pas là. C'est tellement étrange...
  • De quoi ?
  • Depuis mercredi dernier je me sens si bien quand tu es là, tellement apaisé par ta présence, ça peut paraître ironique mais je me sens enfin vivant, enfin moi, je n'ai plus à chercher la raison de cette absence, il n'y en a plus, tu es là.
  • Je suis là. Je serais toujours là.
Le silence s'installe quelques minutes puis je vois la voiture de ma mère arriver.
  • Allez en route.
Nous montons en voiture, Liam indique le chemin de la galerie et nous quittons enfin l'hôpital.